fin de carrière paysan

« Fin de carrière » : contre le maraîchage industriel, pour l’agriculture paysanne

Le 11 juin 2023 avait lieu la journée de mobilisation « Fin de carrière 44 ». Toute la journée, de multiples actions, manifestations et performances créatives ont eu lieu pour dénoncer l’exploitation capitaliste du sable, pour la défense d’un système qui permettent de subvenir aux besoins des humains sans altérer les chances de survie des générations futures. L’insoumission.fr relaie le communiqué des « paysans et paysannes citoyen-nes, co-organisateurs de la mobilisation ». Celui-ci explique le choix des actions menées contre la Fédération des Maraîchers Nantais.

Communiqué des paysans et paysannes citoyen-nes, co-organisateurs de la mobilisation « Fin de carrière 44 »

Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi : suite aux interrogations sur les réseaux sociaux concernant les actions menées ce jour, les paysan-nes impliquées dans l’organisation de la mobilisation ont souhaité s’exprimer afin d’expliquer leur implication et le sens des gestes portés collectivement aujourd’hui.

Nous sommes des éleveurs-euses et maraîchers-ères de Loire-Atlantique. Nous avons participé depuis plus de deux ans à toutes les mobilisations contre l’extension des carrières de Saint-Colomban. Nous sommes venus – une fois encore – en force avec nos tracteurs pour cette journée de mobilisation organisée par La tête dans le sable et Les soulèvements de la Terre.

Pour nous la présence paysanne dans toutes ces actions démontre que les luttes écologistes n’ont rien à voir avec une opposition binaire et caricaturale entre agriculteurs et écolos

En réalité, comme le soulignait déjà Bernard Lambert en son temps, une fracture traverse le monde agricole de l’intérieur : entre des grosses sociétés agro-industrielles et toutes celles et ceux qui pratiquent une agriculture paysanne, entre les grosses coopératives capitalistes et nos fermes, entre l’agro-écologie à dimension humaine et à vocation locale et l’agrobusiness exportateur.

Ce dimanche, appuyé par des milliers de citoyen.e.s, nous avons décidé de poursuivre notre action contre l’extractivisme et le bétonnage, contre le maraîchage industriel et pour la défense du bocage et de l’agriculture paysanne.

Depuis des années, nos fermes sont impactées par un terrible phénomène. Au sud de La Loire, une poignée d’agri-managers spécialisés dans le maraîchage industriel est en train d’accaparer la terre et l’eau, de détruire le bocage et ses haies, d’empêcher les nouvelles installations en faisant exploser le prix du foncier, d’artificialiser les sols à grand renfort de bâches plastiques et de serres chauffées. Le sud-loire est en passe de devenir une petite Andalousie. Les exploitants adhérent.es de la Fédération des Maraîchers Nantais font main basse sur les terres et en chassent le maraichage diversifié et la polyculture élevage.

Par exemple, 30 % du sable de la carrière GSM de St Colomban est destiné aux maraîchers industriels. En tant que maraîchers diversifiés, nous sommes bien placés pour le savoir et le vivons au quotidien : nul besoin de sable et de pesticides pour nourrir localement les consommateurs avec de bons légumes ! Nous fournissons les AMAPS et les magasins de producteurs depuis des années, sans avoir besoin de prétendues « expérimentations » industrielles.

C’est depuis nos collectifs citoyens écologistes et paysans que furent pensées les actions de la journée. Si nous avons choisi de réensemencer symboliquement avec du sarrasin bio le muguet industriel et les serres de la Fédération des Maraîchers Nantais, c’est parce que nous pensons que l’ensemble des terres accaparées par ce lobby devrait être restitué à la polyculture élevage et au maraîchage diversifié.

En Loire-Atlantique, les surfaces accaparées par le maraîchage industriel ont augmenté de 29 % entre 2010 et 2021

La consommation d’eau de ce secteur, dont le pic se situe en pleine sécheresse estivale, est en particulier très largement supérieure à celle des 40 000 habitants d’une des communautés de communes concernées.

Principalement pour du muguet qui ne se mange pas et de la mâche exportée. Ce dimanche, parmi les centaines de personnes du convoi, nous étions une cinquantaine de paysans impliqués dans ces actions de réensemencement et nous l’assumons pleinement. A travers sa communication de M. Régis Chevallier, « pleure » mais les paysans citoyens déplorent tous les jours la disparition des fermes d’élevage et de son bocage au profit du maraîchage industriel.

Les paysans et paysannes co-organisateurs de la mobilisation « Fin de carrières 44 », le 11 juin 2023.