Total. Ce vendredi 26 mai 2023, plusieurs centaines de militants écologistes décident de mener une action coup de poing organisée en secret : bloquer l’Assemblée générale des actionnaires du géant TotalÉnergies à côté de la salle Pleyel à Paris. L’Insoumission.fr est sur place pour couvrir l’évènement. Devant nos yeux, l’illustration parfaite de cette journée : une actionnaire de Total enjambe le barrage de manifestants pour se rendre à l’Assemblée générale de la multinationale pétrolière, pour aller chercher ses dividendes. L’image est forte. Partagée plus d’un million de fois sur les réseaux sociaux, la vidéo attire l’œil… du compte officiel de TotalÉnergies sur Twitter.
L’occasion est trop belle pour interpeller la multinationale et lui rappeler ses faits d’armes : depuis 1971 Total est au courant du réchauffement climatique et a saboté toute action politique en faveur du climat, pas d’impôts payés en France entre 2019 et 2021, 36 milliards de bénéfices en 2022 et seulement 200 millions d’impôts sur les sociétés, un taux ridicule, et enfin, en 2022 toujours, pour chaque euro consacré aux « énergies à faible émission de carbone », un investissement 8 fois supérieur dans le pétrole et le gaz, et pour enrichir des actionnaires (+44%) qui se sont gavés d’argent public. Un scandale total. Et sur Twitter, Total est pris en flagrant délit de mensonge dans ses réponses. Total : super-pollueur, super-menteur. Notre article.
Tout un symbole : une actionnaire de TotalÉnergies enjambe un barrage de manifestants
Voilà l’image du jour. Une actionnaire Total arrive. Elle enjambe (et piétine) le barrage des manifestants. Les responsables de la catastrophe climatique et sociale ont un visage. Celui de cette actionnaire Total qui enjambe les manifestants, qui enjambe l’intérêt général, qui enjambe le monde en train de brûler, pour aller chercher ses dividendes. L’image capturée par Arnaud César Vilette est forte. Partagée plus d’un million de fois sur les réseaux sociaux, la vidéo de l’insoumission.fr attire l’œil… du compte officiel de TotalÉnergies sur Twitter.
Sans crier gare donc, TotalÉnergies réagit au tweet de l’insoumission.fr : « Bonjour, votre tweet contribue à faire circuler la vidéo d’une passante qui n’est peut-être même pas actionnaire et qui, en tout état de cause, ne souhaite peut-être pas être le « visage » que vous évoquez ». Sur place, notre reporter nous confirme que c’est bien une actionnaire de la multinationale.
Total VS l’insoumission.fr : Total pris en flagrant délit de mensonges sur Twitter
Total répond à l’insoumision.fr ? L’occasion est trop belle. Sur Twitter, Pierre Joigneaux, le rédacteur en chef, interpelle directement la multinationale pétrolière. « Vous êtes bien des criminels climatiques : vous savez depuis 1971 [l’impact de vos activités sur le climat], mais vous avez semé le doute à coups de milliards ». Il dénonce une entreprise gavée d’argent public, distribuant de l’argent à foison à ses actionnaires (+44% de dividendes), ne payant pas d’impôts en France, et dont la production de pétrole et de gaz a augmenté de 8%.
« Nombreuses erreurs et inexactitudes », déplore TotalÉnergies sur Twitter. Faisons le point. Les dirigeants ne savaient pas pour l’impact néfaste des activités de Total sur la planète ? Ils n’ont pas semé le doute à coup de milliards non plus ? Un flagrant délit de mensonge. « Des archives inédites démontrent que Total a été alerté dès 1971 de l’impact climaticide de son activité. Elles dévoilent comment le groupe a saboté toute action politique en faveur du climat », relate en effet Mediapart en octobre 2021. Au même moment, Le Monde écrit : « une étude révèle que les deux compagnies pétrolières [Total et Elf], bien que conscientes des risques dès 1971, ont mis en doute les données scientifiques qui menaçaient leurs activités. »
Pour aller plus loin : Scandale : Total et Renault ne payent pas un seul centime d’impôt en France
Total paie des impôts en France ? Non, selon l’économiste Maxime Combes, collaborateur de l’Observatoire des multinationales. « Nous sommes en mesure d’affirmer que Total n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France, ni sur son exercice 2019, ni sur son exercice 2020 », explique-t-il à FranceInfo.
En 2021, Total ne paie pas ses impôts en France non plus. Des informations révélées par l’hebdomadaire l’Obs, dans son dossier « Impôts : les privilèges du CAC 40 ». « Commençons par celles qui assument ne rien payer. Elles sont deux. Renault et Total. Pourtant, le pétrolier réalise un bénéfice mondial de près de 16 milliards d’euros », écrivent les journalistes Mathieu Aron et Caroline Michel-Aguirre. Où est parti l’argent ? Pas d’impôts en France, et « en même temps », des actionnaires augmentés de 44% selon Maxime Combes. Cherchez l’erreur.
Total et l’argent public ? Voilà une relation discrète, teintée d’hypocrisie. Au début de la pandémie de Covid-19, Total publie un communiqué. La multinationale « ne sollicitera[it] pas le soutien de l’État pour faire face aux difficultés économiques créées par le Covid-19 ». Sauf que les aides publiques peuvent aussi être indirectes. Fin mars 2020, la Banque Centrale Européenne « a annoncé une forte extension de son programme de soutien à la trésorerie des entreprises via l’achat de leur dette sur les marchés ». Spoiler : Total en faisait partie. (Basta)
La hausse de 8% de la production de gaz et de pétrole est normale, selon TotalÉnergies. L’objectif ? « Servir la demande actuelle tout en investissant 5 milliards dans les énergies bas carbone ». Une information contredite par Oil Chance International, reprise par Mickaël Correia via Mediapart. Pour résumer : « en 2022, l’entreprise a investi huit fois plus dans le pétrole et le gaz, ainsi que pour enrichir ses actionnaires via des dividendes ou des rachats d’actions ». Total, super-pollueur, toujours super-menteur.