m

Inflation alimentaire : Bruno Le Maire préfère attaquer l’UFC-Que choisir que les industriels

Bruno Le Maire ne fait rien contre l’inflation. Blocage des prix alimentaires, SMIC à 1600 euros, garantie d’autonomie pour les jeunes : la minorité présidentielle a tout refusé, main dans la main avec le Rassemblement National (RN). Le 15 mai 2023 sur RMC, le ministre de l’Économie a attaqué l’UFC-Que choisir, une association de consommateurs qui a sorti une étude pour démonter les mensonges du gouvernement sur la prétendue baisse des prix alimentaires. « En même temps », il quémande gentiment les industriels de l’agroalimentaire pour qu’ils baissent les prix. Le ministre de l’Économie est un clown. Notre article.

« L’étude de l’UFC-Que-Choisir [sur l’inflation] est malhonnête », Bruno Le Maire

« L’étude de l’UFC-Que-Choisir est malhonnête », « l’UFC-Que-choisir compare après le 23 mars, soit après le début de l’opération. Vous trouvez ça honnête ? », « je trouve que c’est une méthodologie qui est malhonnête et qui trompe le consommateur » : ne vous trompez pas, Bruno Le Maire n’attaque ni les lobbys ni les industriels de l’agro-alimentaire avec cet air révolté. Comme Darmanin avec la Ligue des Droits de l’Homme, ce sont les associations qui ont l’outrecuidance de contester le gouvernement qui ont tort. Va-t-il désormais demander sa dissolution ?

L’UFC-Que-Choisir, une des plus grosses associations de consommateurs, a en effet sorti une étude pour vérifier les propos d’Olivia Grégoire, ministre délégué au Commerce. Celle-ci avait déclaré que le « trimestre anti-inflation » aurait fait « baisser les prix de 13% environ » sur plus de « 2000 produits ». L’opération était déjà une vaste blague pour désigner un trimestre où les loyers, les charges, les prix, continuent et continueront d’exploser et de tenir à la gorge les Français. Mais on découvre dans cette étude que les prix n’auraient pas baissé sur le panier « anti-inflation du gouvernement », mais augmenté dans 3 enseignes sur 5, et qu’en plus, ils ne seraient pas 2000… mais 500, quatre fois moins ! L’arnaque totale.

Fort avec les faibles, faible avec les forts

Il faut dire que plutôt que d’attaquer les industriels, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, les cajole. Depuis des mois, il joue un rôle qui serait drôle s’il ne recouvrait une réalité tragique : c’est le cirque du « Bruno demande ». À chaque interview, « Bruno demande » aux industriels de baisser les prix, « Bruno demande » aux multinationales d’augmenter les salaires, « Bruno demande » à l’agro-alimentaire de réduire leurs marges. Et ce matin, dans la même interview, Bruno « laisse jusqu’à fin mai aux distributeurs pour bloquer les prix » : mais à quoi sert-il ?

Car jamais le ministre de l’Économie ou le gouvernement n’exigent ou ne contraignent ! Quand il s’agissait de supprimer l’Impôt Sur la Fortune (ISF), d’instaurer la flat tax, ou plus récemment de supprimer la Contribution sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) se retrouvant directement dans les marges des entreprises, ils n’hésitaient pas à contraindre et en passer par la loi. Et les Français sont obligés tous les jours de choisir par millions entre manger et se chauffer, entre payer leur loyer ou le chauffage !

Pour aller plus loin : Crise alimentaire : les chiffres chocs de l’explosion de la pauvreté en France

Mensonge sur mensonge

« Je vous confirme que les distributeurs ont pris sur leurs marges très largement pour financer ce trimestre anti-inflation. Quand c’est pas bien je le dis, mais quand les acteurs économiques jouent le jeu […] je ne trouve pas honnête de prendre une mauvaise méthodologie » : voilà ce qu’ose dire Bruno Le Maire ensuite. Sauf que ce qu’il dit est faux. L’Institut La Boétie le révélait dans son point de conjecture sur le premier trimestre 2023 sorti le 11 avril 2023 : les industriels de l’agro-alimentaire se gavent sur le dos de l’inflation.

Pour aller plus loin : Crise alimentaire : 42% des Français au SMIC ont dû supprimer un repas, les super-profits première cause de l’inflation

51% de la hausse des prix est dû à la hausse des profits de ces entreprises, qui ont vu leurs marges doubler en un an ! Olivia Grégoire a même été obligée de le reconnaître à l’Assemblée nationale devant l’interpellation du député de la Guadeloupe Christian Baptiste.

La forfaiture démocratique et sociale de ce gouvernement est totale. Bruno Le Maire ne trouve rien de mieux à faire que de menacer les associations de consommateurs quand les prix alimentaires augmentent. Jean-Luc Mélenchon lui, proposait dès septembre 2021 le blocage des prix alimentaires sur 5 fruits et légumes et d’autres produits alimentaires fondé sur les besoins.

Le gouvernement préfère quémander à la grande distribution pour qu’elle choisisse librement les produits qu’ils veulent baisser et comment arnaquer les Français. La France compte 8 millions de personnes obligées de se nourrir avec l’aide alimentaire, de nombreux étudiants continuent à faire la queue pour trouver à manger gratuitement, il y a 10 millions de pauvres et 330 000 sans-abris. Bruno Le Maire est un clown et un incapable. Qu’est-ce qu’on attend pour bloquer les prix et taxer les super-profits ?

Par François Jarlier