Menacée d’interdiction aux États-Unis par la Cour suprême, la pilule abortive se fait rare en France. Dans notre pays, ce ne sont pas une poignée de catholiques intégristes soutenus par un ex-président poursuivi par la justice qui entravent le droit à l’IVG, mais la foi dans la capacité du libre-marché à répondre aux besoins des humains. Notre article.
La pénurie de pilule abortive porte atteinte au droit d’accéder à l’IVG
Depuis plusieurs semaines, l’observatoire de la transparence dans les politiques du médicament alerte sur les risques de pénurie de misoprostol, la molécule qui provoque l’expulsion de l’embryon. Le Ministre de la Santé, François Braun, a promis un plan. Puis finalement, rien n’a été fait. Cette semaine, dans plusieurs pharmacies de la métropole lilloise, en région parisienne et en Occitanie, la pilule abortive est introuvable.
Pour France Culture, Andréa, sage-femme raconte. Le stress pour les patientes, le temps perdu pour elle, à téléphoner à plusieurs pharmacies pour trouver 4 boîtes de comprimés, tout juste suffisant pour réaliser deux IVG. Et la même galère qui recommence encore et encore. Dans un métier déjà difficile et sous rémunéré.
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La loi dispose que les femmes ayant recours à l’IVG ont le choix entre la méthode instrumentale et médicamenteuse. 76% préfèrent utiliser les médicaments. Avec cette pénurie, « l’accès à l’avortement risque d’être fortement limité, portant une grave atteinte aux droits sexuels et reproductifs des femmes », a déclaré le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE).
Cette pénurie est le résultat de choix politiques : le laisser-faire, la foi aveugle dans le marché libre
Cette pénurie est le résultat de choix politiques. Aucune réglementation ne permet d’assurer une production qui corresponde aux besoins de la population. Cette foi dans le libre-marché, c’est la boussole du néolibéralisme, cette idéologie pourrissante, qu’Emmanuel Macron est l’un des derniers à défendre bec et ongles. Le laboratoire Nordic Pharma détient le monopole total de la production et de la commercialisation du misoprostol. En l’absence de cadre législatif contraignant, cette entreprise a pu éclater sa production sur plusieurs pays, ce qui la rend vulnérable à des tensions à n’importe quel maillon de la chaîne.
Et c’est ce qui s’est passé. Fin 2022, des retards d’approvisionnement en matières premières retardent la production. Dans le même temps, aux Etats-Unis, les trumpistes fanatiques menacent le droit à l’IVG. Certains Etats font donc des stocks de pilules abortives au cas où la production ou la commercialisation deviendrait encore plus difficile.
Après les difficultés d’approvisionnement d’amoxicilline à l’hiver 2022, c’est la deuxième fois que des médicaments fondamentaux pour répondre aux besoins des gens viennent à manquer. Dans la 7ème puissance mondiale. La France, pays de Pasteur.
Sortir de la politique de l’offre pour gouverner par les besoins
Pourtant, les solutions existent. Le Planning familial demande à supprimer le monopole et garantir l’existence de plusieurs fabricants. Le Haut Conseil à l’égalité suggère de relocaliser la production de ces comprimés en France. Mais tout cela nécessiterait de sortir de l’aveuglement du néolibéralisme. Et pour cela, il ne faut pas compter sur Emmanuel Macron et son gouvernement.
Par Ulysse
Crédit photo : Image gratuite « Pilule Médicament pharmaceutique », Pxhere