Retraite. Le « buzz », le sujet qui monte ce mercredi 18 janvier 2022 ? Les déclarations de Sébastien Menesplier, secrétaire général de la La Fédération CGT des mines et de l’énergie, qui menace de couper l’électricité des élus qui soutiendraient la réforme des retraites. L’oligarchie médiatique feint l’attaque cardiaque sur ses plateaux. Les chiens de garde assènent leur sempiternel : « vous condamnez ? ». Apolline de Malherbe va nous servir ici d’idéal type.
Ce matin, elle recevait François Ruffin sur BFMTV pour parler de la bataille des retraites. Durée : 20 minutes. Elle insistera pendant 3 minutes, soit sur plus de 10% de la durée de l’interview, pour essayer de faire condamner les coupures. Mais Madame de Malherbe : quelle est la plus grande violence ? Celle de couper un instant l’électricité à des élus ou celle de repousser de 2 ans l’âge de départ à la retraite contre l’avis de 93% des actifs, pour pouvoir continuer les cadeaux aux assistés d’en haut ?
« Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure “Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix !”, je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous ! ». Que les chiens de garde méditent ces paroles de l’Abbé Pierre. La majorité du peuple ne se laissera pas berner par la tentative de buzz de l’oligarchie médiatique, l’immense majorité du peuple est contre votre réforme. Texte signé Juliette Prados.
Retraites : par quoi est choquée l’oligarchie médiatique ?
Chère Apolline de Malherbe,
Ce matin, vous receviez François Ruffin sur BFMTV, pour parler de la mobilisation contre la réforme des retraites.
Évidemment, vous l’avez interrogé sur les déclarations de Sébastien Menesplier, secrétaire général de la Fédération CGT des mines et de l’énergie, qui menace de couper l’électricité des élus qui soutiendraient la réforme des retraites.
Interrogé, c’est un doux euphémisme. Vous l’avez carrément passé à la question. Elle était bien longue cette séquence. 3mn. Soit plus de 10% de la durée totale de l’interview. 3mn, en régie publicitaire, ça coûte combien au juste ? Tout ça pour demander 10 fois la même chose : « qu’en pense François Ruffin ? », avec un petit air choqué. Pauvre Apolline terrifiée par ces méchants syndicalistes qui veulent couper le courant. On en oublierait presque qu’il n’y a pas si longtemps vous receviez avec complaisance des ministres venant expliquer qu’on avait tout intérêt à nous retenir nous-mêmes d’utiliser l’électricité pendant les périodes de tension sinon, couïc, plus de jus dans nos chaumières.
Il trompe qui, ce petit air faussement naïf de la journaliste ébahie par tant de « violence » ? Doit-on vraiment croire que cette menace vous empêche de dormir la nuit, par empathie envers les élus susceptibles d’être concernés ? Avez-vous jamais été empêchée de dormir par ceux qui, chaque jour, doivent composer avec le minimum parce qu’ils n’ont tout simplement pas les moyens de la payer, cette électricité devenue si chère ?
Au fond, vous devriez bien le comprendre, Sébastien Menesplier. Parce que ce matin, vous avez fait comme lui. Personne n’est dupe. Ce que vous cherchiez à obtenir, c’est la petite phrase. La réponse qui permettrait d’asséner un implacable « Retraites, François Ruffin condamne les coupures de courant. » Ou alors « François Ruffin soutient les coupures !». De quoi faire une petite vidéo qui recueillerait des millions de tweets, voire d’obtenir le saint graal : la dépêche AFP qui serait reprise partout sur le web. Ah la la cette Apolline, il s’en passe, il s’en dit, des choses, dans son émission.
Apolline, ce matin vous ne cherchiez pas à connaître le point de vue de François Ruffin. Vous cherchiez le buzz. Et le buzz, en quelque sorte, c’est aussi ce qu’obtiennent les syndicats. En annonçant ce type d’action, voire en les menant, ils provoquent, ils font parler, ils interpellent.
La différence entre eux et vous, chère Apolline, c’est que dans votre cas il s’agit d’assurer votre audience, votre carrière, votre salaire confortable. Salaire qui vous permet sans doute de garantir une retraite sans douleur à coup d’épargne ou de complémentaires.
Alors que les syndicalistes, eux, veulent simplement qu’on les entende. Qu’on comprenne que cette réforme va encore aggraver une situation déjà difficilement tenable. Une retraite toujours plus tardive. Et qui ne sera jamais dorée.
Alors, chère Apolline, arrêtez de nous prendre pour des quiches. Les trois minutes que vous avez passées à essayer de soutirer à Ruffin d’autres phrases que celles qu’il avait à vous dire, utilisez les la prochaine fois pour vous intéresser un peu plus à ces gens dont on parle.
Des gens qui, parce que chaque matin ils vont travailler, nous permettent d’allumer la télé pour vous voir sur BFM. Parfois je me dis que s’ils le coupaient, ce courant, on pourrait de désintoxiquer de ces séquences inutiles. A la place, on pourrait se parler. A la place, on pourrait s’écouter. Je n’aurais pas la présomption d’aller jusqu’à dire… se comprendre.
Par Juliette Prados.