Retraite

Retraite à 64 ans : en 3 minutes on vous explique pourquoi les femmes seraient les grandes perdantes

Le 8 mars 2023, en plein mouvement de bocage du pays contre la retraite à 64 ans, la journée internationale de lutte pour les droits des femmes prend en France une dimension supplémentaire. Avec des retraites en moyenne inférieures de 40% à celles des hommes, les femmes étaient en droit d’attendre qu’une réforme présentée comme « juste » s’attaque à cette inégalité. C’est pourtant tout le contraire. Le report de deux ans de l’âge légal condamnerait un nombre toujours plus important de femmes à des retraites de misère et donc à la dépendance financière vis-à-vis de leurs proches. On vous explique pourquoi en 3 minutes. Notre article. 

Accroissement des inégalités de genre à la retraite : stop ou encore ? 

Aujourd’hui, la retraite amplifie les inégalités femmes-hommes. Les salaires des femmes sont en moyenne inférieurs de 22% à ceux des hommes. Les retraites de 40%. Une sacrée chute. La cause : la décote, ce mécanisme qui diminue les pensions des carrières incomplètes. Or, vous vous en doutez, ce sont les femmes qui ont le plus d’interruptions de carrière puisque d’une manière générale, ce sont elles qui constituent le gros des troupes du précariat (le salariat précaire) : 82% des temps partiels, 61% des emplois peu qualifiés, 60 % des personnes en CDD, 70 % des vacataires. Ce sont toujours les femmes qui interrompent le plus leurs parcours pour s’occuper des enfants, encore plus en cas de séparation. 

Conséquence : le taux de pauvreté des femmes retraitées est ainsi sensiblement plus élevé que celui des hommes (10,4 % contre 8,5 %), et cet écart a tendance à se creuser depuis 2012, comme le relève le rapport 2022 du Conseil d’orientation des retraites (COR)

Elisabeth Borne choisit son camp et met un bon coup d’accélérateur à l’inégalité de genre 

Côté progrès, les femmes devront pour le moment se contenter d’effets d’annonces : « ouvrir un chantier sur la modernisation des droits familiaux et l’unification du système de réversion ». C’est bien flou, et quand c’est flou… En revanche, pour ce qui est du bâton, c’est très clair et c’est pour tout de suite. 

Les femmes sont aujourd’hui 19% à partir à la retraite à 67 ans contre 10% pour les hommes. En cause : des carrières incomplètes qui les empêchent d’avoir tous leurs trimestres pour partir à la retraite. L’accélération de la réforme Touraine portant la durée à 43 années de cotisations d’ici 2030 va aggraver encore cette inégalité. 

Le report de l’âge légal pèsera également plus fortement sur les femmes. Conséquence de leur situation professionnelle plus précaire, 37 % des femmes de la génération née en 1950 et 28 % des hommes n’étaient plus en emploi l’année précédant leur retraite. Toutes ces personnes devront survivre deux ans de plus entre chômage, arrêt maladie et RSA avant de pouvoir toucher leur retraite. 

Une autre réforme des retraites est possible : la retraite à 60 ans et 40 annuités, au dessus du SMIC pour une carrière complète et supérieur au seuil de pauvreté. Cette réforme serait une vraie réforme féministe.

Une réforme des retraites féministe est possible : 60 ans, 40 annuités, au dessus du SMIC

Cette proposition, défendue par Jean-Luc Mélenchon à toutes les élections présidentielles depuis 2012 et par la NUPES aux élections législatives de 2022 permettrait une vraie amélioration pour les petites retraites et donc, en premier lieu, pour les femmes. C’est possible financièrement à condition d’augmenter de 0,25 point par an durant le quinquennat le taux de cotisation vieillesse et soumettre à cotisation les revenus d’intéressement, de participation, d’épargne salariale, ainsi que les revenus financiers des entreprises. Et c’est aussi la volonté de 68% des Françaises et des Français. 

Faire peser le financement des retraites sur les salariés précaires et donc, en premier lieu, sur les femmes, est donc bien un choix politique injuste et antidémocratique d’Emmanuel Macron et mis en œuvre par Élisabeth Borne. 

En ce 8 mars 2023, tous les collectifs féministes et forces syndicales appellent toutes celles et ceux qui luttent pour l’émancipation des femmes à marquer un grand coup. Depuis 2000, le 8 mars est la journée de grève mondiale des femmes. La retraite à 64 ans est une retraite anti-femme. La mobilisation contre ce saccage de notre système de protection sociale est donc une lutte féministe, qui s’ajoute et complète tous les autres axes de ce combat pour l’égalité humaine. Le mot d’ordre des collectifs féministes et syndicaux est donc de faire de ce 8 mars le point d’appui pour une reconduction générale de la grève contre la retraite à 64 ans.

Lors de la lutte victorieuse de l’hiver 2019-2020 contre la précédente attaque macroniste pour le système de retraite, l’engagement des femmes avait été crucial pour faire plier Emmanuel Macron. Ce 8 mars 2023 pourrait faire passer le mouvement social de la démonstration de force au rapport de force. Ce rapport de force, cette contrainte sur la production capitaliste, ce blocage des profits des actionnaires est nécessaire et probablement suffisant pour obliger le président des riches à retirer un projet dont personne ne veut.

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Par Ulysse