Noël Le Graët

Noël Le Graët tombera-t-il pour racisme, homophobie ou harcèlement sexuel ?

Les femmes témoignant des agressions répétées de Noël Le Graët, actuel président de la plus grosse fédération sportive du pays, la Fédération Française de Football (FFF), seront-elles bientôt débarrassées de leur bourreau ? La pression s’accentue pour dégager cet homme qui, en plus, encouragerait la corruption, le mépris de classe, le racisme et l’homophobie ? Le sport le plus populaire du monde mérite mieux que cet infâme personnage. Notre article. 

Le Top 10 des plus immondes citations de Noël Le Graët fait froid dans le dos

À la suite du tacle à la gorge sur l’idôle du peuple français, Zinedine Zidaine, le magazine So Foot publie un florilège de citations de Noël Le Graët. C’est alors évident. Il ne s’agit pas d’une sortie de route. Depuis qu’il est en poste, le Président de la FFF est hors-piste. Mépris de classe, racisme, homophobie, sexisme ordinaire, tel est le bain saumâtre dans lequel pataugerait le patron breton. 

Déni d’homophobie

En 2019, dans un sport où les comings-out sont encore extrêmement rares et scrutés, au moment même où une polémique émerge lorsque des arbitres et la Ligue de Football Professionnel décident d’interrompre des rencontres à cause de chants ou de banderoles homophobes, le Président de la FFF déclare : « Je suis navré de choquer les beaux esprits, mais des banderoles comme « LFP, enc… » ne sont pas homophobes. C’est peut-être déplacé, ordurier, mais ce n’est pas homophobe et arrêter un match pour ces propos n’a aucun sens. »

Il y a peu de chance pour que ses yeux prennent encore le temps de lire et de s’instruire. Mais si vous, lecteur, souhaitez des arguments, voici un court et efficace article de Street Press

Puis le patron du foot conclut. « Considérer que le football est homophobe, c’est un peu fort de café. » Dans la tête embrumée de clichés de NLG, c’est un hasard total si un seul et unique joueurs de football a fait son coming-out. Et qu’il ait attendu d’avoir terminé sa carrière depuis plus de 20 ans. 

Déni du racisme 

En septembre 2020, il déclare sur BFM : « Le phénomène raciste dans le sport et dans le foot en particulier, n’existe pas, ou peu ». Le flot d’injures contre Kylian Mbappé après son penalty manqué contre la Suisse à l’Euro 2021 ne lui feront pas ouvrir les yeux. 

Sexisme ordinaire

Mépris de classe

Dernier méfait, visiblement ravi d’aller se vautrer dans des draps de soie dans les hôtels bâtis sur les cadavres d’ouvriers au Qatar, celui-ci minimise les conditions de vie indignes du personnel chargé de s’occuper de la sécurité et du bien-être de la délégation française. Un journaliste lui montre des murs décrépis, des toilettes délabrés, il répond, installé bien confortablement dans son fauteuil en cuir: « c’est pas insoluble, ça. C’est un coup de peinture. »

Juridiquement, il semble bien conseillé, car dans ce domaine, NLG n’a jamais été condamné. Il a largement franchi le seuil de la moralité surtout si l’on pense à la puissance d’éducation et de changement de comportement d’un sport comme le football. Son terrible déni des discriminations a très probablement ralenti la progression de la prise de conscience de ces problèmes profonds sur tous les terrains de foot du pays. Pourtant, il n’a jamais personnellement utilisé ces propos discriminants envers une ou plusieurs personnes. Le seuil de la légalité ne semble pas franchi. 

Cependant, il reste un axe sur lequel Noël Le Graët pourrait avoir franchi, largement et à plusieurs reprises, le seuil de la légalité

D’après plusieurs témoignages, Noël Le Gräet serait un prédateur sexuel. Il userait de sa position dominante pour harceler ses subalternes (donc en tant que Président potentiellement toutes les employées de la fédé) sans qu’elles ne puissent se défendre.

L’enquête du magazine So Foot révèle des SMS, des écrits sans ambiguïté. Il ne fait pas bon travailler à la FFF, en tout cas trop près du bureau du patron, lorsqu’on est une femme. Voici quelques preuves de ce comportement de harceleur, des SMS envoyés à des employées : « Venez dîner chez moi ce soir » , « Je préfère les blondes, donc si ça vous dit… » ou encore « Vous êtes drôlement bien roulée, je vous mettrais bien dans mon lit. ». 

En octobre, Radio France mène l’enquête. Voici ce que l’on peut y lire. 

« Avec moi, Noël Le Graët était vraiment lourdingue », se remémore-t-elle. « Il me disait qu’il voulait me ramener chez lui. Il ne m’envoyait pas de sms. À cette époque, ce n’était pas un pro du téléphone. Mais c’étaient des invitations à répétition pour venir dîner avec lui. » Sonia raconte que, lorsqu’elle voulait faire le point sur ses dossiers avec le président de la FFF, « ce n’était jamais possible en journée ». « Il me disait ‘les déjeuners, je ne peux pas, je n’ai que mes dîners de libres’.” Elle affirme qu’un jour Noël Le Graët lui a dit : « S’il se passe quelque chose entre nous, ne vous inquiétez pas, personne ne le saura ».

Enfin, hier, à visage découvert, Sonia Souid livre un témoignage puissant : 

De la ministre des sports au député insoumis François Piquemal, les appels à la démission de ce sombre personnage se multiplient ces derniers jours

Que ce soit grâce au carton rouge à 78 millions de vues décerné par Kylian Mbappé après l’agression verbale contre Zidane ou parce qu’il sera condamné à finir sa vie derrière les barreaux, après avoir gâché celle de courageuses employées qui se sont battues pied à pied pour s’imposer dans le milieu si masculin du football, il est temps que Noël Le Graët dégage. 

Il est temps que ceux qui l’ont mis au pouvoir prennent conscience de la salissure pour ce qui devrait rester un jeu de passion que l’élection d’un individu de la même trempe amènerait.