Réforme de l’assurance chômage : Macron braque 4 milliards d’euros patiemment financés par 4 générations de travailleurs

Emmanuel Macron intensifie son offensive contre les travailleuses et les travailleurs. La nouvelle réforme de l’assurance-chômage a été présentée ce lundi 21 novembre par le gouvernement. Les patrons applaudissent, les syndicats crient au scandale. Après avoir durci les conditions d’accès et diminué dramatiquement les allocations, Macron s’attaque à la durée d’indemnisation et braque 4 milliards d’euros de la caisse d’assurance patiemment financés par quatre générations de travailleurs.

L’insoumission.fr lance une nouvelle série intitulée « désintox économique ». L’objectif : apporter des outils à nos lecteurs pour participer à la bataille culturelle contre la propagande économique véhiculée tous les jours par les médias traditionnels. Notre but : vulgariser les débats économiques pour les rendre accessible au plus grand nombre. L’adversaire : les milliardaires qui détruisent la planète et les humains, et qui possèdent les médias dominants. Nos alliés dans la bataille : nos économistes et vous, nos lectrices et lecteurs. Premier épisode de notre série : désintox sur le chômage. Notre article.

Désintox économique : beaucoup plus que 7% de chômage en France, si on compte en équivalent temps plein

Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, caquette de plateau en plateau que le taux de chômage serait de 7%. Il voudrait le faire baisser à 5%, en allant chercher la croissance avec les dents. Or, ce taux n’est rien d’autre qu’un mirage statistique. La réalité du niveau d’emploi en France est bien plus sombre si l’on prend en compte le halo du chômage et le sous-emploi.

En 2017, Alternatives économiques calculait un taux de non-emploi en équivalent temps plein, bien plus révélateur sur la situation de l’emploi dans le pays. Le taux de chômage en équivalent temps plein était de 27,5%. Le ministre de l’Économie de l’époque, Emmanuel Macron, se badigeonnait d’autosatisfaction sur son bilan en annonçant 9,4% de chômage. Il faudrait donc multiplier par 3 les chiffres annoncés par le pouvoir pour voir la réalité du sous-emploi en face : selon l’économiste Gaël Giraud le taux de chômage en équivalent temps plein atteindrait 30%.

Selon les dernières statistiques de l’INSEE, portant sur le troisième semestre 2022, le taux d’emploi en équivalent temps plein est de 63,4%. Toujours selon l’INSEE, le taux de chômage réel en 2022 serait bien plus élevé (cf graphique ci-dessous) que le chiffre de 7% avancé par le gouvernement.

Sous emploi

Les personnes qui ont le plus cotisé, les « séniors », sont celles qui perdent le plus avec la réforme de l’assurance chômage

Les personnes qui ont le plus cotisé, les « séniors », sont celles qui perdent le plus. La durée maximale de leur indemnités passe de 36 à 27 mois. Même les patrons avouent que « C’est raide », au JDD. Quand on connaît la difficulté pour retrouver un emploi après 55 ans, cette réforme va condamner des travailleurs et des travailleuses éreintées par une vie de labeur à la misère en attendant de toucher ce qui leur restera de retraite. 

L’idéologie de la réforme se résume ainsi : « si les gens ne veulent pas travailler, il faut leur faire du mal, ça les motivera ». Le retour du fouet. Une mentalité venue d’un autre âge. Toujours ignoble. Toujours complètement à côté de la plaque de la réalité humaine. Réponse syndicale de Eric Courpotin de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). « Ce n’est pas en réduisant la durée qu’on trouvera de la main-d’œuvre. Il aurait fallu travailler sur les frais liés au travail : déplacement, garde d’enfants, logement… »

Le vrai bilan : 4 milliards. 4 milliards en moins pour le Travail. 4 milliards en plus pour le Capital. Toutes les autres justifications que vous entendrez du gouvernement ne sont que fadaises.

Baisser les indemnités chômages, pas la volonté du gouvernement ? L’effet de sa précédente réforme : une baisse de 43% pour 40% des assurés

Olivier Dussopt aurait-il conscience du niveau extrême de la colère sociale du pays ? C’est ce que pourrait laisser penser sa dernière prise de parole au sujet de la nouvelle réforme de l’assurance-chômage promise par Macron à ses copains du patronat. « Nous n’allons pas moins indemniser, » le gouvernement  « ne diminuera pas le nombre de personnes éligibles à l’ouverture de droits à l’assurance-chômage ».

Le ministre du travail a omis un détail : baisser les indemnités, c’était précisément l’objet de la précédente réforme du chômage par Emmanuel Macron. Entrée en application le 1er octobre 2021 malgré une lutte sociale interprofessionnelle exceptionnelle par la longévité et ses modalités, la première modification sanglante des règles d’indemnisation avait conduit à une baisse de 43% des indemnités chômages pour 40% des assurés.

Diminuer le montant des droits et diminuer le nombre de personnes qui peuvent bénéficier de ce droit, Macron l’avait déjà fait dans son précédent pillage sur la caisse d’assurance-chômage. 

Car il s’agit bien d’un larcin, d’une rapine ! Cet argent n’appartient ni au gouvernement ni aux patrons. Jusqu’en 2019, les caisses primaires d’assurance-chômage étaient abondées par les travailleuses et les travailleurs. Certaines personnes ont cotisé pendant 30 ans ! C’est donc encore leur argent qui se trouve dans le coffre-fort ! Quand Macron réduit leurs droits au chômage, pour baisser les dépenses d’assurance-chômage, sous les applaudissements de Marine Le Pen et son troupeau bêlant de députés plein de haine, quand, en même temps, Macron arrose de subventions les multinationales sans contrepartie sociale, toujours sous le regard cajoleur de l’extrême-droite, il vole les pauvres, pour donner aux riches. 

Nous ne le répéterons jamais assez, ce n’est pas en s’attaquant aux chômeurs que l’on réduit le chômage. C’est en s’attaquant au chômage. Une politique sérieuse, adaptée aux urgences actuelles passe par deux axes : 

  • l’investissement stratégique massif notamment dans la bifurcation écologique 
  • Le partage du temps de travail. 

Pour creuser le sujet, découvrez la garantie d’emploi, mesure aussi concrète et applicable que révolutionnaire. C’est le droit concret au travail pour pour toutes et tous, qui permet en même temps de s’atteler pour de bon aux grandes bifurcations écologiques et sociales dont ce siècle à besoin. 

    Par Ulysse