Macron veut mater la jeunesse. Les plonger dans la misère ne suffit plus. Matraquer leurs manifs non plus. En s’attaquant à l’enseignement professionnel, le président des riches veut détruire leur esprit, leur pensée. Un tiers des jeunes au lycée suit cette voie. Un enseignement de qualité, l’une des clés du génie français reconnu pendant des décennies dans le monde entier. Avant que les néolibéraux ne saccagent tout. La réforme prévoit la suppression de 8 000 à 10 000 postes d’enseignants, la réduction d’un tiers des heures de cours, la rupture de l’égalité des territoires de la République. Tous les syndicats s’y opposent. Un large mouvement social contre le retour au travail des enfants se construit. Notre article.
627 000 lycéennes et lycéens chaque année : un tiers de la jeunesse du pays se construit, forme son esprit et s’émancipe grâce aux lycées professionnels
S’attaquer à la voie professionnelle et passer au tout apprentissage revient à remplacer les cours par des stages et donc les professeurs par des patrons. C’est bien connu, l’entreprise est généralement un petit bout de paradis sur terre, où les relations entre les différents niveaux de hiérarchie sont paisibles et propices à voir éclore les talents techniques et créatifs du prolétariat.
Trêve d’ironie. L’apprentissage ne saurait en aucun cas devenir le seul recours pour des enfants qui, par choix, ou par contrainte, ne poursuivent pas dans la voie générale ou technologique. Car l’apprentissage, c’est le travail. Présenter le retour massif des enfants au travail, il faut quand même une sacrée dose d’aveuglement idéologique et de mauvaise foi pour réussir à présenter cela comme un progrès.
Tous les syndicats, ceux des enseignants du public, comme du privé et ceux des lycéens sont opposés à cette réforme. Ils dénoncent une fausse concertation, alors que les régressions les plus importantes sont présentées comme non-négociables :
- l’augmentation du temps en stage (pour tendre vers la fusion avec l’apprentissage)
- la territorialisation des filières proposées et du nombre d’heures de cours (donc la rupture de l’égalité et la fin du bac pro reconnu nationalement)
Dans la rue et dans l’hémicycle, les élus du bloc populaire soutiennent et relaient la bataille sociale emmenée par les syndicats. Cette bataille est cruciale dans la lutte des classes. En effet, les enfants de la caste ne fréquenteront jamais ces enseignements que les bourgeois regardent de haut. Ils n’ont que mépris pour l’acquisition du savoir technique, de la précision des gestes, la connaissance des processus de production industrielle.
La jeunesse populaire se forme majoritairement au lycée professionnel : elle fait peur à Macron car elle s’indigne et vote Mélenchon
Au total, la réforme prévoit la suppression de 8 000 à 10 000 postes d’enseignants. Résultat : une diminution d’un tiers des heures de français, de mathématiques, d’histoire et de langues. Le gouvernement prévoit donc de retirer à cette jeunesse, majoritairement issue des catégories populaires, un tiers de son enseignement de culture générale, ce fond de références et de connaissances communes qui soude la nation française. Cette réforme est dangereuse pour le vivre-ensemble.
Elle est également dangereuse face à l’urgence climatique. Les lycéennes et lycéens de la voie professionnelle sont précisément celles et ceux qui devront le plus mobiliser leur créativité, leur compréhension profonde des machines et des techniques pour inventer de nouvelles manières de produire, plus respectueuses de l’environnement. Sans ces travailleuses et travailleurs de haut niveau de qualification, la bifurcation écologique sera impossible, en tout cas dans le peu de temps qu’il nous reste.
Tout ça pour du fric, comme toujours
Les ultralibéraux restent fidèles à leur idéologie : économiser sur les services publics pour pouvoir arroser de subventions les multinationales sans aucune garantie sociale ou écologique. Économiser sur les services publics permet aussi de les affaiblir et donc de justifier leur privatisation sous prétexte que la qualité du service décroît. Cette privatisation permet d’étendre l’emprise du marché. Or, le capitalisme a fondamentalement besoin de nouveaux marchés pour contrecarrer les effets de la baisse tendancielle du taux de profit.