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Amazon France : chouchou des libéraux, cauchemar des travailleurs

Amazon. Difficile de ne pas connaître cette multinationale tant elle fait partie de nos vies. En France, la multinationale fait vivre un cauchemar à ceux qui y travaillent. L’envoi récurrent de mauvais bulletins de salaire rend la vie des salariés français impossible. Pour l’année 2021, on y compte 42% d’intérimaires, 1 contrat de travail sur 5 rompu en fin de période d’essai, 900 000 heures supplémentaires, 106 salariés inaptes à poursuivre leur travail… Voilà les chiffres de la casse sociale selon la recette d’Amazon, révélés par L’Humanité.

Mais rassurez-vous, l’entreprise de Jeff Bezos crée des emplois, vous disent les libéraux. Un moindre mal, alors que les gens cherchent du travail, n’est-ce pas ? Sauf qu’Amazon et le e-commerce détruisent des emplois. 7 900 emplois détruits en 2018 en France, 2,2 emplois pour le commerce de proximité sont perdus pour 1 emploi d’Amazon créé. Amazon, chouchou des libéraux, cauchemar des travailleurs. Notre article.

Des fiches de paie aléatoires venues de… Bratislava

Le service de paie d’Amazon a été délocalisé en Slovaquie. Mais ces services multiplient les erreurs. Ils mettent les travailleurs français dans des situations impossibles en se trompant fréquemment dans l’envoi des bulletins de salaire. « C’est un scandale récurrent dénoncé par les syndicats, à propos duquel la direction d’Amazon ferme les yeux », selon L’Humanité.

Certains travailleurs français reçoivent des salaires bien plus élevés que les leurs. Des paies de plusieurs milliers d’euros, allant parfois jusqu’à 9 200 euros (!). Comment la multinationale procède-t-elle après avoir payé quelqu’un plus qu’elle ne le devrait ? C’est simple : « Amazon refuse d’éditer de nouvelles fiches de paie et se contente de ne plus leur envoyer d’argent les mois suivants ». Ces situations confinent à l’absurde. Le trop-perçu a fait perdre à plusieurs salariés leur APL ou leur prime d’activité.

D’autres travailleurs reçoivent par erreur de maigres paies de… 300 ou 400 euros. Des miettes, de la poussière, des montants qui n’ont rien à voir avec leurs salaires habituels. Ces erreurs mènent à des situations d’une violence inouïe. Comment remplir le frigo avec une si petite somme ? Selon les syndicats, « un travailleur Amazon de l’entrepôt de Lauwin-Planque aurait déjà été expulsé de son logement du fait des difficultés financières engendrées par une erreur sur sa fiche de paie ». Qu’est-ce qu’un salarié ? Un chiffre dans une case d’un immense tableau Excel. la multinationale n’en a cure, ferme les yeux sur une situation qui dure depuis des années. Un scandale.

Pour aller plus loin : Quand Amazon envoie ses employés à la mort, par Leïla Chaibi

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Recours aux intérimaires, heures supplémentaires, salariés épuisés… Amazon mène une casse sociale en interne

Les chiffres révélés par L’Humanité sont édifiants. 900 000 heures supplémentaires ont été réalisées par les salariés de la multinationale en 2021. Un salarié traite ainsi 65 000 articles par an. À raison de 253 jours ouvrés par an, cela fait 256 articles par jour. Des tâches répétitives et extrêmement pénibles. Pas étonnant que « 62 % des licenciements [aient] pour origine un abandon de poste ». À ce titre, 106 salariés ont été déclarés inaptes à poursuivre leur travail par la médecine du travail.

Pour aller plus loin : Lettre ouverte au PDG d’Amazon, Jeff Bezos

Amazon semble avoir une passion pour la précarisation du travail. Les intérimaires représentent 42% de la main d’œuvre en 2021. Même quand la multinationale signe des CDI, c’est souvent pour rompre la période d’essai avant qu’elle ne se termine. En 2021, « 962 contrats de travail ont été rompus à l’initiative de l’employeur en fin de période d’essai », soit 1 contrat sur 5. Habile technique qui permet à Amazon de toucher les aides publiques de Pôle Emploi. L’entreprise de Jeff Bezos rembourse-t-elle ces aides publiques après ces ruptures de périodes d’essai ? Pas le moins du monde. Ou comment récupérer des aides publiques en laissant des travailleurs sur le carreau.

Bref, Amazon est un cauchemar pour les travailleurs. Elle se gave, et son patron aussi. La multinationale a réalisé un chiffre d’affaires phénoménal de 121 milliards de dollars au deuxième trimestre 2022 dans le monde entier. De son côté, Jeff Bezos, dirigeant d’Amazon et représentant de la folie des grandeurs des ultra-riches n’est que… la deuxième fortune mondiale. Le pauvre a été dépassé par Elon Musk. Selon le classement Forbes, sa fortune est estimée à 171 milliards de dollars. Il est temps que les plus gros paient.