Quand Amazon envoie ses employés à la mort, par Leïla Chaibi

Vendredi 10 décembre, 6 personnes travaillant dans un entrepôt Amazon dans l’Illinois aux États-Unis sont décédées suite au passage d’une tornade. 45 personnes ont également été sauvées des décombres. Malgré l’alerte lancée par les autorités publiques, la société a exigé que les employés continuent le travail. Sans accès à leurs téléphones portables, ils n’ont pas reçu les alertes catastrophes. Article signé Leïla Chaibi, eurodéputée de La France insoumise (LFI) figure de la lutte contre Amazon.

« Amazon ne nous laissera pas partir » : le dernier message de Larry Virden avant de mourrir

« C’est un autre exemple scandaleux de l’entreprise qui fait passer ses profits avant la santé et la sécurité de ses travailleurs« , a déclaré Stuart Appelbaum du syndicat RWDSU. Il accuse : «Une fois de plus, Amazon fait passer ses résultats financiers avant la vie de ses employés. Exiger que les employés travaillent pendant une alerte à la tornade aussi importante que celle-ci est inexcusable». Le responsable syndical a accusé la firme de vouloir «préserver coûte que coûte ses profits».

Avant de mourir, Larry Virden, employé d’Amazon, a laissé un message glaçant à sa petite amie : « Amazon ne nous laissera pas partir. » Il laisse derrière lui quatre enfants.

Amazon mort

3ème fois en 6 mois que les travailleurs d’Amazon sont envoyés au charbon malgré la menace d’une météo meurtrière

Ce n’est pas la première qu’Amazon se rend coupable de telles dérives. C’est la troisième fois en six mois que les travailleurs d’Amazon aux États-Unis travaillent sous la menace d’une météo meurtrière : durant la canicule record dans le Nord-Ouest Pacifique et pendant les inondations meurtrières d’Ida à New-York. Tout comme ces catastrophes, les tornades de la nuit de vendredi dernier étaient bien prévues avec anticipation.

La période de Noël étant habituellement particulièrement faste pour la société du milliardaire Jeff Bezos, l’entreprise a-t-elle estimé que l’expédition de quelques cadeaux avait plus de valeur que la sécurité des travailleurs ? Ce drame rappelle encore une fois à quel point chez Amazon, la quête de profits prime sur la santé, voire la vie, des intérimaires et des salariés. 

Un drame qui met en lumière l’exploitation d’Amazon

Ce drame met en cause les pratiques d’Amazon tant sur le plan de l’encadrement que sur celui de la protection des travailleurs. Les employés d’Amazon dénoncent notamment l’interdiction qui leur est faite par l’entreprise de porter leur téléphone au travail au nom de la productivité. Cela les empêche d’être informé des alertes ou de contacter des personnes en cas d’urgence. Dans ce cas précis, les services météorologiques ont alerté les habitants par message électronique un peu moins d’une heure avant que la tornade ne déferle sur la ville. 

D’autre part, seulement 7 des 190 personnes travaillant dans l’établissement ce jour-là étaient des employés à temps plein. L’utilisation à outrance de la sous-traitance par Amazon leur permet de s’exonérer de toute responsabilité en cas d’accident et de saper la syndicalisation.

Dave Clark, le nouveau PDG d’Amazon a tout de même envoyé des « pensées et des prières » à ses employés. Quel culot. Ceci à peine quelques heures après les avoir forcés à travailler alors qu’une tornade mortelle se dirigeait vers l’entrepôt. Pourquoi les dirigeants n’ont-ils pas tout simplement assuré la sécurité de leurs travailleurs en les renvoyant chez eux ?

Nous ferons payer Amazon

A force de se croire au-dessus des lois, Amazon en a oublié qu’il ne pouvait pas défier la nature. 

Cette attitude irresponsable dépasse l’entendement. À de nombreuses reprises, ont été dénoncés le nombre indécent d’accidents du travail suscitant l’indifférence totale de la direction, ainsi que  ses pratiques anti-syndicales. Cette catastrophe doit sonner comme un rappel à l’ordre à destination de Jeff Bezos et de ses amis en sécurité dans leurs bunkers d’argent. Il est plus que temps qu’Amazon respecte les lois et les règles imposées par l’Organisation Internationale du Travail.

Par respect pour la mémoire de toutes ces victimes, ne laissons pas passer et faisons payer Amazon. C’est le slogan de « Make Amazon Pay », la campagne internationale de travailleurs et parlementaires dont je fais partie.

Par Leïla Chaibi