Stade de France. Supporters nassés, gazés et matraqués, très mauvaise gestion des flux humains, faux billets, coup d’envoi retardé… La finale de la Ligue des champions opposant Liverpool et le Real de Madrid a tourné au chaos samedi soir aux abords du Stade de France et à Paris. Un fiasco signé Gérald Darmanin, et le préfet de police de Paris, Didier Lallement.
Le monde entier a eu sous les yeux l’échec du schéma de maintien de l’ordre à la française. Depuis quelques années, la stratégie de « maintien de l’ordre » macroniste contribue d’avantage en une exacerbation des tensions qu’à la désescalade, allant à l’encontre de sa mission principale : garantir la tranquillité publique. Un état de fait qu’a dénoncé le leader de la NUPES, Jean-Luc Mélenchon. Notre article.
Finale de la Ligue des champions au Stade de France : une soirée chaotique
Samedi soir, la désorganisation était telle que le début de la finale de Ligue des champions, opposant le Real Madrid et Liverpool, a du être retardé de plus 30 minutes. Les journalistes ont filmé des images de foules chargées par les forces de l’ordre, aspergées de gaz lacrymogènes ou nassées dans des espaces exigus. Ce que l’on sait du récit de cette soirée est accablant.
« Le dispositif de pré-filtrage mis en place par la préfecture de police a rapidement cédé ; des milliers de personnes se sont retrouvées massées contre les grilles du Stade de France, avec ou sans billet pour assister au match » selon Mediapart. Les forces de l’ordre ont été complètement dépassées alors que certaines personnes escaladaient les grilles du Stade de France.
Une heure avant le début de la rencontre, des supporters ne comprenaient toujours pas pourquoi ils étaient coincés à l’entrée du stade. « C’est alors que la police est arrivée et a utilisé des gaz lacrymogènes, parfois même au visage de fans de Liverpool qui étaient bloqués de l’autre côté de la barrière, en ligne, attendant de rentrer. » Des foules pourtant calmes qui mêlaient hommes, femmes et enfants. Steve Douglas, journaliste de l’Associated Press (AP) a reproché notamment « ‘le manque de communication‘ entre organisateurs et forces de l’ordre d’un côté, et supporteurs de l’autre. »
Dans Paris, la place de la Nation a été le théâtre de violences, alors qu’un gérant de bar avait besoin d’aide pour fermer sa terrasse. La scène a été filmée par le journaliste Remy Busine. On « voit des policiers distribuer des coups de matraque au milieu de tables, de chaises et de parasols. Au terme du match, la place de la Nation est devenue un terrain d’affrontements, où volaient projectiles et gaz lacrymogènes. » Une soirée chaotique, aggravée par le très piètre maintien de l’ordre de la police française.
« Les méthodes du ministre Darmanin et du préfet ne sont pas les bonnes »
Invité hier dans l’émission BFM Politique, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé avec vigueur le fiasco du maintien de l’ordre dans les rues de Paris samedi soir. Il a directement mis en cause Gérald Darmanin et le préfet de Paris, Didier Lallement. « Le rôle de la Police est de garantir la tranquillité. […] Là, c’est un échec complet de la stratégie policière » a-t-il affirmé. « Les gens ont été traités comme sont traités les manifestants à Paris : c’est-à-dire on tape dans le tas, on tire des lacrymos, on attaque des gens dans un bar… »
« Autrefois, la doctrine d’emploi de la police française était un modèle mondial ! », rappelle Jean-Luc Mélenchon. « Des polices du monde entier venaient voir comment travaillait la police qui avait réussi à faire mai 68 avec zéro mort. » « Le rôle de la Police, c’est d’empêcher que cela tourne mal. Or, là, c’est le contraire : ils ont aggravé les choses. » a déploré le leader de la NUPES.
Un usage « disproportionné » de la force déjà condamné par l’ONU et le Parlement européen
Ces méthodes violentes utilisées par les forces de l’ordre ne datent pas d’hier. Elles ont déjà sévi lors du mouvement des Gilets Jaunes, sur lequel s’est abattu une répression exceptionnelle. Bilan : 353 blessés à la tête, dont 30 éborgnés. Des restrictions graves aux droits des manifestants, un usage « disproportionné » de la force par la police avaient été dénoncés à la fois par l’ONU et par le Parlement européen.
La France était déjà pointée du doigt par les instances internationales pour sa doctrine de maintien de l’ordre et la gestion de ses manifestations. Les évènements aux abords du Stade de France samedi soir ont été humiliants pour notre pays. Ce week-end entre amis ou en famille pour aller soutenir son équipe favorite, s’est transformé en une soirée infernale.
Fiasco national, honte internationale
D’un fiasco national, nous sommes passés à une honte internationale. Devant environ 400 millions de personnes, la France a été humiliée à cause d’un maintien de l’ordre brutal, dépassé et désorganisé. Les forces de l’ordre ont matraqué, gazé, des supporters qui, le plus souvent, ne demandaient qu’à rentrer au Stade de France pour soutenir leur équipe.
Le tabloïd anglais The Sun a vu rouge en titrant « Stade de farce. » Il a publié le « témoignage de Marvin Matip, le frère du défenseur des Reds Joel Matip, qui a raconté avoir dû se réfugier dans un restaurant avec sa femme enceinte pour échapper aux lacrymogènes dispersés dans leur direction. » On croit rêver en lisant cela. « Une triste saison pour la France », « Un scandale sans nom », « absolument honteux »… La presse européenne ne mâche pas ses mots non plus.
Au lendemain de cette violente soirée aux abords du Stade de France, nombreux sont ceux à demander une enquête : Bastien Lachaud (LFI/NUPES) sur RTL, le président du département de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel (PS/NUPES), le sénateur LR de l’Isère Michel Savin et le gouvernement britannique. Le fiasco de samedi soir pose une autre question : sommes nous vraiment prêts à accueillir les Jeux olympiques de 2024 ou la coupe du monde de rugby de 2023, qui impliquent des gestions de flux humains bien plus importants que ceux observés samedi soir.
Par Nadim Février