Alain Krivine

Mort d’Alain Krivine : le mouvement ouvrier perd l’un des siens

Alain Krivine est mort ce 12 mars à 80 ans. Il est peu dire que la nouvelle a bousculé la gauche radicale. Et d’abord le mouvement trotskyste lui-même, qui perd un de ses plus dignes représentants, et celui qui aura fait une grande partie de son histoire en France sur un demi-siècle. Nous joignant fraternellement à la douleur de ses proches, de sa famille, de ses camarades, nous avons décidé de lui rendre ici hommage.

Rares seraient aujourd’hui ceux qui, engagés dans la révolte sociale de mai 1968, auraient continué le combat. Alain Krivine n’a cessé de prouver le contraire. Car engagé après, il l’était déjà aussi avant. A treize ans, il entre dans les organisations de jeunesse du Parti Communiste Français. A vingt ans, il entre dans l’opposition trotskyste. A vingt-quatre ans, il fonde la Jeunesse Communiste Révolutionnaire proche de la Quatrième Internationale. A vingt-six ans, il met toutes ses forces dans le mois de mai 1968, participant à ce qui restera la plus grande grève du mouvement ouvrier en France. Et, après, il n’arrêtera, il n’oubliera jamais.

Sa plus grande force semble être son engagement au plus près de la flamme du trotskysme, qui s’est toujours fait dans un double refus : celui du capitalisme et de ses oppressions d’un côté, et celui des dégénérescences autoritaires et meurtrières du stalinisme de l’autre. La tentative de trouver cette autre voie vers la révolution, une autre voie vers un monde débarrassé de sa barbarie et de ses chaînes a couru à ses côtés tout au long de sa vie. Il l’a passée à construire son organisation et l’internationalisme qui la fait vivre.

L’après 68 ne l’a donc pas arrêté. L’effondrement du bloc soviétique non plus. En 1969 il se présente à la présidentielle pour la Ligue Communiste, qui deviendra la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR). Il y militera de tout son souffle. En 2009, avec d’autres, il fonde le Nouveau Parti Anticapitaliste, où il sera actif jusqu’à sa mort.

Ceux qui l’y ont connu, comme Olivier Besancenot, ont exprimé leur souvenir ému. Jean-Luc Mélenchon, candidat de l’Union populaire, a adressé sa pensée et son émotion fraternelle à tout le mouvement trotskyste. Nous y faisons écho. Car parmi les points les plus disparates et singuliers du mouvement ouvrier, où se sont menés et se mènent des combats aussi exemplaires que celui d’Alain Krivine, les larmes se rejoignent souvent tandis que s’élève la même volonté de construire un monde meilleur.