Macron

Désintox : le chômage baisse ? La précarité explose

Sortez les confettis ! Le « chômage baisse fortement« , « au plus bas depuis 2008« . Puisqu’on vous le martèle à longueur de journée, c’est sûrement vrai, non ? Comme un seul homme, les médias se sont lancés dans un seul et même refrain, favorable à la macronie et à son bilan. Il est temps de démonter cette propagande. Concernant le chômage, le quinquennat qui se termine a été celui de l’explosion de la précarité, des radiations à outrances et de la destruction du droit du travail. Désintox.

Chômage : changement de catégories et radiations, ou comment faire dire aux chiffres ce que l’on souhaite

Tous les indicateurs sont au vert, la crise est derrière nous ! C’est ce que martèle la médiasphère macroniste. Il est temps de démonter leur propagande en décortiquant les chiffres officiels du chômage. Quelques éléments de définitions aident à comprendre le tour de passe-passe auquel les macronistes s’adonnent. Nous le rappelions dans nos colonnes en novembre, les chômeurs sont classés en 5 catégories : A, B, C, D et E.

La catégorie A regroupe les citoyens sans emploi aucun, tenus d’accomplir « des actes positifs de recherche d’emploi, quel que soit le contrat ». La catégorie B est celle de ceux qui ont travaillé au maximum 78 heures dans le mois, et plus de 78 heures pour la catégorie C. Enfin, la catégorie D correspond aux inscrits non tenus de rechercher un emploi (formation ou en arrêt maladie), de même pour la catégorie E (par exemple, en contrat aidé).

Sur tous les plateaux, au son des tam-tams de la victoire, est martelé ce chiffre : 7,4%. Le chômage aurait baissé de 7,4%. Ce chiffre est trompeur et des vases communicants sont à l’œuvre entre les différentes catégories. La baisse dans la catégorie A se fait grâce des contrats d’intérim ou autres contrats courts, qui font sortir de nombreux travailleurs de la catégorie A. Les macronistes peuvent alors fanfaronner sur les plateaux. De plus, si on regarde l’évolution sur 2 ans, le nombre d’inscrits à Pôle emploi reste le même. En effet, plus de 6 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi.

Comment baisser arithmétiquement le chômage ? En radiant des chômeurs de la plate-forme de Pôle Emploi ! Plus de radiations, moins de chômage ! C’est si simple de résoudre le chômage de masse finalement… Ce phénomène n’est pas anodin et est largement sous-estimé. Là encore, le record est absolu. « Au dernier trimestre de 2021, il y a eu 50 000 radiations de Pôle emploi« . On fait ben dire aux chiffres ce qui nous plaît.

La baisse du chômage au prix d’une explosion de la précarité

Cette baisse du chômage se fait au prix d’une explosion massive de la précarité. Ainsi, les 2/3 des 107 000 emplois nets créés annoncés sont en fait des contrats d’intérim. Des contrats courts qui font disparaître les travailleurs de la catégorie la plus scrutée, la catégorie A. De son côté, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez s’inquiète d’un « développement de la précarité« .

Citant les 650 000 créations d’emplois de 2021, il dénonce le nombre d’emplois « précaires, beaucoup de CDD donc des emplois qui peuvent durer une semaine voire quelques jours ». Il dénonce l’existence de nouveaux contrats comme les « CDI I », c’est-à-dire « des contrats à durée indéterminé intérimaire », comptés pourtant comme des CDI.

Le record de 600 000 auto-entreprise créées est aussi vanté par la macronie. C’est, là encore, un record. Sauf qu’ils oublient de préciser que « les auto-entrepreneurs perçoivent un revenu mensuel de 590 euros en moyenne« . Autre chiffre que le gouvernement préfère occulter : 80% des embauches ont été faites en CDD, et 60% en CDD de moins d’un mois. Tout de suite, les chiffres mirobolants de la baisse du chômage n’ont plus la même saveur. Le tour de passe-passe est facilement déjoué : la baisse du chômage se fait notamment par une explosion de la précarité.

Un quinquennat sanglant pour le droit du travail

Est-ce qu’il faut être étonné de cette précarisation massive, et plus largement de cette baisse du chômage en trompe-l’oeil ? Pas du tout. Tout ceci est la conséquence logique des réformes néolibérales de casse du code du travail menées dès le début du quinquennat Macron. Ainsi, on se souvient que l’ordonnance de casse du droit du travail a été la première mesure du gouvernement Philippe. Si, sur 107 000 emplois nets créés annoncés, 2/3 sont en fait des contrats d’intérim, c’est directement lié à cette casse du droit du travail, privilégiant l’explosion de la précarité et les contrats courts.

La dernière réforme violente de la macronie est celle de l’assurance-chômage. Nous étions revenus dans nos colonnes sur l’annonce d' »une saignée féroce en pleine crise économique » par Emmanuel Macron. C’est en effet au moment où la crise sociale fracassait le plus le pays, que Jupiter a jugé bon de s’attaquer aux chômeurs. Ainsi, depuis le 1er décembre 2021, il faut avoir travaillé au moins six mois au cours des deux dernières années pour être indemnisé, contre quatre mois auparavant. Avec cette réforme, c’est plus d’un million de personnes, soit 40% des indemnisés pourraient ont perdu jusqu’à 43% de leur chômage. Un scandale.

Garantie d’emploi et partage du temps de travail : les propositions de l’ Union Populaire

Face à au chômage de masse, face à l’explosion de la précarité et de la pauvreté, que faire ? Cela fait 30 ans que les libéraux nous assènent les mêmes poncifs. Au bout de 30 ans, rien ne marche, et tout va mal. Il est maintenant temps d’essayer une autre méthode, et d’enfin mener un programme en rupture avec l’ordre libéral qui nous a menés dans le mur. Face à cette situation d’urgence, l’Union Populaire a de nombreuses propositions. Les insoumis ont récemment sorti un de leurs plans programmatiques : « Atteindre le plein-emploi ».

La garantie d’emploi est une des principales mesures portée par l’Union Populaire. Ainsi, tout chômeur de longue durée pourra se voir proposer d’être embauché au moins au SMIC – revalorisé – dans un secteur d’urgence. Le chômage est un fléau pour la société toute entière : la garantie d’emploi propose à tous de prendre la part du travail qui est nécessaire.

Pour réduire le chômage, les insoumis veulent réduire le temps de travail. Pour eux, cette réduction est nécessaire dans la semaine, dans la journée et dans la vie. Elle est consubstantielle à la classe salariée. N’en déplaise aux libéraux et à ceux qui veulent nous faire travailler toujours plus, « il n’y a jamais eu autant d’emplois créés qu’avec les 35 heures« . Aussi, le candidat de l’Union Populaire propose l’application des 35 heures réelles, détournées depuis trop longtemps, ainsi que des discussions pour le passage de la semaine à 32 heures.

Enfin, les insoumis prônent un emploi stable pour chacun. Ils veulent dès lors instaurer un quota maximal de contrats précaires dans les entreprises, suivant leur taille. Ils feront surtout en sorte que les emplois ne manquent pas, dans un pays où il y a un 13 chômeurs pour une offre d’emploi vacante. La planification de la bifurcation écologique et les grands chantiers qui l’accompagneront seront créateurs d’emplois pérennes. Dans moins de 50 jours, le cycle du chômage de masse peut enfin se terminer si les insoumis arrivent au pouvoir.

Par Nadim Février