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Nationalisation des autoroutes : la proposition de loi LFI plébiscitée… mais rejetée par la macronie

Bénédicte Taurine porte la proposition de loi insoumise pour nationaliser les sociétés concessionnaires d’autoroutes. Elle a commencé par rappeler les constats sur les privatisations complètes des sociétés d’autoroutes en 2006 pour un prix sous-évalué de plusieurs milliards d’euros et des contrats donnant lieu à des prix qui augmentent plus vite que l’inflation. Parmi d’autres avantages, ces concessions sont de véritables poules aux œufs d’or pour les grands groupes et leurs actionnaires, qui ont fait une très belle affaire. C’est pourquoi sa proposition de loi prévoit bouleverser les équilibres financiers en nationalisant d’ici un an les sociétés concessionnaires d’autoroutes.

Le ministre Jean-Baptiste Djebarri a accordé qu’il convient de mieux négocier les contrats et donc en creux la défaillance de la privatisation de 2006 et l’allongement des concessions induit par le protocole Royal-Macron de 2015. Mais il s’en tient à la réflexion… Il pointe son désaccord avec la solution proposée par la France insoumise tout en indiquant que ses services n’étudient pas cette option. Il appelait pourtant en préambule à un « débat exigeant ».

François Ruffin a rappelé le nom des organisateurs du pillage des autoroutes, notamment Thierry Breton, Elisabeth Borne, Alexis Kohler et Emmanuel Macron. Quand d’autres résistaient, comme Gilles de Robien, ministre des Transports de l’époque, avant 2006 et le Pillage avec une vente pour 10 milliards en dessous des évaluations de l’époque. En 2015, le protocole d’accord Macron-Royal prévoit d’allonger les concessions sur le dos des usagers à long terme. Alain Vidalies refuse de signer, Emmanuel Macron lui si. Et aujourd’hui, aujourd’hui, le gouvernement refuse d’agir, ne serait-ce qu’en s’opposant à l’augmentation des péages en février prochain.

Mathilde Panot a rappelé le palmarès des actifs publics bradés par Emmanuel Macron. Française des jeux, aéroports de Lyon et Toulouse ou encore l’allongement des concessions autoroutières en 2015. Elle a attribué la médaille d’or du gaspillage des deniers publics au président sortant car privatiser des monopoles conduit nécessairement à des rentes privées qui remplissent les poches des actionnaires. Nationaliser les actifs stratégiques est un impératif vital.

Les groupes parlementaires de gauche soutiennent la proposition insoumise

André Chassaigne, président communiste du groupe GDR, a appuyé la proposition de nationalisation d’autoroutes, rappelant le scandale d’État qu’a représenté la privatisation des autoroutes et leur opposition constante depuis. Il appelle à voter ce texte en urgence. « Une proposition de loi salutaire ».

Christine Pirès-Beaune, pour le groupe socialiste, détaille « l’indécent festin des concessionnaires » et les intérêts des usagers ne sont pas suffisamment pris en compte. Dans l’intérêt général, il faut reprendre le contrôle et la nationalisation est une option valable. C’est pourquoi ils voteront pour ce texte.

La majorité parlementaire et la droite de l’hémicycle font bloc contre l’avis de la majorité populaire

Marie Lebec, pour le groupe LREM, a retrouvé ses habitudes de lobbyiste pour défendre le maintien des autoroutes dans le giron privé. Lise Manier, pour le groupe Agir, s’est opposé à l’option de la nationalisation mais n’a fait que des propositions floues sur la renégociation des contrats.

Mohamed Laqhila, pour le MODEM, a rappelé que François Bayrou avait déclaré à l’époque que la privatisation des autoroutes était une faute, et, en même temps indiqué que son groupe ne voterait pas ce texte. Thierry Benoit, pour le groupe UDI, a rappelé à la fois l’opposition de certains centristes à l’époque des privatisations et leur opposition aujourd’hui à un rachat des concessions : il est opposé au texte porté par Bénédicte Taurine tout en évoquant la possible utilité d’un retour des autoroutes dans le giron public.

Michel Castellani, pour le groupe Libertés et Territoires, a partagé les constats affligés à l’origine de la proposition de nationaliser les autoroutes. S’il émet des doutes sur le coût de l’opération, il estime nécessaire que l’Etat ne reste pas les bras croisés sur ce sujet.

C’est via le vote d’amendements de suppression des articles de la proposition de loi que la majorité parlementaire a enterré l’occasion de revenir sur la privatisation des autoroutes, juteuse pour actionnaires, coûteuse pour les usagers. C’est un vote contre la majoritaire populaire : 77% des Français sont favorable à la renationalisation des autoroutes. Il faudra attendre avril 2022 et le souhaitable départ de Macron pour voir l’intérêt général restauré.

En attendant, les Français verront les tarifs des péages augmenter en février prochain, le ministre Djebbari n’ayant pas répondu aux sollicitations sur tous les tons du député Ruffin.