Jadot : le libéralisme verdâtre

Le résultat est tombé mardi 28 septembre en fin d’après-midi : Yannick Jadot remporte la primaire d’EELV d’une (très) courte tête (51,03%) contre Sandrine Rousseau (48,97%). Manifestement très divisés sur la ligne stratégique, les partisans d’EELV ont donc choisi un candidat qui se fondra parfaitement dans le système néolibéral. Notre article.

Jadot, l’écolo capitaliste

Un candidat d’EELV en rupture avec le capitalisme ? 14 ans après avoir choisi José Bové qui démontait des MacDonald’s pour protester contre le « capitalisme apatride », les partisans d’EELV ont désigné un candidat bien plus… flou sur sa ligne économique.

M. Jadot semble adapter ses déclarations au public qui l’écoute. Ainsi, au journal écologiste Reporterre il déclare en mai 2019 « Oui, je suis anticapitaliste » (non sans que les journalistes lui aient répété plusieurs fois la question, NDLR).

Un an plus tard il encense le modèle économique européen aux universités du MEDEF : « le modèle économique, social européen, ce n’est pas le modèle chinois, le modèle américain. »
Et de réitérer cette position en septembre 2020 sur France Info : «  il n’est pas écrit dans les statuts qu’EELV vise à renverser le capitalisme ».

Fin du monde, fin du mois, manifestement pas le même combat pour M. Jadot. Celui-ci prône une écologie qui n’a rien de populaire. Il propose notamment de créer un revenu minimum à… 600 euros en fusionnant les minimas sociaux, pouvant aller jusqu’à 860 euros en fusionnant le RSA et la prime d’activité. Bien en dessous du seuil de pauvreté aujourd’hui fixé à 1 041 euros.

Sur l’âge de départ à la retraite comme sur le reste, le candidat d’EELV est flou. Alors que 7 Français sur 10 sont pour la retraite à 60 ans comme le propose Mélenchon, Yannick Jadot a déclaré : « Il ne doit pas y avoir d’âge unique de départ. »

Des déclarations passées qui interrogent

Par le passé, Jadot a fait plusieurs déclarations qui interrogent quant à son positionnement sur l’échiquier politique. En 2020 à l’occasion des municipales, le leader d’EELV s’était montré favorable à des alliances « pragmatiques » avec des élus de droite.

En 2018, il s’était déclaré favorable à la hausse des taxes sur le prix des carburants, une hausse qui donnera ensuite le mouvement des Gilets Jaunes. Concernant les manifestations du samedi des Gilets Jaunes, il a déclaré : « il faut que ça s’arrête ».

Dans la liste des positions de M. Jadot qui mettent mal à l’aise les partisans d’EELV, on retrouve évidemment sa participation à la manifestation de policiers le 19 mai dernier devant l’Assemblée nationale, aux côtés d’Eric Zemmour, Jean Messiha et des cadors du Rassemblement National. Une manifestation au cours de laquelle on a notamment pu entendre des syndicats de policiers déclarer : « Le problème de la police, c’est la justice ».

Ses votes troubles au Parlement européen

Eurodéputé depuis 2009, Yannick Jadot a eu l’occasion de voter sur de nombreux sujets. Pendant la pandémie de Covid-19, il vote contre un amendement demandant à ce que les travailleurs détachés bénéficient de la même protection sociale que les autres travailleurs pendant la pandémie. Il vote aussi contre l’annulation d’une partie de la dette Covid des États afin de relancer l’économie et contre un amendement demandant à considérer « comme inacceptables les cas de réduction des salaires, des revenus et des droits des travailleurs […], comme inacceptables les licenciements, le non-renouvellement des contrats[…] la planification forcée des vacances ainsi que les mises à pied économiques ».

Yannick Jadot a voté pour le renforcement de la gouvernance économique et budgétaire austéritaire de l’Union européenne sur les 27 États membres avec le Six-pack en 2011. Ces 6 mesures comprenaient notamment un renforcement des sanctions en cas de déficit excessif, une surveillance accrue des budgets des États membres et un mécanisme de sanction en cas de non respect de l’objectif budgétaire imposé par l’Union européenne. Et rebelote en 2013 où il vote pour le Two-pack, un couple de mesures visant à renforcer les mesures précédentes et à sanctifier la règle d’or de l’Union européenne : pas plus de 3% de déficit, empêchant ainsi les États de investir massivement dans le développement des services publics ou de la bifurcation écologique.

Yannick Jadot ? Emmanuel Macron avec un bracelet brésilien ou François Hollande avec un bracelet vert. Un libéral verdâtre.

Par Flore Cathala.

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