Allocations chômage : la Ministre du Travail pense que la crise est finie

Depuis le 30 juin, le gouvernement a mis fin à une mesure exceptionnelle de prolongement des allocations chômage qui devait protéger les demandeurs d’emploi des conséquences de la crise sanitaire. Dans le monde imaginaire de la Ministre du travail, Elizabeth Borne, la crise est derrière nous et les chômeurs n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du travail !

Force est de constater que le « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron ne concernait pas les travailleurs privés d’emploi. Alors que les grandes entreprises continuent d’être arrosées de milliards d’euros sans contreparties sociales ou environnementale, les chômeurs n’ont pas bénéficié longtemps de la mansuétude du gouvernement.

Le prolongement des droits a été appliqué une première fois de mars à mai 2020 pendant le premier confinement. A l’époque, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une mesure bien trop courte pour être réellement protectrice. Au mois de juin 2020, 380 000 demandeurs d’emploi ont perdu leur allocation du jour au lendemain sans bien sur que cela se traduise par une reprise d’activité.

Le gouvernement est en train de refaire la même erreur en 2021. Qui pense sincèrement que le marché du travail va se rétablir cet été et que les chômeurs n’ont plus besoin d’un prolongement exceptionnel de leurs droits ? Ils seront malheureusement nombreux à grossir les rangs des allocataires du RSA (+10% l’année dernière) et des ménages sous le seuil de pauvreté (+1 million depuis le début de la crise sanitaire).

En réalité, le gouvernement est parfaitement cohérent. Il est convaincu que les chômeurs sont responsables de leur situation et cela est un prétexte pour durcir les critères d’indemnisation. L’arrêt prématurés des mesures exceptionnelles liées à la crise ne fait que préparer l’étape suivante : une réforme de l’assurance chômage profondément antisociale. Le Conseil d’Etat a infligé un camouflet au gouvernement en décalant l’application de cette réforme à la rentrée. L’occasion de préparer une mobilisation politique et syndicale d’ampleur !