L’Insoumission inaugure sa nouvelle rubrique « Un autre monde ». Son but est porter attention aux propositions formulées par la France insoumise pour rompre avec la société capitaliste et se diriger vers une autre société.
Le mardi 28 janvier, les insoumis ont franchi une étape centrale dans la vie de leur mouvement et leur préparation des futures échéances électorales. Le programme actualisé « L’Avenir en Commun », édition 2025, a été présenté publiquement en conférence de presse au siège de la France insoumise. « L’affirmation d’un sérieux » a introduit Jean-Luc Mélenchon, rappelant le caractère unique du programme insoumis, « sans équivalent » dans le pays et validé par plus de 7 millions d’électeurs aux élections présidentielles. Un socle et une matrice puissants, capables d’unir des personnes de toutes convictions anticapitalistes.
Forte de l’expertise acquise par les élus et militants insoumis au cours des dernières années, la nouvelle mouture de « L’Avenir en Commun » contient aujourd’hui 831 mesures. Concentration des médias dans les mains d’une poignée de milliardaire, sous-financement et ingérence politique dans l’audiovisuel public, nombreux sont les obstacles à une information libre et pluraliste telle que nécessaire pour que vive une démocratie. Pour y faire face, la France insoumise propose par son programme une révolution citoyenne dans les médias.
L’Insoumission vous propose ainsi de revenir en détail sur quelques-unes des mesures clés de la France insoumise et de « L’Avenir en Commun » pour y parvenir. Notre article.
Protéger les médias des pouvoirs politiques et financiers, assurer leur indépendance et leur pluralisme
Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Rodolphe Saadé, Patrick Drahi, Xavier Niel… Aujourd’hui, 9 milliardaires détiennent près de 90 % des médias en France. Résultat de cette hyper-concentration, la quasi-totalité des médias à la disposition des citoyens sont tenus par des intérêts politiques et financiers qui influent sur le cadrage et la délivrance de l’information. L’exemple le plus criant de cette anomalie démocratique est probablement celui de Vincent Bolloré et de son empire médiatique tout entier dirigé pour propulser l’extrême droite au pouvoir. Mais il n’est pas le seul.
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Les lois actuelles n’empêchent aucune situation de monopole régional ou de concentrations multimédias. Pire, une même personne peut posséder à la fois les infrastructures (les réseaux, les box) et la production des contenus (chaînes, programmes, droits sportifs), c’est-à-dire les « tuyaux » et les contenus.
Face à cette situation, l’une des propositions phares portées par la France insoumise et « L’Avenir en Commun » est l’adoption d’une grande loi anti-concentration dans les médias. Cette loi contiendrait notamment l’élargissement des règles anti-concentration actuelles sans tenir compte des supports médiatiques détenus (quotidiens, hebdomadaire, industrie de l’édition…), ainsi que l’établissement de règles anti-concentration horizontale relatives à la possession conjointe d’entreprise de presse, de télévision, de radio, ainsi qu’entre filières de médias et d’autres industries culturelles comme l’édition.
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À titre d’exemple, Vincent Bolloré est propriétaire de plusieurs médias radio, télé et de presse écrite, ainsi que de la maison d’édition Fayard par l’intermédiaire de laquelle il avait notamment conçu une vaste campagne publicitaire sur les quais des gares SNCF pour faire la promotion du livre de Jordan Bardella. La lutte contre la concentration des médias passera aussi par l’interdiction pour un même groupe de posséder à la fois les infrastructures (les réseaux, les box) et la production des contenus (chaînes, programmes, droits sportifs), ce qui crée de fait des situations de monopole.
Par-delà la lutte contre leur concentration dans les mains de quelques-uns, la France insoumise propose également de renforcer la protection des médias de l’ingérence d’intérêts politiques et financiers en dotant les rédactions d’un statut juridique à part entière, en introduisant une charte déontologique dans la convention collective. Réserver les aides publiques à la presse aux seuls médias d’information constituera un autre levier de la lutte contre cette ingérence.
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Pour renforcer le pluralisme des médias, il y a par ailleurs urgence à les sortir du modèle libéral qui leur impose la productivité et la rentabilité comme critères de réussite, qui suspend leur survie à l’actionnariat et à la publicité, et donc aux intérêts de ceux qui les financent.
Pour ce faire, la mutualisation des outils de production et de distribution doit être encouragée. La constitution de modèles coopératifs d’impression et de diffusion de la presse, de conception et de maintenance de l’offre numérique sera supportée de l’aide de la puissance publique. L’attribution de fréquences à des médias locaux et associatifs constituera un autre vecteur de la pluralisation et de la démocratisation des médias.
En matière de démocratisation justement, colonne vertébrale de toutes les propositions de la France insoumise au sujet des médias, « L’Avenir en Commun » défend la transformation du Conseil de déontologie des médias créé en 2019 (CDJM), structurellement inefficace, en un véritable organisme citoyen chargé de contrôler la déontologie des médias.
Renforcer et démocratiser le service public de l’audiovisuel
« Honte de la République ». Voilà comment Emmanuel Macron qualifiait en 2017 l’audiovisuel public. De baisses de budget en fermeture de chaîne, il n’a par la suite cessé de lui réaffirmer son mépris.
Pour le budget 2025, le Gouvernement a déposé un amendement actant la suppression de 100 millions d’euros pour l’audiovisuel public, des coupes d’autant plus graves que la situation financière de l’audiovisuel public est déjà extrêmement dégradée, poussant France Télévision à adopter en 2025 un budget s’établissant en déficit pour la première fois depuis neuf ans, l’obligeant à tailler dans « le niveau de ses effectifs et la maîtrise de sa masse salariale, les dépenses de programmes et les projets d’investissements ».
S’en prenant à la capacité même de l’audiovisuel public à remplir sa mission de service public de délivrance d’une information indépendante, fiable et pluraliste, Macron prépare en creux sa privatisation, ardemment appelée de ses vœux par le Rassemblement National. Comme avec tous les services publics, Emmanuel Macron fragilise l’audiovisuel public, dégrade mécaniquement la qualité de son service, puis l’instrumentalise pour justifier une nécessité de privatisation.
Sommet de ce projet, Emmanuel Macron a supprimé en 2022 la redevance télé, jusqu’alors ressource vitale de l’audiovisuel public. Pour y faire face et pour garantir le financement de l’audiovisuel public, la France insoumise défend l’instauration d’une contribution audiovisuelle dédiée, universelle et progressive. Seule cette solution permettra de sauver l’audiovisuel public, tout en étant une solution plus juste socialement pour les nombreux foyers fiscaux qui en seront redevables.
Renforcé dans ses moyens, l’audiovisuel public doit aussi, à l’image des médias privés, être démocratisé. La France insoumise propose ainsi de donner aux usagers de l’audiovisuel public des droits sur sa gouvernance. Mesure éminemment nécessaire pour que l’audiovisuel public cesse de ne parfois être autre chose que la caisse de résonance du pouvoir, les présidents de France Télévisions et de Radio France doivent être élus par le Parlement.
Pour rappel, après son élection en 2017, Emmanuel Macron avait fait désigner à la tête de Radio France une ancienne camarade de promo à l’ENA. La même année, il avait nommé à la tête de La Chaîne Parlementaire – Assemblée nationale un réalisateur de documentaire l’ayant suivi pendant la campagne présidentielle de 2017.
Protéger la profession de journaliste et le droit à informer
La présidence d’Emmanuel Macron s’est traduite par une série de mesures liberticides pour les journalistes et la liberté de la presse. Menacés par le pouvoir politique, agressés par les forces de l’ordre en manifestation, poussés à la rentabilité dans les rédactions, les journalistes doivent pouvoir être protégés et bénéficier des conditions légales et matérielles nécessaires à la production d’une information fiable et indépendante.
Pour ce faire, la France insoumise entend lutter contre les « procédures baillons » et empêcher les procédures relatives à la liberté de la presse d’être jugées devant les tribunaux de commerce. Les journalistes couvrant les manifestations ou tout autre mouvement social doivent être protégés contre les violences, qu’elles viennent notamment des forces de l’ordre ou de l’extrême droite.
Pour assurer la possibilité matérielle des journalistes d’exercer leur droit à informer sans être soumis aux exigences de rentabilité de milliardaires et de publicitaires intéressés, le développement de coopératives de journalistes et de travailleurs des médias doit être favorisé.
Pour une révolution citoyenne dans les médias : pluralisme, indépendance, démocratie
L’information doit être libre et pluraliste, c’est une exigence démocratique que la France insoumise garantira. L’argent et les monopoles ne peuvent dominer le monde de l’information. La Révolution citoyenne concerne aussi notre droit à être informés honnêtement : l’alignement politique et la soumission financière des médias nuisent au pluralisme et à la liberté d’expression.
L’indépendance, le pluralisme et la participation citoyenne doivent guider l’action politique sur le secteur des médias. Telles sont les ambitions de la France insoumise et de son programme, « L’Avenir en Commun ». Instauration de la neutralité des plateformes pour empêcher les espaces numériques qui servent à transmettre des informations d’être des instruments d’influence au service des convictions personnelles de leurs dirigeants, émancipation de l’État des GAFAM, encadrement des sondages, encouragement à la constitution de coopératives de lecteurs/spectateurs/auditeurs, telles sont d’autres propositions portées la France insoumise et accessibles ici.
L’Avenir en commun, « un programme de rupture avec un ordre écologique et social et un plan d’action gouvernemental », constitue pour LFI un véritable gage de crédibilité. Loin d’un catalogue de mesurettes, il présente une vision du monde cohérente, pour passer d’une société de malheurs à une société de l’entraide. Cette société ne pourra se passer de médias et d’une information libres, fiables, pluralistes, démocratiques.
Par Eliot