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Delga et l’A69 : l’écologie et le NFP aux oubliettes

Carole Delga, défenseuse inconditionnelle de l’A69. La nouvelle est tombée ce lundi 16 septembre : la dernière famille vivant sur le tracé de l’A69, au niveau de la commune de Verfeil en Haute-Garonne, a désormais quitté son habitation. Après deux tentatives d’incendie à son domicile par des hommes cagoulés et de multiples pressions, la famille qui vivait ici depuis plus de 10 ans a décidé d’accepter l’offre de relogement qui lui était proposée.

Les représentants du concessionnaire NGE-Atosca sont arrivés encadrés par une cinquantaine de policiers, face à des dizaines de militants écologistes venus défendre ce dernier îlot de verdure dans ce qui sera bientôt un océan de béton. Parmi les réactions politiques, celle de Carole Delga n’est pas passé inaperçue : « Dans 14 mois, l’A69 sera ouverte », s’est-elle félicitée, enterrant de fait la proposition de moratoire au cœur du programme du NFP, cette coalition à qui elle doit son élection… Notre brève.

L’A69, un projet à rebours de la crise climatique et environnemental

Le collectif La Voie est Libre est à l’origine de la mobilisation écologiste d’opposition à ce mégaprojet. Pas besoin de creuser, en effet, pour comprendre que l’A69 est complètement à rebours de la crise climatique et environnementale. Reliant les villes de Castres et Toulouse, cette autoroute artificialisera 420 hectares de terres dont 316 hectares de surfaces agricoles d’après la préfecture du Tarn : l’équivalent 570 terrains de foot. Ce sont également 13 hectares de zones boisées qui seront rasés.

Destruction de la biodiversité et d’écosystèmes clefs pour la séquestration du carbone, bétonisation massive de terres, l’A69 réalise un bingo anti-écolo dans un contexte de répression de plus en plus violente des opposants : expulsion de la ZAD par 200 policiers fin août avec des procédés mettant en danger les activistes situés dans les arbres, 130 personnes poursuivies, manifestation interdite, activistes mis en garde à vue puis relâchés sans aucune poursuite, mais aussi tentative de meurtre. Tout est fait pour imposer un climat de terreur à celles et ceux qui se lèvent contre l’absurdité d’une telle autoroute.

Pour aller plus loin : Tentative d’incendie, déploiement militaire : contre les opposants à l’A69, un nouveau palier de violence est franchi

Non seulement anti-écolo, mais aussi antisociale, l’A69 se révèle être taillée sur mesure pour les plus riches. Les citoyens en paieront effectivement deux fois le prix : tout d’abord lorsqu’ils emprunteront l’autoroute puisque l’aller-retour coûtera environ 14 euros pour un gain de temps de seulement 15 à 25 minutes – ce qui en ferait une des portions de route les plus chères de France mais aussi au moment de sa construction, puisque le concessionnaire va percevoir environ 23 millions d’euros de subventions publiques.

Au premier rang des partisans de ce projet anti-écologique : Carole Delga, présidente de la région Occitanie

Malgré une opposition toujours plus forte au projet, des manifestations rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes, la déclaration du Conseil National de protection de la nature (CNPN) précisant que le projet ne présente pas « d’intérêt public majeur » en 2022, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, s’érige en défenseur implacable de l’A69. Elle déclarait la même année « Si l’A69 ne se fait pas, rien ne se fera ».

À la manière d’une Margaret Thatcher des projets inutiles, Carole Delga tente de faire croire qu’il n’existe pas d’alternative à son autoroute dont personne ne veut. Pourtant, la RN126, route déjà existante et réalisant exactement le même trajet, est loin d’être saturée. Des propositions de réaménagement ont par ailleurs été mises sur la table par des associations à plusieurs reprises.

Pour aller plus loin : A69 – 10 000 personnes pour le ramdam sur le macadam : récit d’une mobilisation réussie

Face à la montée de la violence et dans un contexte de crise écologique grandissante, la proposition d’un moratoire sur les grands projets inutiles inscrite dans le programme du Nouveau Front Populaire (NFP) et défendue par les insoumis est une solution d’autant plus nécessaire qu’urgente. Mais non contente de soutenir un projet décrié sur tous les plans, Carole Delga s’illustre aussi par ses nombreuses sorties critiquant le NFP, faisant ainsi le jeu de l’extrême droite et des macronistes.

C’est pourtant avec un programme prônant la planification écologique que le NFP a remporté les élections législatives de juillet dernier, mais la présidente de la région Occitanie préfère faire la tournée des médias en appelant à une “une gauche sincère”. Ou plutôt sincèrement anti-écologique ?

Par Mathieu Rateau

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« L’A69, le projet d’un bout de macadam qui va droit dans le mur » /// Ls Crayons de L’insoumission, par Xab / La Plume Rieuse