Malgré une répression policière toujours plus importante, les opposants au projet d’autoroute A69 continuent de résister sur la ZAD dite de la Cal’arbre à Saïx (Tarn). Mais la répression du pouvoir s’intensifie et met en danger la vie de ces activistes pacifiques.
Les partisans de l’autoroute ont ainsi tenté, à deux reprises et en pleine nuit, de mettre feu à la maison d’Alexandra, locataire depuis 10 ans d’une maison située à Verfeil, dernière ligne du tracé de l’autoroute A69 où elle vit avec son fils. Dans la nuit du 26 août, de l’alcool à brûler et d’autres produits inflammables ont été jetés sur la clôture depuis le bord de la route.
Un moratoire sur les travaux constitue la seule solution, comme proposé par les insoumis, pour permettre à la justice de se prononcer sans subir les pressions des lobbys autoroutiers et de leurs soutiens politiques. Du côté de LFI, le soutien aux opposants à ce projet écocidaire ne date pas d’hier. Notre article.
L’A69, un désastre écologique pour seulement 15 minutes de trajet
15 à 25 minutes. C’est la réduction du temps de trajet entre Castres et Toulouse promise par l’A69. Un gain bien dérisoire au vu des 300 hectares sur lesquels s’étendra le projet. Tout cela au prix d’un lucratif péage – près de 14€ l’aller/retour – alors que la RN 126, située à quelques centaines de mètres seulement, propose déjà une alternative.
Ce projet né au siècle précédent a néanmoins recueilli le soutien de Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie, ainsi que de l’Élysée. Financé par l’État et les collectivités territoriales à hauteur de 23 millions d’euros, l’autoroute sera ensuite gérée par la société privée ATOSCA, plusieurs fois mise en demeure par les services de l’État pour non-respect du Code de l’environnement.
Face à cette aberration écologique, des collectifs tels que « Les Soulèvements de la terre » ou « La Voie est libre » défendent le vivant. Ils se battent chaque jour face aux autorités afin de prôner un mode de vie plus respectueux de l’environnement tout en dénonçant le caractère anachronique du projet. Ainsi résument-ils : « c’est 10 à 25 minutes offertes au capitalisme qui accélère nos vies et nous veut toujours plus rapides, productifs, efficaces, connectés, mais qui détruit nos liens, entre humains, avec nos lieux de vie et toutes les espèces compagnes qui les peuplent ».
L’offensive contre la nature et ses défenseurs s’intensifie
Ce projet inutile bénéfice pourtant à certains, qui ont bien compris qu’ils pouvaient en tirer
d’importantes sources de profit. La société ATOSCA a ainsi repris, en début de semaine, les
coupes sylvestres autorisées du 1ᵉʳ septembre jusqu’à mi-novembre par arrêté préfectoral.
Durant le week-end, 60 arbres ont ainsi été abattus au mépris de la sécurité des « écureuils »,
ces hommes et ces femmes qui vivent dans les branches des arbres centenaires qu’ils protègent.
Le 30 août au matin, un déploiement militaire à l’ampleur inédite s’est ainsi attaqué aux activistes. La violence des assauts, menés par plus de 200 gendarmes envoyés sur place au petit matin, a notamment entrainé la chute de plus de 8 mètres d’un militant désormais hospitalisé.
Si les zadistes font état d’un recours à la force disproportionné et dangereux de la part des forces de l’ordre et de la CNAMO, ils réaffirment également leur détermination et se disent prêts à tenir le plus longtemps possible. Face à ce déchaînement de violence, le soutien « au sol » est plus que jamais crucial pour les activistes. La France insoumise a en ce sens condamné les exactions commises sur la ZAD de Cal’arbre et réaffirmé son engagement au côté des militants engagés dans cette lutte pour le vivant.
Pour aller plus loin : A69 – Insoumis et collectifs vent debout contre ce grand projet inutile et écocidaire
Une famille victime d’une tentative d’incendie de la part des soutiens du projet
La situation sur place est de plus en plus tendue, les activistes étant également exposés aux
agressions de groupes d’action violents.
Alexandra est locataire depuis 10 ans d’une maison située à Verfeil, dernière ligne du tracé de l’autoroute A69 où elle vit avec son fils. Son logement est désormais l’un des seuls obstacles sur le trajet mais également le dernier espace de verdure présent dans cet océan de béton. Or, selon le collectif « La Voie est libre », son bail court jusqu’en novembre 2025. Elle entend donc faire respecter ses droits et refuse ainsi de quitter son domicile. Mais la société ATOSCA ne voit pas les choses de cet œil et cherche à les expulser au plus vite.
Depuis que la famille a refusé les solutions inadéquates de relogement, les intimidations s’intensifient. Les partisans de l’autoroute ont ainsi tenté, à deux reprises et en pleine nuit, de mettre feu à la maison. Dans la nuit du 26 août, de l’alcool à brûler et d’autres produits inflammables ont été jetés sur la clôture depuis le bord de la route. Le 1ᵉʳ septembre, quatre individus masqués et vêtus de noir, ont mis feu au véhicule de la mère de famille à l’aide de cocktails molotov.
Les auteurs des faits n’ont pas été appréhendés. Toutefois, le collectif « La Voie est libre » estime qu’il s’agit d’un groupe d’individus pro-A69 et proche de la société privée ATOSCA en charge du chantier. Ces exactions particulièrement préoccupantes mettent en danger la vie d’Alexandra, de son conjoint et de son fils mais également des militants qu’elle accueille sur son terrain, qui l’assistent dans la lutte qu’elle mène contre le chantier et en qui elle a trouvé un soutien précieux. Cette dernière confiait ainsi à France 3 Occitanie « Ils les activistes m’ont dit qu’ils étaient désolés, que s’ils n’avaient pas été là, il n’y aurait jamais eu ces agressions. Je leur ai répondu, heureusement que vous étiez là, sinon on serait morts ».
La solidarité s’organise désormais autour de la famille et des « écureuils » qu’Alexandra qualifie de « vrais héros ». Une cagnotte a été ouverte et cumule désormais près de 10 000€. Celle-ci est disponible via ce lien
Un moratoire plus que jamais nécessaire
Dix ans presque jour pour jour après le drame de Sivens qui a vu la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade lancée par un gendarme, il est inacceptable que la vie des opposants politiques soit une fois encore menacée. Le gouvernement doit agir et mettre immédiatement un terme au déchainement de violence qui frappe injustement les activistes de l’A69 et les habitants de la région. Il convient également de permettre à la justice de se prononcer sur les potentiels conflits d’intérêts dans ce dossier et de se livrer à un examen approfondi et exempt de toutes formes de pressions.
Le programme du Nouveau Front Populaire, arrivé en tête aux élections, va en ce sens en exigeant un moratoire sur les grands projets autoroutiers et s’inscrit dans la lignée des revendications des militants s’opposant au projet. Et si la nomination de Michel Barnier à la primature n’augure rien de bon, la mobilisation doit se poursuivre et s’intensifier ! Ainsi, face à un capitalisme aussi vorace que mortifère, il nous faut penser des horizons nouveaux et mettre en place un véritable projet pour le territoire, en consultation avec les habitants. Cela implique de renoncer à ce projet écocide et socialement injuste dont les profits ne visent qu’à enrichir une société privée au détriment du vivant.
Par Mazarine Albert