Les patrons du CAC 40 ont gagné jusqu’à 1 453 fois plus que leurs salariés en 2022. En moyenne, ils ont empoché 130 fois plus que leurs salariés. C’était « seulement » 111 fois plus en 2019. Voilà les derniers chiffres du rapport de l’ONG Oxfam, intitulé « Cash 40 : trop de millions pour quelques hommes ». Une évolution de leurs rémunérations qui n’a rien à voir avec celles de leurs salariés. Entre 2019 et 2022, la rémunération moyenne des PDG du CAC 40 a augmenté de 27 %. « En même temps », le salaire moyen au sein de leurs entreprises n’a augmenté que de 9 %.
Des rémunérations astronomiques qui ne cessent de tendre à la hausse. En témoigne les 36,5 millions d’euros pour le PDG de Stellantis, Carlos Tavares ou les 4,54 millions d’euros pour le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, pour l’année 2023. Au sein du CAC 40, la palme du plus grand écart salarial revient au PDG de Teleperformance. En effet, Daniel Julien a gagné 1 453 fois plus que le salaire moyen de son entreprise en 2022. Emmanuel Macron laisse faire. « Président des ultra-riches », comme l’appellent les sociologues Pinçon-Charlot, il est complice de cet accaparement de richesses. Qu’attend-on pour taxer ceux qui se gavent et rééquilibrer ces écarts de salaires abyssaux, comme le propose LFI ? « Pendant qu’ils se gavent, ils affament les autres » a dénoncé Jean-Luc Mélenchon sur Twitter. Notre article.
En moyenne, les patrons du CAC 40 ont gagné 130 fois plus que leurs salariés en 2022
Les rapports se suivent et se ressemblent du côté d’Oxfam. Du côté de L’insoumission.fr, une impression de déjà-vu. Combien de fois n’avons-nous pas déjà écrit sur le gavage des ultra-riches, des assistés d’en haut qui s’enrichissent sur le dos des travailleurs ? Il faut continuer à les nommer et à les dénoncer, autant que nécessaire. À ce titre, le travail de l’ONG Oxfam est salutaire. On peine à croire les chiffres de leur dernier rapport. Récapitulons.
En moyenne, les patrons du CAC 40 ont empoché 130 fois plus que leurs salariés en 2022. C’était « seulement » 111 fois plus en 2019. Plus de trois quarts (76%) des bénéfices des entreprises du CAC 40 ont été reversés à leurs actionnaires cette année-là. On comprend mieux. Entre 2019 et 2022, la rémunération moyenne des PDG du CAC 40 a augmenté de 27 %. « En même temps », le salaire moyen au sein de leurs entreprises n’a augmenté que de 9 %. Dans le CAC 40, les PDG hommes ont en moyenne gagné 2,4 fois plus que les PDG femmes. Tout le détail de ce gavage par une minorité d’assisté d’en haut est à retrouver ici.
Parmi ceux qui accumulent le plus, qui est le plus gourmand ? Qui se moque à ce point de combien ses salariés ? J’ai nommé : Daniel Julien, de très loin. PDG de Téléperformance, il a gagné 1 453 fois plus que le salaire moyen de son entreprise en 2022. 19 717 238 euros contre 13 568 annuels en moyenne. Vérifiez vous-mêmes. De son côté, Carrefour a rémunéré son patron Alexandre Bompard 426 fois plus que le salaire moyen de son entreprise. Concernant Stellantis, c’est « seulement » 341 fois plus. Comme LFI, Oxfam propose de limiter de 1 à 20 les écarts entre la plus grande rémunération et le plus petit salaire au sein des entreprises.
Pour aller plus loin : 36,5 millions d’euros pour le PDG Carlos Tavares en 2023 – LFI dépose une loi pour instaurer un salaire maximum
Patrons voyous : les exemples ne manquent pas
L’information est tombée ce lundi 29 avril. Arnaud Lagardère, PDG du groupe éponyme, est soupçonné d’avoir puisé dans les comptes de ses sociétés pour assurer ses dépenses personnelles durant plusieurs années. Celui-ci a été mis en examen pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses, achat de vote, abus de biens sociaux et abus de pouvoir, et non-dépôt de comptes. Placé sous contrôle judiciaire, il doit fournir un cautionnement de 200 000 euros. Un patron voyou, comme il en existe tant.
Arnaud Lagardère doit-il s’inquiéter pour autant ? La peine de prison pour abus de bien sociaux est de 5 ans, sans compter l’amende de 375 000 euros. « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », écrivait Jean de La Fontaine. Il est assez certain que M. Lagardère s’en sortira en payant une caution exorbitante ou en réussissant à passer entre les mailles de la justice.
Pour aller plus loin : Patrick Drahi : super-profits, super-censure
De même, Patrick Drahi devrait-il s’inquiéter de son goût pour les paradis fiscaux ? « La holding personnelle de Patrick Drahi (Next LP) se trouve à Guernesey, de nombreuses sociétés de tête du groupe sont logées au Luxembourg, et la maison mère de l’Express et Libération (Jenville SA) a son siège au Panama », expliquait l’économiste Benoît Boussemart à Alternatives Économiques. À l’heure actuelle, il est plutôt certain qu’il ne sera pas condamné pour cela. Comme d’autres patrons voyons, il ne sera jamais inquiété. Les grands PDGs osent tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît. Qu’attend-on pour taxer les super-profits et lutter ardemment contre la fraude fiscale, comme le plaident les insoumis depuis des années ?