Gaza. L’État d’Israël est passé maître dans l’art du mensonge permanent pour camoufler le génocide perpétué par son armée à Gaza. Les accusations portées par Netanyahu contre l’UNWRA n’ont pas fait l’exception. L’État d’Israël a menti pour enfoncer plus bas que terre l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, dernier rempart pour la survie des Palestiniens. Fin janvier, Benyamin Netanyahu et ses alliés l’accusaient d’avoir, parmi ses 30 000 personnels, 12 personnes qui auraient participé aux attaques du 7 octobre. Cela a déclenché des condamnations en cascade et surtout des suspensions de financement d’une dizaine d’États occidentaux, complices. Certains, comme le Canada, sont revenus sur leur position entre-temps.
Trois mois après, l’État d’Israël est toujours incapable de fournir des preuves contre l’agence onusienne. Voilà les conclusions formulées dans un rapport dirigé par Catherine Colonna, ancienne des ministres Affaires étrangères. « Je salue les conclusions et les recommandations de l’examen indépendant mené par Catherine Colonna sur l’adhésion de l’UNRWA au principe humanitaire neutralité », a déclaré Philippe Lazzarini, commissaire général de l’agence de l’ONU.
« En l’absence de solution politique entre Israël et les Palestiniens, l’UNRWA reste essentielle dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et de services sociaux essentiels », souligne par ailleurs le rapport. C’est bien de cela dont il s’agit : Israël a délibérément menti pour discréditer cette agence de l’ONU indispensable pour la survie de la bande de Gaza. Pendant ce temps, le génocide y est toujours en cours. Près de 35 000 Palestiniens ont été tués par Tsahal, tandis qu’un deuxième a été trouvé à proximité de l’hôpital Khan-Younès. Notre article.
L’État d’Israël a menti pour discréditer l’agence de l’ONU indispensable pour maintenir la bande de Gaza en vie
Quelques rappels s’imposent. Fin janvier 2024, Benjamin Netanyahu et ses alliés ont accusé l’UNRWA de compter, parmi ses 30 000 personnels, 12 membres suspectés d’implication dans les attaques du 7 octobre en Israël. Sans même attendre le résultat de l’enquête interne de l’ONU immédiatement diligentée, l’UNWRA a suspendu les personnels concernés. En dépit de cette réaction préventive et immédiate, 13 pays ont immédiatement suspendu leurs financements à l’agence de l’ONU. Les États-Unis, dès le 26 janvier, ont été rapidement suivis rapidement par Canada, l’Australie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse, la Finlande, l’Estonie, le Japon, l’Autriche et la Roumanie. Un « châtiment collectif », déplorait à l’époque Philippe Lazzarini.
Après les accusations portées par Israël, l’ancienne ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a été chargée d’écrire un rapport sur l’UNRWA. Conclusion ? Trois mois après les accusations portées contre l’UNRWA, Benyamin Netanyahu et ses alliés sont incapables de fournir des preuves. « Les autorités israéliennes n’ont jusqu’à présent fourni aucune preuve à l’appui ni répondu aux lettres de l’UNRWA en mars, puis à nouveau en avril, demandant les noms et les preuves qui permettraient à l’UNRWA d’ouvrir une enquête », peut-on lire dans le rapport.
On apprend que l’agence onusienne a fourni à l’État Israël des listes de ses employés depuis des années, à des fins de vérification. Depuis 2011, « le gouvernement israélien n’a informé l’UNRWA d’aucune préoccupation concernant son personnel » sur la base de ces listes. « Catherine Colonna, l’ancienne ministre des Affaires étrangères elle-même rend un rapport sur l’UNRWA qui démonte la propagande israélienne. Les macronistes vont peut-être la croire et prendre la mesure des manipulations dont B. Netanyahu est capable pour miner le droit international », cingle le député LFI Aurélien Saintoul.
Pour aller plus loin : Gaza : l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, menacée de disparaître
Souvenez-vous. Le même jour que la publication du premier communiqué de P. Lazzarini à la suite des fausses accusations israéliennes, la Cour internationale de Justice rendait son verdict et reconnaissait le risque génocidaire en cours à Gaza. Elle exhortait ainsi Benjamin Netanyahou à y cesser les massacres. Déjà, nous pointions dans nos colonnes la troublante proximité entre les deux évènements. L’absence de preuves fournies par l’État hébreu, presque trois mois après avoir livré à l’UNRWA, ne peut signifier qu’une chose. Benyamin Netanyahu et ses alliés ont délibérément menti aux yeux du monde pour atténuer l’onde de choc du verdict historique de la CIJ. Le tout, également, pour discréditer l’institution respectée et indispensable dans la bande de Gaza qu’est l’UNRWA.
L’UNRWA, une « bouée de sauvetage humanitaire » dans la bande de Gaza, « l’enfer sur terre »
Le nombre de Gazaouis tués par l’armée de Benyamin Netanyahu n’a cessé de s’aggraver depuis. Au dernier bilan : 34 183 tués. Plus d’enfants ont été tués dans la bande de Gaza dans les 4 mois qui ont suivi le 7 octobre, qu’en quatre ans de guerre dans le monde entier. À chaque jour, son lot d’horreurs insoutenables. Imane Maarifi, infirmière de retour de Gaza, a livré un témoignage bouleversant à l’insoumission.fr. « Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas », nous confie-t-elle. « Je suis encore là-bas. Je ne suis pas encore revenue. Je vis Gaza, je mange Gaza, je dors Gaza. Je ne peux pas m’endormir sans penser à eux. »
L’offensive de Tsahal (armée israélienne, ndlr) est imminente à Rafah, alors qu’un 1,5 million de Palestiniens y sont parqués, livrés à eux-mêmes, où chaque jour est une bataille permanente pour survivre. Près de l’hôpital de Khan Younès, un charnier (lieu où sont entassés des cadavres, ndlr) a été découvert. Insoutenable : au moins 283 corps de palestiniens tués ont été retrouvés, certains mutilés, d’autres décapités. Hommes, femmes, enfants. Un autre charnier avait déjà été découvert près de l’hôpital Al-Chifa. L’horreur continue. Depuis trop longtemps, les preuves s’accumulent. Ceux qui se taisent deviennent complices. « L’enfer sur terre », disait Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, dès décembre 2023, pour décrire la réalité de Gaza.
Fin janvier, nous vous parlions déjà de l’importance de cette agence de l’ONU à Gaza. L’agence de l’ONU « gère des abris pour plus d’un million de personnes et fournit de la nourriture et des soins de santé primaires, même au plus fort des hostilités », selon Philippe Lazzarini. Elle scolarise environ 550 000 filles et garçons dans leurs 700 écoles, offrent des formations professionnelles ou assure l’évacuation des déchets et l’assainissement en eau. Au total, 2,3 millions de personnes dépendent de l’agence de l’ONU à Gaza.
À ce sujet, le rapport final est on ne peut plus clair : « en l’absence de solution politique entre Israël et les Palestiniens, l’UNRWA reste essentiel dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et de services sociaux essentiels, notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation, aux réfugiés palestiniens à Gaza, en Jordanie, au Liban, Syrie et Cisjordanie ». Elle « est irremplaçable et indispensable pour Développement humain et économique des Palestiniens », insistent les auteurs du rapport. Nombreux sont ceux qui considèrent l’UNRWA comme une « bouée de sauvetage humanitaire ».
Maintenant que la vérité est faite, il est attendu que les États qui ont immédiatement suspendu leurs financements à l’UNRWA les relance dès à présent. L’aide humanitaire sur place doit pouvoir continuer à être acheminée, alors que des colons bloquent son accession à la bande à Gaza. Le cessez-le-feu immédiat doit s’imposer, seul à même de mettre un terme aux massacres. À long terme, la seule solution possible, celle des deux États, doit s’imposer. La route sera longue, mais elle est la seule qui vaille d’être suivie.
Par Nadim Février