Mélenchon Rima Hassan

Mélenchon et Rima Hassan interdits de parole : les motifs fallacieux de la Préfecture

Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan une nouvelle fois interdits de parole. Après avoir interdit leur conférence à l’université de Lille hier, c’est hier la Préfecture du Nord qui interdit leur conférence reprogrammée hors de l’université. Les insoumis ont dénoncé dans un communiqué cet « acharnement intolérable » et ont tenu un rassemblement contre la censure et pour la paix ce même jour à 19 heures à Lille.

Une décision dangereuse pour la démocratie, fondée sur des motifs fallacieux. La Préfecture brandit le risque de trouble à l’ordre public pour interdire de parole deux dirigeants politiques de premier plan. Un tel bâillonnement de l’opposition politique du pays ne peut être passé sous silence. Cette décision absurde et liberticide poursuit un but clair : faire taire les voix de la paix qui s’élèvent contre la politique génocidaire de Netanyahu en Palestine. Elle crée un précédent d’une gravité absolue pour la liberté d’expression politique en France.

L’insoumission analyse l’arrêté de la Préfecture du Nord et revient sur le caractère absurde et autoritaire de cette décision.

Une conférence de Mélenchon annulée à cause des menaces de l’extrême droite

Depuis une semaine, des (ir)responsables politiques défilent en plateau télé pour faire annuler la conférence de Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan, relayant des polémiques inventées de toutes pièces et infirmées par les faits. Jérôme Guedj, Violette Spillebout, CNEWS, Sébastien Chenu, et toute la sphère d’extrême droite du pays se sont entendus pour calomnier cette conférence étudiante sur la paix.

Pour aller plus loin : Lille : la conférence de Mélenchon et Rima Hassan interdite, LFI organise un rassemblement contre la censure et pour la paix

Résultat, la Préfecture du Nord s’est servie de leurs prises de paroles menaçantes pour faire interdire la conférence. Elle écrit ainsi dans son arrêté de ce jeudi 18 avril :

Considérant que l’organisation de cet évènement a suscité de vives réactions de nombreuses personnalités locales demandant l’interdiction de cette conférence […], que des appels à mobilisation contre cette conférence avaient été lancés par plusieurs organisations dont l’Union nationale inter-étudiante [UNI, syndicat d’extrême droite] et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) sur les réseaux sociaux et relayés dans les médias nationaux ; que ces appels à une contre-manifestation laissaient craindre des rassemblements pouvant entraîner des heurts.

Arrêté portant interdiction de la conférence organisée par l’association Libre Palestine, le jeudi 18 avril. à18h30 à Lille

Dans la France de Macron, il suffit donc désormais que l’extrême droite monte une polémique de toutes pièces, relayées par ses médias – CNEWS au premier rang, menaçant de déranger une conférence politique pour que celle-ci soi interdite.

L’extrême droite génocidaire a dorénavant carte blanche et bénédiction totale des autorités administratives du pays pour reproduire ce mode opératoire à l’infini.

L’arrêté préfectoral évoque aussi la polémique grossièrement montée de toutes pièces sur le logo de l’association étudiante organisatrice, « Libre Palestine ». Une polémique visant à faire passer cette association de défense de la cause palestinienne pour une organisation antisémite niant le droit d’Israël à exister. C’est entièrement faux. L’association s’est elle-même exprimée à travers un communiqué il y a quelques jours : « Libre Palestine n’a jamais promu la haine ou proféré des propos antisémites. Elle milite pour la paix et le respect du droit international. Notre logo ne nie en aucun cas l’existence d’Israël. Nous avons mobilisé une carte qui représente une région du monde traversée par un processus de colonisation indéniable. »

Une polémique démentie par les faits donc, que la Préfecture s’empresse pourtant de mobiliser, à revers de toute sincérité factuelle. Elle écrit ainsi : « la présence sur l’affiche de l’évènement d’un logo pouvant être interprété comme déniant l’existence de l’État d’Israël majore le risque d’affrontements physiques entre militants antagonistes […], que le risque est élevé qu’un tel évènement puisse donner lieu à des propos ou des agissements pénalement sanctionnés relevant notamment de l’incitation à la haine et à la violence »

Bref, la Préfecture voit dans la défense des droits palestiniens une incitation à la haine pouvant faire annuler une prise de parole. Tout cela encouragé et applaudi par l’extrême droite.

Pour aller plus loin : Delescaut condamné à un an de prison, Mélenchon censuré à Lille : la démocratie en péril

Une série de motifs bidons : fausse polémique sur un logo, bâtiment pas aux normes techniques…

La Préfecture a aussi multiplié les motifs subsidiaires aussi farfelus les uns que les autres, qui ne laisse aucun doute sur leur volonté de masquer une interdiction manifestement politique.

Comme souvent, est invoquée la mobilisation des forces de l’ordre sur un autre évènement pour justifier cette interdiction. En cause : « le match de foot opposant le Lille Olympique Sporting Club (LOSC) au club anglais d’Aston Vila au stade Pierre Mauroy à Villeneuve d’Ascq » et « une conférence de l’historienne Annette Becker à la synagogue de Lille, dans le cadre de la commémoration de l’insurrection du ghetto de Varsovie ».

Un match à Villeneuve d’Ascq et une conférence d’Histoire le même soir justifient donc l’annulation d’une conférence étudiante à l’université – puis dans une autre salle – à Lille. Soit. Et c’est ainsi qu’un régime autoritaire en vient à devoir choisir entre un évènement sportif et un évènement politique le même soir.

Enfin, l’arrêté préfectoral, peinant à inventer des éléments suffisamment probants, évoque même le « défaut d’isolement de la cuisine » du bâtiment dans lequel aurait dû se tenir la conférence, et son « absence de vérifications des installations techniques » risquant ainsi d’engendrer des attroupements devant l’établissement. Motif farfelu, pour décision toute autant farfelue.

La situation pourrait être risible si elle n’était pas si grave pour l’état des libertés fondamentales. La présente décision de la Préfecture du Nord et des Hauts-de-France créé un précédent dangereux pour la démocratie française. Une conférence politique en pleine campagne électorale ne peut être interdite sur de tels motifs.

Zoé Pebay

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