Agriculteurs. Ce jeudi 29 février, le Parlement européen a planté deux nouveaux couteaux dans le dos des agriculteurs. En cause : la signature de deux nouveaux accords de libre échange, l’un avec le Kenya, l’autre avec le Chili. Signé à une très large majorité par tous les groupes, RN compris, seul le groupe LFI s’y est pleinement opposé. Un vote qui clarifie les positions de chacun alors qu’Emmanuel Macron et Jordan Bardella viennent d’effectuer une opération séduction au salon de l’agriculteur en multipliant les couacs.
Alors que les agriculteurs exigent des prix garantis rémunérateurs et que leur mobilisation bat son plein, l’Union européenne leur impose une nouvelle concurrence déloyale. Leur situation sociale n’a pourtant pas changé d’un iota. Pire, elle s’empire jour après jour. Le sinistre chiffre est connu : un agriculteur se suicide tous les deux jours dans la septième puissance du monde. Chaque jour, en France, 38 fermes sont rayées de la carte. Ces 10 dernières années, 100 000 exploitations agricoles ont disparu ; il reste 400 000 paysans en France et on estime que 200 000 partiront à la retraite d’ici 2030. Cela fait un agriculteur en moins toutes les 30 minutes. Ces deux nouveaux accords ne sont pas près d’arranger les choses. Notre brève.
Un vote de deux accords de libre échange à contresens de la mobilisation historique des agriculteurs
A contresens de leurs revendications actuelles – être protégés de la concurrence déloyale et vivre de leur travail, le Parlement européen enfonce les agriculteurs dans un puits sans fond. En effet, ni l’UE ni Macron ne comptent s’arrêter là. De futurs accords avec le Brésil, l’Argentine, le Mexique, l’Australie ou encore l’Inde sont déjà dans le viseur.
Des accords qui asphyxient les agriculteurs
Pour l’heure, l’accord UE-Chili augmente entre autres les quotas d’importation de viande (18.000 tonnes de volaille, 9.000 tonnes de porc, 2.000 pour le bœuf), mais aussi de fruits et légumes, huile d’olive, jus de pomme, etc. Tout cela vient s’ajouter aux quotas déjà existants. Notamment ceux instaurés par le tout récent accord avec la Nouvelle-Zélande : 10.000 tonnes pour la filière bovine et 38.000 pour la filière ovine.
Côté Kenya, cet accord va favoriser les importations de fruits et légumes hors-saison, et empêcher le pays de mettre en œuvre des politiques protectionnistes pour ses agriculteurs ; tout cela pour continuer d’exporter à bas coût vers l’UE. De quoi tirer une nouvelle fois les prix à la baisse et asphyxier les agriculteurs européens les moins compétitifs. C’est aussi une différence immense de qualité des normes avec les produits de l’UE : traçabilité, forte utilisation de pesticides…
Pour aller plus loin : Les traités de libre-échange tuent les agriculteurs
En somme, sacrifier l’agriculture européenne sur l’autel du libre marché. Faire produire à bas coût ce que nos agriculteurs produisent sur place, en augmentant l’importation de produits agricoles venant de milliers de kilomètres d’ici. Un seul résultat : une catastrophe écologique et sociale.
Au-delà du secteur agricole, ces accords sont aussi un moyen pour l’UE de mettre la main sur les matières premières de ces pays. Par exemple, l’accord UE-Chili permet aux entreprises européennes d’exploiter avantageusement le lithium et le cuivre du Chili.
Main dans la main, contre les agriculteurs en colère et contre 150 organisations de la société civile appelant à voter contre, Macron et le Parlement européen condamnent nos agriculteurs. Le groupe insoumis, présidée par Manon Aubry, a été le seul à s’être opposé pleinement à ces accords antisociaux et climaticides.