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Capture d'écran, Blast.

De retour de Gaza, ces cinq médecins témoignent du chaos et appellent au cessez-le-feu

Gaza. « C’est le chaos, il n’y a plus rien ». Devant la délégation d’élus s’étant rendue à Rafah à l’initiative du député LFI Eric Coquerel, Imane Maarifi témoigne. Quelques jours plus tôt, elle était encore à Gaza, officiant comme infirmière à l’Hôpital européen de Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza.

À ses côtés, lors de l’audition de mardi dernier à l’Assemblée nationale, ils sont quatre autres médecins de retour de l’enfer sur terre : le Dr ; Nizar Badran, Chens Eddine Bouchakour, Khaled Benboutrif, et Hasem Hijji. Tous sont membres de l’association de médecins Palmed. Tour à tour, ils prennent la parole et rapportent leur récit : « Un génocide à ciel ouvert ». Ils ont été au plus proche de la catastrophe humanitaire en cours dans l’ensemble de l’enclave palestinienne. Les scènes effroyables qu’ils décrivent se poursuivent à l’heure où nous écrivons ces lignes. À Rafah, 1,4 million de Palestiniens sont parqués et massacrés. Notre article.

Gaza : « Le risque de génocide est avéré »

Pendant seize jours éprouvants, Imane Maarifi, une infirmière de 37 ans, Raphaël Pitti, anesthésiste-réanimateur, accompagnés de cinq autres médecins français en coordination avec l’association PalMed Europe, se sont rendus dans la bande de Gaza. Ils sont venus en renforts au personnel de l’Hôpital européen, situé à quelques kilomètres de Khan Younès. Hôpital encerclé depuis des semaine et désormais pris frontalement d’assaut.

La voix tremblante, Imane confie « être encore bouleversée ». Les députés de la délégation dans la salle l’écoutent attentivement, les yeux rougis à son récit. « C’est le chaos, il n’y a plus rien », déclare-t-elle. « Il n’y a plus d’infrastructures, plus d’aires de jeux, plus d’écoles ». Elle raconte l’horreur d’un risque de génocide qu’elle décrit comme « risque désormais avéré » poursuivant : « Les enfants meurent avant d’arriver au bloc opératoire. ».

Ils sont 12 000 à avoir été tués par l’armée de Netanyahu depuis le début du conflit. « Comment peut-on douter de l’innocence d’un enfant ? » déclare-t-elle. À travers son récit, elle porte la voix de ses collègues, de ses patients, et de tous les civils en proie aux massacres : « C’est à leur demande que je suis devant vous. Ils m’ont dit de filmer, de relayer ce qui se passe sur place. ». En les soignant et les écoutant, le docteur Nizar Badran ne peut pas s’empêcher de faire le parallèle avec ses propres enfants : « Les enfants à Gaza, contrairement aux miens, ils savent ce que c’est le bruit du F35. Ils arrivent à faire la différence avec les missiles ou un tir de tank. Ils arrivent à déterminer la distance. En fonction du bruit, ils savent ce que c’est et à quelle distance. Ça, ça m’a impressionné »

Pour aller plus loin : Rafah – L’armée de Netanyahu bombarde 1,4 million de Palestiniens pris au piège

Elle raconte son quotidien rythmé par l’arrivée de patients et de corps inanimés « La journée commence au début du soleil. Il y a beaucoup d’exorbitation. Ils savent où viser. ». Elle fait part des doutes qui l’ont traversée à chaque heure de son activité : « À quoi ça sert ? Les enfants sont amputés et meurent quand ils ne sont pas déjà morts avant d’arriver au bloc opératoire ! ». Les détails qu’elle fournit glacent et tétanisent. Sa voix se tend. En parler est une souffrance, l’écrire revient à hurler sans bruits. Elle raconte : « J’ai moi-même aidé à extraire des balles de têtes d’enfants ».

« Les soignants sont des cibles de guerre »

Le Docteur Bouchakour Chens Eddine raconte à son tour. Il décrit les tueries d’enfants et aussi celles du personnel médical et paramédical : « Les soignants sont des cibles de guerre ». Il poursuit : « Il y a eu des tirs de snipers dans l’hôpital, on n’a jamais vu ça. ». Il précise, comme ses collègues : « On n’a jamais vu un combattant. ». Loin des diversions médiatiques des amis des criminels de guerre, il raconte la réalité qu’il a endurée et les souffrances indescriptibles auxquelles il a assisté. En France, malgré ces massacres, la diversion fait rage pour les taire.

Tout est bon à prendre pour les complices des criminels de guerre. Tout est prétexte à justifier les massacres. Certains font des distinctions entre les victimes, entre celles des massacres du 7 octobre et celle de la guerre. Une honte absolue dans laquelle se jettent des personnalités telles que François Hollande. Les JT sont muets. Nos confrères d’Arrêt sur images ont publié une enquête. Ils ont regardé les JT de 13 h et de 20 h de TF1 et de France 2 depuis le 4 février. Si quelques séquences sont consacrées aux otages israéliens ou aux allégations de l’armée israélienne, seul le journal de 20 h de France 2 a évoqué le sort tragique des civils palestiniens.

« C’est un génocide »

Ce sort tragique, les médecins eux l’ont vu et le racontent. Le Docteur Nizar Badran intervient et décrit, comme le Dr. Bouchakour, comment l’armée de Benjamin Netanyahu procède : « Il a une volonté préméditée de cibler les civils, les hôpitaux et toutes les infrastructures afin de rendre Gaza inhabitable. ». Même constat pour Hashem Hijji : « C’est un génocide » déclare-t-il, poursuivant sur la pénurie de tout à Gaza : « Les médecins manquent de tout et sont obligés de laisser mourir des patients faute de moyens pendant que jour et nuit, les bombardements continuent ».

En plus d’appeler au cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, les médecins de Palmed proposent au Gouvernement français d’autres solutions : l’envoi d’équipements aux blocs opératoires à Gaza ou encore l’accueil de blessés Palestiniens en France. Sans quoi, des enfants, des femmes et des hommes continueront d’être amputés sans anesthésie, parfois à même le sol, parfois sans brancard, parfois mourant avant d’arriver au bloc opératoire. La clé de toute la situation, pour que ce carnage cesse, est le cessez-le-feu durable à Gaza. La France doit agir et décréter un embargo sur les armes et prendre des sanctions économiques. C’est la voie la plus courte pour que se taisent les canons.

Sylvain Noel, rédacteur en chef

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