Meyer Habib

Meyer Habib, l’avocat des massacres et de la colonisation en Palestine

Meyer Habib a récidivé. Hier matin, cet ami personnel de Benjamin Netanyahou a déclaré sur Radio J que les gazaouis sont un « cancer » dont les alliés de Netanyahou « savent quoi faire ». Depuis des années, ce député des Français de l’étranger est l’avocat politique et ami personnel de Benjamin Netanyahou. Des années durant, il a financé les voyages privés de celui qu’il appelle « Bibi ». Omniprésent sur les plateaux, il est sa principale antenne relais en France.

L’homme sature les médias comme premier des soutiens inconditionnels aux crimes de guerre à Gaza, un ardent défenseur du nettoyage ethnique en cours en Palestine, qu’il encourage. Le 20 décembre, il déclarait « Ce n’est pas fini ! » à propos des massacres à Gaza. 39 députés ont demandé la levée de son immunité parlementaire pour apologie de crimes de guerre : une initiative à relancer au regard des ses déclarations d’hier sur Radio J.

Son passe-temps favori consiste à prendre l’habit du procureur pour distribuer des procès pour antisémitisme à quiconque ose émettre la moindre critique contre Netanyahou et sa politique, son gouvernement d’extrême droite et son armée qui serait « la plus morale du monde » et « qui fait tout pour avoir le maximum de victimes » d’après un lapsus révélateur lâché en novembre 2023.

L’homme est aussi un pourvoyeur d’injures à temps plein, et réputé comme tel au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Insultes, menaces, vociférations en toute genre, Meyer Habib dérange jusqu’au Quai d’Orsay et à l’Elysée, où il s’invite dans des réunions diplomatiques dans lesquelles il n’est pas convié. Pour lui, « le RN est rentré dans le camp républicain » et s’est félicité de la présence de l’extrême droite, du RN à Reconquête, à la fameuse marche contre l’antisémitisme. En cela, Meyer Habib est la personnification de l’alliance entre la droite et l’extrême droite, mais aussi du « choc des civilisations » qui structure toutes ses interventions.

Ses cibles de prédilection ? Les citoyens de confession musulmane avec un enchaînement de déclarations toutes plus délirantes les unes que les autres – « la haine du juif est l’aphrodisiaque des masses arabes » a-t-il déclaré il y a peu. Le lobbyiste affilé au Likoud (parti politique de Benjamin Netanyahou, ndlr) est aussi un champion olympique quand il s’agit de diffamer Jean-Luc Mélenchon et les insoumis, qu’il accuse de former une « cinquième colonne islamiste » en raison de leur condamnation de tous les crimes de guerre (ceux du Hamas comme ceux de Benjamin Netanyahou) ainsi que leur défense acharnée des résolutions de l’ONU et du cessez-le-feu immédiat à Gaza. Notre article.

L’ami du criminel de guerre Benjamin Netanyahou

Depuis 2013, Meyer Habib est député de la 8ème circonscription des Français établis hors de France (comprenant l’Italie, le Vatican, Saint-Marin, Malte, la Grèce, Chypre, la Turquie, la Palestine et Israël). Depuis, le député n’a qu’une seule ligne en tête, qu’il porte sans trêve en vociférant sur tous les fronts : défendre Benjamin Netanyahou et sa politique, quoi qu’il en coûte. Les deux hommes sont très liés par une amitié vieille de trente ans.

D’après le journaliste d’investigation Raviv Drucker, Meyer Habib est « comme une sorte de papa-gâteau des Netanyahou à Paris. Il contrôle son emploi du temps quand il vient comme Premier ministre à Paris. Et tous les contacts officiels de Netanyahou passent par Meyer Habib. ». Il arrive même que la presse française ne mâche pas ses mots à son encontre, et pointe ce « positionnement atypique » (France Info, 16 octobre 2021), caractérisé par un « rôle diplomatique actif dans les relations franco-israéliennes et dont le positionnement pro-Likoud pose question ». Dans la même veine, en février dernier, Le Monde titrait « Meyer Habib, le député qui en faisait trop », tant à cause « de ses vociférations que de sa proximité avec Benjamin Netayahou »

Pourquoi atypique ? Car le député s’immisce dans les relations entre les deux Etats, au point parfois d’empiéter largement sur le protocole, et jouer le rôle d’intermédiaire direct entre Tel Aviv et Paris.

Le diplomate Daniel Shek l’a confirmé, dans ses propos rapportés par la cellule d’investigation de Radio France : « J’ai croisé Meyer très souvent. Il se permettait certaines prétentions de représentation quasi officielle d’Israël, ou du moins de son Premier ministre auprès des instances françaises. Lors d’un entretien entre Netanyahou et Sarkozy, Netanyahou m’a demandé de ne pas assister à l’entretien alors que Meyer Habib y a participé. C’est problématique. ».

La même prétention s’est vérifiée en 2020 lorsque le parlementaire s’incruste lors d’un sommet entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou. Ce à quoi Meyer Habib s’était expliqué : “À sa demande, j’ai accompagné le président Macron […] à la résidence du Premier ministre Netanyahou. Je ne peux entrer dans tous les détails de 90% des dossiers abordés pour des raisons de confidentialité évidentes« . Des dossiers confidentiels ? Peut-être les 111 millions d’euros d’armes françaises vendues et livrées à Benjamin Netanyahou depuis 2017 comme l’a révélé la cellule d’investigation de l’Insoumission.fr le 17 octobre dernier ?

Une chose est sûre : Meyer Habib fait fructifier sans relâche cette position « atypique » pour mieux effectuer le service après-vente des crimes de guerre de l’armée de Netanyahou.

Nier la colonisation et justifier les massacres : le passe-temps favori de Meyer Habib

Ses sorties l’ont démontré, Meyer Habib est la voiture balai assumé de la politique criminelle de Benjamin Netanyahou. Il est en première ligne dans les opérations de pilonnage de la classe médiatique pour organiser le tri entre les victimes, taire les massacres à Gaza, et passer sous silence la reconnaissance juste et indispensable des droits du peuple Palestinien conformément aux résolutions de l’ONU.

Hier, un nouvel exemple l’a illustré de plus belle. En commission des Affaires étrangères, l’ancien ambassadeur de France en Israël, Gérard Araud, était auditionné par les députés. L’ambassadeur aborde le sujet de la guerre et reprend les mots de l’ONU en pointant un « nettoyage ethnique en cours » à Cisjordanie.

Furieux, Habib nie et éructe dans un propos au caractère délirant et honteux dont il a le secret : « Il n’y pas de nettoyage ethnique en Cisjordanie. » poursuivant « Un Israélien ne sera jamais un colon en Judée. Un Français peut être un colon en Algérie, au Togo, un Britannique en Rhodésie mais un juif ne sera jamais un colon en Judée ». Un déni de réalité délibéré auquel répondra avec vigueur l’ambassadeur qui rappellera les faits : « en Cisjordanie, il y a bien un nettoyage ethnique ».

Le jour même, dans les médias, le député fait tourner sa petite phrase sur tous les tons, en haussant le volume sur les plateaux. La phrase est choquante mais en rien une exclusivité. Nier la colonisation menée par Benjamin Netanyahou – que l’ONU a reconnue et dénoncée à maintes reprises – fait partie de l’ADN politique de Meyer Habib. En 2017, le député niait déjà la colonisation et qualifiait de « pure chimère » la recherche de la solution à deux Etats entre Israéliens et Palestiniens sur la base des frontières de 1967, malgré le consensus international.

Une chose est sûre : Meyer Habib est un va-t-en-guerre qui s’affirme. Depuis le crime de guerre du Hamas, le député n’a eu de cesse de justifier les crimes de guerre de l’armée de Netanyahou. L’homme est aligné sur la thèse du choc des civilisations. Le 11 novembre, le mot lui a échappé « La guerre, ce n’est jamais propre », reconnaissant le caractère d’une guerre, et non d’un affrontement entre « terroristes » et « Etat démocratique ».

Pour lui, la tuerie de masse de plus de 11 000 Palestiniens est logique et bienfondé : « Bien sûr [que la réponse] disproportionnée. Si elle était proportionnée, elle tuerait des bébés ». Comprendre : tuer plus de 11 000 Palestiniens et faire mourir de faim et de soif une population assiégée ne va pas assez loin. Qu’importe le « grave risque de génocide » pointé par l’ONU. Priorité aux charniers : On « est obligé de nettoyer, au sens propre du terme, la bande de Gaza du Hamas », a-t-il déclaré.

L’armée de Benjamin Netanyahu commet des crimes de guerre ? Impossible d’après le député pour qui cette armée est « la plus morale du monde », qui doit faire « le maximum de victimes » d’après un lapsus révélateur tenu hier dans la salle des quatre colonnes de l’Assemblée nationale. Le refrain tourne en boucle depuis le 7 octobre. « Ce n’est pas une vengeance, c’est la justice », répète-t-il en répondeur automatique.

Un répondeur qui s’arrête parfois très vite face à la contradiction, celle des députés insoumis habitués à remettre les pendules à l’heure. Ainsi, le 26 octobre, l’homme qui murmurait à l’oreille de Netanyahou faisait face à Antoine Léaument. Confronté au chiffre des 5000 Palestiniens tués par le député insoumis, Meyer Habib nie en bloc, et dénonce des « chiffres faux » (ceux pourtant que l’ONU a reconnu). L’insoumis tacle alors « Mais alors, sur qui elles tombent les bombes ? » et, en plein direct, M. Habib se décompose et se tait.

Procureur en antisémitisme et partisan du Rassemblement national

Pour mieux justifier les massacres de l’armée, Meyer Habib déploie une stratégie simple et une méthode bien rôdée. Instrumentaliser l’antisémitisme à des fins politiciennes. Pour lui, l’appel au cessez-le-feu porté par Jean-Luc Mélenchon et les insoumis dès le 7 octobre fait d’eux une « cinquième colonne islamiste » et des « antisémites qui doivent être poursuivis pour apologie du terrorisme ». Rien que ça. Leur faute ? Avoir condamné tous les crimes de guerre, ceux du Hamas et ceux de l’armée de Netanyahou, et non pas ceux d’un seul camp comme le fait Meyer Habib.

Le député redouble d’ingéniosité pour inventer des antisémites là où il n’y a en a pas et banaliser ceux qui le sont réellement – ses alliés de l’extrême droite.

L’AFP refuse d’employer le mot « terrorisme » en argumentant à juste titre, selon les mots de son directeur que « Cette consigne a plus de 20 ans et que le ‘sud global’, ne reconnait pas le Hamas comme une organisation terroriste. Ça compte » ? Réponse de Meyer Habib : « l’antisémitisme peut parfois se retrouver à l’Agence France-Presse ». Auditionné au Sénat, le patron de l’AFP, Fabrice Fries, a annoncé qu’il porterait plainte.

Pour lui, il existe « un nouvel antisémitisme de l’islamogauchisme » qui nourrit « une haine des juifs et d’Israël ». La logique est toujours la même : ses cibles privilégiées : les insoumis, les citoyens de confession musulmanes et toute personne qui oserait critiquer Benjamin Netanyahou et sa politique sont déclarés coupables par procès d’intention. Le 31 octobre, le porte-parole de Benjamin Netanyahou a ainsi pu déclarer « la haine des juifs et d’Israël est l’aphrodisiaque des masses arabes ». Un nouveau fait de propagande de guerre et d’insultes abjects à l’encontre des citoyens de confession musulmanes.

Ce ne sont là que des échantillons – loin de l’exhaustivité – des torrents de boue que déversent Meyer Habib sur les musulmans.

Pour aller plus loin : Manifester à côté des héritiers de la SS ? Les insoumis refusent et prennent au sérieux la lutte contre l’antisémitisme et le racisme

Meyer Habib, la personnification de l’alliance entre la droite et l’extrême droite

Avant, pendant et après la marche du 12 novembre, Meyer Habib a joué un rôle central pour la classe médiatique dans cette vaste opération de blanchiment de l’extrême droite et la recomposition du champ politique qu’elle a impliqué.

Avant, il s’est félicité de la venue du RN :  « la participation du Rassemblement national à la marche de dimanche est une bonne nouvelle pour la lutte contre l’antisémitisme !  » a t-il ainsi déclaré le jeudi 9 novembre. Le soir du même jour, le président du RN affirmait pourtant « Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite« , lui l’homme aux multiples condamnations pour antisémitisme, lui qui citait à souhait Robert Brasillach le collaborateur, et bien d’autres nostalgiques de la Waffen SS, lui l’homme pour qui « les chambres à gaz ne sont qu’un détail de l’Histoire« .

Meyer Habib a t-il réagit à la déclaration de Jordan Bardella ? Ou celle de Marine Le Pen qui lendemain refusait elle aussi de reconnaître l’antisémitisme de son père. Pas un mot de Meyer Habib n’a filtré. Car, il l’a dit « Tous les partis de l’arc républicain sont les bienvenus à cette marche contre l’antisémitisme !« , des macronistes au RN en passant par LR.

Pendant la marche, Meyer Habib a donc paradé avec eux, à quelque centaines de mètres des nervis de la ligue de défense juive qui multipliaient les menaces de mort et les agressions et les injures islamophobes.

Après la marche, le porte flingue de Benjamin Netanyahou a poursuivi sa trajectoire. Pas un mot ou une critique sur la présence de petits Goebbels lors des marches et rassemblements du dimanche. Silence radio sur la présence de Philippe Vardon, ce chanteur nazi, du groupe « Nous sommes la Zylkon army » qui prenait la pose aux côtés de Christian Estrosi à Nice.

Dans son service après marche, Meyer Habib est même allé jusqu’à déclarer, sur un plateau : « Il y avait une grande absente à la marche : la communauté musulmane ». Peut-on vraiment leur reprocher d’avoir refuser de participer à une opération de blanchiment de l’extrême droite, à l’instar de LFI, de la CGT, FSU, Solidaires et d’une dizaine d’organisations de masses ?

Peut-on vraiment leur reprocher de ne pas parader aux côtés de celui qui passe le plus clair de son temps d’antenne et de vie à les insulter ? Non, évidemment. La marche a été un échec total, qui a rabougri la lutte contre l’antisémitisme en la captant à des fins politiciennes. Celles de la justification des massacres à Gaza et de la jonction de la droite et de l’extrême droite.

Sylvain Noel, rédacteur en chef