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Enfants sans-abris : la Mairie de Toulouse et le Préfet flirtent avec la préférence nationale

À Toulouse, la température extérieure avoisine les -3° et la liste des enfants recensés dormant à la rue augmente. Cette semaine, c’est une mère isolée avec son enfant de moins de 3 ans qui a été trouvée sur un banc, et une famille avec 8 enfants, dont le plus jeune est âgé d’à peine 5 mois, dormant dans une camionnette. Et ce n’est que la face visible de l’iceberg.

Les places d’hébergement d’urgence manquent, faute de gestion anticipée de la part de l’État qui a débloqué un nombre insuffisant de places le 12 décembre. Pire, la Préfecture de Haute-Garonne et le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, affirment que tous les cas ne se valent pas, et que certains enfants ne méritent pas d’être mis à l’abri, car en situation irrégulière. Notre brève.

Enfants à la rue en plein hiver, qui aurait pu prédire ?

Sans moyens supplémentaires et avec la suppression des places d’hôtel pour l’hébergement d’urgence sans compensation, la situation était courue d’avance. Malgré les alertes des associations, des députés et des conseillers municipaux, la Préfecture de Toulouse et la Mairie font la sourde oreille. Sur les 200 places promises, seules 130 ont été ouvertes. Rien n’a été planifié, anticipé alors que la situation était largement connue. Les associations de solidarité se sont vues allouer des moyens tardivement, le 15 décembre, et n’ont pas pu loger l’ensemble des familles connues.

La Mairie de Toulouse se targue de mettre à disposition de la Préfecture un immeuble de 100 places, faisant croire à une démarche nouvelle, alors qu’il était déjà disponible l’année dernière. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, savait très bien que la situation était plus critique que l’année précédente. Pourtant, il n’a rien fait de plus et il est impossible de savoir à ce jour si l’immeuble en question est bien complet. Comment pourrait-il en être autrement quand on voit encore aujourd’hui des enfants dormir dehors ?

Le droit inconditionnel à un logement d’urgence bafoué

Mais la situation est plus critique encore. Le 115 est saturé : au cours du mois de décembre, 2000 personnes différentes ont formulé une demande non pourvue par le 115, ce qui représente 1000 ménages différents, avec 600 mineurs. Une famille qui a été mise à l’abri dans une école occupée par le collectif Jamais sans toit explique que le 115 leur a indiqué qu’ils n’étaient pas prioritaires, car leur enfant était trop âgé. Il a 6 ans.

La situation toulousaine est telle qu’un enfant scolarisé en CP, qui apprend à lire, n’est pas considéré comme prioritaire, car il y a des enfants en bas âge et des nourrissons à mettre à l’abri avant. Pire, la Préfecture justifie de laisser à la rue des familles par le fait qu’elles sont en situation irrégulière, s’asseyant ainsi sur le droit à être mis à l’abri pour tous et toutes.

La Mairie de Toulouse applique le programme du RN

Face à la défaillance de l’État et l’inaction de la mairie de Toulouse, les parents, les enseignants et la communauté éducative se sont mobilisés pour mettre les familles d’élèves à l’abri. Cette semaine, une directrice d’école a été convoquée par le rectorat, incité par le maire de Toulouse, qui a demandé des sanctions parce qu’elle avait hébergé une famille de sans-abri au sein de l’établissement. L’édile de la ville a qualifié son action de hors la loi et indiqué engager des procédures d’expulsion dans les écoles utilisées comme refuge.

Pour aller plus loin : Retrait de la loi Darmanin-Le Pen : des mobilisations partout en France ce dimanche 14 janvier

Surtout, le maire de Toulouse reprend les idées de l’extrême droite. Selon lui, il faudrait opérer un tri entre les familles étrangères. Une idée affirmée en Conseil Municipal de Toulouse du 1ᵉʳ décembre et réaffirmée dans un tweet du groupe majoritaire de Jean-Luc Moudenc.

Finalement, les enfants à la rue en situation irrégulière sont déshumanisés, considérés comme indignes d’être protégés du froid. Avec les arrêtés anti-bivouac, les mesures de répression des associations de solidarité et des enseignants, c’est une véritable chasse aux réfugiés et aux plus précaires qui est menée par le Maire de Toulouse.

Par Agathe ROBY