ministère de la santé prudhomme

Pauvre sous-ministère de la Santé

Confrontée à une situation de dégradation continue du système de santé, la population a fait de cette question une de ses premières préoccupations. Le pouvoir politique en est bien conscient à l’image d’un E. Macron intervenant régulièrement sur le sujet lors de ses allocutions télévisées en égrenant des promesses qui, triste constat, ne sont jamais tenues. Le nouveau premier Ministre lors de son déplacement à Dijon samedi s’inscrit dans les mêmes pas avec l’annonce d’une enveloppe de 32 milliards sur 5 ans. Coup de com qui confine au mensonge car il s’agit simplement de l’évolution annuelle normalement prévue de 2,5 % du budget de l’assurance maladie !

Malheureusement le constat depuis 2017 est que les ministres se sont succédés à un rythme très rapide, se sont contentés de communication et n’ont fait qu’accompagner, voire accélérer la dégradation de l’offre de soins. Que penser face à l’ampleur des problèmes de ministres qui ne restent que quelques mois puis disparaissent du fait de la volonté du prince, ce qui permet d’éviter tout débat de fond et de se contenter de mesures d’urgence qui se succèdent pour colmater les brèches, à l’instar des dernières mesures validées par décret en fin d’année de fonctionnement dégradé des services d’urgence et des SAMU ?

Disparition d’un ministère de la Santé de plein droit

Voici quelques jours nous découvrons la nouvelle composition du gouvernement avec la disparition d’un ministère de la Santé de plein droit. Non seulement ce domaine est mélangé avec le travail et les solidarités mais en plus le secrétariat d’État chargé de la santé n’intégrera visiblement pas la prévention ce qui constitue une hérésie en termes de santé publique. Il s’agit d’un affaiblissement supplémentaire des moyens de l’État dans le domaine de la santé qui s’ajoute au démantèlement de l’administration depuis le début des années 2000, avec la création de multiples agences dont nous avons pu constater l’inefficacité lors de la crise COVID. A cela s’ajoute, la tutelle de Bercy qui contrôle le budget de la Sécurité sociale et ne laisse aucune marge de manœuvre politique à un ministère de la Santé et encore moins à un secrétariat d’État.

Même si les femmes et les hommes dans la logique de la verticale du pouvoir de la macronie n’ont qu’une importance limitée, la personnalité de la nouvelle ministre est un signe très négatif pour l‘avenir de notre système de santé et de protection sociale.

En effet, cette femme est issue de la droite la plus dure avec une forte tendance réactionnaire sur les sujets de société. Ancien soutien de la Manif pour tous, opposé au mariage de personnes du même sexe, même si elle dit regretter son vote de l’époque, comment pourra-t-elle porter avec sérénité le débat sur le projet de loi sur la fin de vie ? Et nous pouvons craindre le pire concernant la mise en œuvre de l’accord passé avec ses « anciens » amis sur l’Aide médicale d’État pour obtenir leur soutien sur la loi immigration. Bref, même sous des gouvernements de droite, cela fait très longtemps que nous n’avons pas eu de ministre au profil aussi rétrograde.

Dr Christophe Prudhomme