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Vœux 2024 : les 32 heures à l’hôpital

Le néolibéralisme détruit l’hôpital public. Des services d’urgence ferment, le SAMU sature, et des hôpitaux font appels à la charité pour acheter du matériel.

A cause de conditions de travail dégradées, les métiers du soin sont désertés. Les démissions sont massives. Dans les instituts de formation infirmière et des écoles d’aides-soignants, le taux d’abandon et d’échec lors des études est passé de 5% à près de 25%. Une des solutions qui pourraient améliorer la situation est le passage aux 32 h sur 4 jours libérant ainsi 3 jours de repos, en plus de la hausse des effectifs et des budgets pour améliorer l’attractivité. Le billet du docteur Prud’homme.

L’hopital s’enfonce dans la crise

D’année en année, l’hôpital s’enfonce dans la crise. La cause est connue, il s’agit de la politique néolibérale lui imposant les règles de fonctionnement et de financement des entreprises de production, accompagnée de budgets insuffisants générant sciemment des déficits avec leurs plans d’économie récurrents dans une logique strictement financière.

En cette fin d’année, la dégradation ne peut plus être cachée avec la fermeture de très nombreux services d’urgence, des standards des SAMU débordés et, cerise sur le gâteau, l’appel à la charité publique pour acheter un scanner dans un des plus grands hôpitaux parisiens.

Le gouvernement actuel essaie de se dédouaner derrière l’argument du manque de personnel. S’il est vrai qu’il existe un déficit de de médecins, le problème actuel est surtout lié à la fermeture de lits d’hospitalisation due au manque d’infirmier.ère.s et d’aides-soignant.e.s. Ces deux professions sont actuellement confrontées à une baisse dramatique de leur attractivité alors qu’elles sont toujours considérées par les jeunes comme des métiers porteurs de sens, où il s’agit d’aider les autres, où le contact humain est au premier plan, avec une dimension d’utilité forte pour la société. Alors comment en sommes-nous arrivés là ? Deux phénomènes s’additionnent aujourd’hui. D’une part des démissions massives avec un abandon du métier. C’est le cas de près de 200 000 infirmier.ère.s diplômé.e.s qui n’exercent plus et chez les aides-soignant.es, nous ne disposons pas de chiffres mais la situation est encore pire. Le plus catastrophique est le taux d’abandon et d’échec lors des études qui est passé de 5 % à près de 25 % dans les instituts de formation infirmière et des écoles d’aides-soignant.e.s qui ne remplissent plus leurs classes.

L’une des solutions : le passage aux 32h

Différentes études mettent en avant les mêmes causes. Pour les professionnel.le.s en poste, il s’agit des conditions de travail avec le manque de personnel, des horaires décalés et la perte de sens au travail. Pour les étudiant.e.s, une confrontation lors des stages dans les services à des situations très dégradées avec la nécessité de remplacer le personnel en sous-effectif sans véritable encadrement.

En fait, ce qui pèse sur ces professions où longtemps a été mis en avant la vocation et le don de soi, est l’absence de prise en compte de la pénibilité physique et de la charge mentale qui sont devenues de plus en plus pesantes, dans un contexte de fonctionnement à flux tendu et de recherche de productivité.

Une des solutions qui pourraient améliorer la situation est le passage aux 32 h sur 4 jours libérant ainsi 3 jours de repos. Ce rythme de travail a été adopté dans certaines entreprises tant en France qu’à l’étranger avec de premiers résultats positifs. Même si d’autres éléments d’attractivité comme celui des salaires, des effectifs et des budgets sont importants, cette première mesure serait un premier progrès notable en termes d’attractivité. Alors faisons le vœu qu’en 2024, grâce à nos luttes, nous puissions ouvrir les perspectives de cette évolution.

Dr Christophe Prudhomme