Yael Braun-Pivet retraite

Yaël Braun-Pivet censure la proposition de loi insoumise pour abroger la retraite à 64 ans

Retraite. La décision vient de tomber. À peine quelques heures après le déclenchement du 16ᵉ 49.3, Yaël Braun-Pivet et les députés du camp présidentiel viennent de récidiver dans leur dérive autoritaire. Ils ont censuré, ce midi, la proposition de loi des insoumis visant à abroger la réforme des retraites à 64 ans, une réforme qui n’a jamais eu aucune justification, entrée en vigueur sans aucun vote, rejetée par 93% des actifs et contestée par des millions de personnes dans la rue pendant le plus long conflit social depuis mai 1968.

Dans le cadre de leur niche parlementaire du 30 novembre prochain (une journée par an où ils peuvent déterminer l’ordre du jour de l’Assemblée nationale), les insoumis entendaient faire voter aux députés un texte d’abrogation de cette réforme qui vole deux ans de vie à l’ensemble à des Français. Le Bureau de l’Assemblée nationale en a décidé autrement.

En violant les règlements de la Chambre basse du Parlement, il a déclaré irrecevable la proposition de loi insoumise. Le camp présidentiel manœuvre ainsi une nouvelle fois pour éviter tout vote sur la retraite à 64 ans. Un nouveau coup de force démocratique dénoncée par le groupe parlementaire LFI et l’ensemble des insoumis pour qui l’affaire de la retraite à 64 ans ne sera jamais réglée, et la page jamais tournée. Notre article.

« Jamais dans l’histoire de notre institution, le Bureau n’est revenu sur une proposition de loi déjà déclarée recevable par une délégation de députés… nommée par ce même Bureau »

Dans le cadre de la préparation de la niche parlementaire de LFI, une première censure d’un texte d’abrogation de la réforme des retraites avait eu lieu le 17 octobre dernier. Le groupe parlementaire insoumis avait alors décidé de reprendre telle quelle la proposition d’abrogation du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), déclarée recevable en juin 2023. La nouvelle proposition de loi devait logiquement être inscrite à l’ordre du jour de la niche parlementaire, en séance publique, par la conférence des présidents de l’Assemblée nationale.

Elle était censée se tenir hier, mardi 7 novembre. Elle a été décalée à aujourd’hui, en fin de journée, afin de permettre au Bureau de l’Assemblée de discuter de la recevabilité de la proposition des insoumis ce matin. En voilà le résultat : une censure du texte de LFI, manu militari. « Jamais dans l’histoire de notre institution, le Bureau n’est revenu sur une proposition de loi déjà déclarée recevable par une délégation de députés… nommée par ce même Bureau », dénoncent les députés insoumis dans un communiqué.

Censure d’une loi d’abrogation de la retraite à 64 ans : une sensation de déjà-vu

Une sensation de déjà-vu. Souvenez-vous, en effet, du 8 juin 2023, jour de la niche parlementaire du groupe LIOT à l’Assemblée nationale. Avec le groupe LIOT, les députés NUPES avaient co-signé une proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans. Par peur de perdre, la minorité présidentielle avaient préféré piétiner le Parlement en empêchant la tenue d’un vote par de multiples manœuvres institutionnelles. Le groupe LIOT n’avait eu d’autre choix que de retirer une proposition de loi vidée de sa subsistance.

Retour sur les évènements du 8 juin : Retraites : LIOT retire son texte, la démocratie humiliée

Dans quelle démocratie peut-on décider de faire travailler l’ensemble de la population 2 ans de plus, sans qu’il n’y ait jamais eu de vote de l’Assemblée nationale ? Alors que 93% des actifs et l’ensemble des syndicats étaient contre, que des millions de personnes ont manifesté des mois durant partout dans le pays pour s’y opposer ? Le camp présidentiel ne veut pas aller au vote parce qu’il a peur de le perdre. Sinon, il n’aurait jamais usé d’un 49.3 et ne mettrait pas en œuvre tous ces subterfuges réglementaires pour servir ses intérêts politiques. La France va-t-elle rester cantonnée encore longtemps dans ce régime macroniste, lancé dans une pente autoritaire largement assumée par ceux qui gouvernent le pays ?