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« Rien ne doit empêcher Israël de se défendre » : Yaël Braun-Pivet justifie les massacres à Gaza, Mathilde Panot la recadre à l’Assemblée

« Rien ne doit empêcher Israël de se défendre ». La déclaration est signée Yaël Braun-Pivet, en déplacement officiel en Israël ce week-end aux côtés des députés Mathieu Lefèvre (Renaissance, ex-LREM), Eric Ciotti (LR) et Meyer Habib. Le troisième est connu pour être un proche de Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, à la tête d’un gouvernement d’extrême droite. Deux semaines après avoir annoncé son « soutien inconditionnel » à l’État d’Israël, la présidente de l’Assemblée nationale persiste et signe dans son alignement plein et entier avec la politique d’Israël.

En voyage soit-disant « humanitaire » et de « solidarité », Yaël Braun-Pivet n’aura fait preuve ni de l’un ni de l’autre, trahissant une nouvelle fois la position historique de la France. Quels mots pour les crimes de guerre en série commis par l’armée israélienne ? Quels mots pour les 5 000 Palestiniens tués dont 2 055 enfants ? Une déclaration concernant l’intensification des bombardements à Gaza et le « nettoyage ethnique » en cours, sur lequel l’ONU alerte ? Rien n’a filtré : les quatre maniacs de la guerre ont passé sous silence toutes ces questions, préférant s’aligner sur Benjamin Netanyahou et son ministre de la défense qualifiant les Palestiniens d’« animaux humains ».

Devant le tollé général provoqué par ses déclarations, Yaël Braun-Pivet a choisi d’inventer une nouvelle polémique de toutes pièces contre Jean-Luc Mélenchon. Un nouvelle polémique sur les dizaines lancées contre les insoumis depuis le 7 octobre qui, comme les précédentes, n’aura pas fait long feu.

Cet après-midi, Mathilde Panot, cheffe de file des insoumis à l’Assemblée nationale, n’a pas mâché ses mots pour dénoncer le silence complice et coupable de Yaël Braun-Pivet. La députée insoumise a été la seule à porter le langage de la paix, en dénonçant les crimes de guerre des deux côtés, et en appelant à l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat. Notre article.

« Rien ne doit empêcher Israël de se défendre » : le quator des va-t-en-guerre justifie les massacres à Gaza

Yaël Braun-Pivet, Eric Ciotti, Mathieu Lefèvre et Meyer Habib formaient une « délégation » en Israël. Leur point commun ? Être tous les quatre des maniacs de la guerre et des fossoyeurs de la paix. Faire preuve d’un silence absolu et complice quant aux crimes de guerre commis à Gaza en les justifiant par « le droit d’Israël à se défendre », tout en construisant des fausses polémiques à la chaîne contre les insoumis. Telle est leur signature politique. Jour après jour, leurs déclarations belliqueuses se multiplient. Pour Yaël Braun-Pivet, « Il y a un attaquant et des attaqués ».

La déclaration équivaut à un reversement historique total et ne varie pas d’un pouce par rapport aux déclarations précédentes de la présidente de l’Assemblée nationale. Il n’y aurait donc pas d’un côté, un État colonisateur (Israël) et un Etat colonisé (la Palestine), mais un « attaquant » et des « attaqués », des « terroristes », et un « Etat légitime ». De telles déclarations ne sont pas étonnantes d’une personnalité alignée sur l’extrême droite israélienne.

Ce champ lexical est celui du « choc des civilisations », la théorie portée par Samuel Huntington. Parler de « terroristes » et des « attaquant » ouvre la voie à la justification du cycle de représailles de Benjamin Netanyahou sur le peuple palestinien. La députée Renaissance l’a martelé : « La France soutient pleinement Israël », et affirme qu’ « il ne faut pas se tromper ni de combats, ni de mots ». Ce sont leurs combats et leurs mots que le camp présidentiel et ses alliés veulent imposer dans le débat public.

Leur combat : se ranger « inconditionnellement » derrière Benjamin Netanyahou qui applique sa « vengeance terrible » à Gaza avec déjà 5 000 Palestiniens tués depuis le 7 octobre. Leurs mots, ce sont ceux qui justifient ces crimes de guerre, en parlant de « lutte contre le terrorisme », en ne condamnant pas les massacres des civils palestiniens, et en refusant tout appel au cessez-le-feu. Des mots qui justifient les massacres à Gaza et sont complètement à rebours de ceux utilisés par l’ONU.

Pour Meyer Habib, la tonalité est la même, en pire. Sur CNEWS, ce maniac de la guerre a déclaré : « Le peuple juif respecte la vie à la différence du peuple palestinien qui exhibe et qui ment ». Personne n’a soulevé l’horreur de cette déclaration qui traîne dans la boue le peuple palestinien. Personne à part les insoumis, Manuel Bompard ayant déclaré : « Ce chef de guerre raciste faisait partie de la délégation de la présidente de l’Assemblée nationale. Ça ne dérange personne ? ».

Le déversement de propos haineux de Meyer Habib ne date pas d’hier, et va en s’empirant de jour en jour. Pour lui, Jean-Luc Mélenchon est le chef de file « de la cinquième colonne du djihadisme ». Voilà donc le statut réservé aux partisans de la paix et du cessez-le-feu. Pour M. Habib, toutes les instances internationales appelant à la paix juste et durable à l’instar des insoumis sont donc membres de cette cinquième colonne.

Pour lui, « la cause palestinienne est un fond de commerce électoral » et la recherche d’une solution politique au conflit n’est que « pure chimère ». Sur un plateau, le député insoumis Antoine Léaument l’a remis en place, lui lançant : « Ayez du respect pour les victimes dans ce débat ! Ce n’est pas parce que le Hamas se comporte en bourreau qu’Israël doit se comporter en bourreau ».

La ligne est assumée : pour lui et les autres promoteurs de Benjamin Netanyahou, la tuerie de masse des Palestiniens s’inscrit dans « le droit d’Israël à se défendre ». Même tonalité pour Eric Ciotti, qui appelle à « rompre avec une forme de tradition diplomatique globalement pro-arabe ». Pour lui « une démocratie respecte toujours le droit international. Israël est la seule démocratie dans cette région du monde et a le droit de se défendre ».

Silence radio sur les 5 000 Palestiniens tués. Rien non plus sur l’accusation des ONG et de nombreux experts quant à l’utilisation de bombes au phosphore blanc par l’armée israélienne. Pas un mot du danger de « nettoyage ethnique » à Gaza, sur lequel l’ONU a alerté.

L’alignement sur les positions de l’extrême droite israélienne est tellement criant que, déjà, dans le camp présidentiel, les langues se délient. Une député Renaissance (ex-LREM), Mireille Clapot, évoque le voyage de Braun-Pivet comme entrant « en contradiction avec la ligne historique de la France ». Sur les réseaux, la députée appelle à l’arrêt du siège de Gaza et des bombardements des civils.

Plutôt que de répondre sur le fond, la présidente de l’Assemblée nationale a choisi de construire une nouvelle polémique, ignoble et basse, en accusant Jean-Luc Mélenchon d’ « antisémitisme » ce matin sur France inter. Une nouvelle fois, ce registre infâme est utilisé pour tenter de salir les insoumis et leur prêter des positions qui ne sont pas les leurs.

Dimanche, après l’immense succès de la manifestation place de la République ayant réuni plus de 30 000 personnes pour appeler au cessez-le-feu et à la paix en Palestine, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé sur les réseaux. Le leader insoumis a déclaré : «Voici la France. Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français ! »

Pour aller plus loin : Cessez-le-feu en Palestine : plus de 30 000 personnes rassemblées à Paris pour la paix

Pour Yaël Braun-Pivet, utiliser le mot « camp » aurait un contenu antisémite. Elle a ainsi sonné une nouvelle fois la charge de la classe médiatique à sa rescousse pour éviter de parler des soutiens majoritaires à la cause de la paix juste et durable en Palestine. Cet après-midi, Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale, a déclaré que les Etats-Unis « ont basculé dans le camp des pousse-au-crime en cassant les accords de Paris avec l’Iran, et en cautionnant le transfert de leur ambassade à Jérusalem ».

Sera-t-il aussi taxé d’antisémitisme pour avoir utiliser le mot « camp » ? Toutes les voix s’exprimant pour le camp de la paix sont-elles aussi antisémites d’après Yaël Braun-Pivet ? Les insoumis ont dénoncé une accusation « grossière ». Une chose est sûre : aucun insoumis n’a jamais fait preuve d’antisémitisme, aucun n’a été condamné pour cela. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une « absurde police des mots » qui est aussi « une pitoyable diversion pour détourner l’attention de sa grave faute politique. »

A l’Assemblée nationale, Mathilde Panot remet à sa place Yaël Braun-Pivet et appelle au cessez-le-feu et à la paix

Cet après-midi, un débat était organisé à l’Assemblée nationale sur la « situation au Proche-Orient, et son impact en France ». La Première ministre, Elisabeth Borne, a apporté d’emblée son soutien à Yaël Braun-Pivet, justifiant ainsi, elle aussi et une nouvelle fois, le « droit d’Israël de se défendre ».

Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire insoumis, est intervenue par un vibrant discours redonnant aux débats une hauteur de vue en adoptant le langage de la paix. Réagissant aux déclarations de Yaël Braun-Pivet en Israël ce weekend, elle a déclaré : « Les propos tenus par la présidente de l’Assemblée, 4ème personnage de l’Etat, ‘rien ne doit empêcher Israël de se défendre’, au moment même où la rapporteure spéciale de l’ONU alerte sur le risque de nettoyage ethnique à Gaza, sont inacceptables »

Le constat est clair : « Dans le concert des nations pour la paix, la voix de la France manque » a rappelé la députée insoumise. Face à des groupes politiques alignés sur l’extrême droite israélienne ou frileux à l’idée de dénoncer clairement les crimes de guerre de Netanyahou, elle a interrogée : « Pourquoi la France est-elle incapable de dénoncer avec la même force les crimes de guerre commis par le Hamas et ceux commis par le gouvernement de Netanyahou ? »

La présidente du groupe parlementaire insoumis l’a rappelé clairement : le gouvernement a « choisi d’abandonner la position historique de la France. La France est entre vos mains devenue un État aligné sur les États-Unis et sur le gouvernement israélien va-t-en-guerre d’extrême droite ».

Elle a aussi dénoncé la criminalisation des soutiens au peuple palestinien, à l’instar des 170 personnalités s’étant exprimés récemment par une tribune à Mediapart : « La France de Gérald Darmanin est devenu le pays où le seul crime de Benzema est de s’appeler Karim » tout en répondant aux fausses polémiques contre les insoumis : « Nous sommes repeints en antisémites par des irresponsables. Contre les antisémites, nous nous tiendrons comme nous l’avons toujours fait aux côtés de tous nos concitoyens de confession juive ».

Au cœur de l’hémicycle qui avait vu applaudir l’ensemble des députés, exceptés les insoumis, au « soutien inconditionnel de la France à l’Etat d’Israël », la présidente du groupe parlementaire a une nouvelle fois parlé le langage de la paix : « Cessez-le-feu, voilà l’appel que vous vous refusez toujours à lancer. Seul un cessez-le-feu immédiat permettra de sauver des dizaines de milliers de vies innocentes ». Toutes les voix de l’hémicycle ne s’alignent pas sur l’extrême droite israélienne, celles des insoumis portent la paix et le cessez-le-feu depuis le premier jour.

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