Extrême droite. En cette rentrée, l’Institut la Boétie continue sa montée en puissance sur tous les fronts. Au point même où deux promotions de son « cursus renforcé » – l’école de formation – se chevauchent. La première, la promotion « Louise Michel » entame son second semestre. La deuxième, la promotion « Thomas Sankara » débute son premier. Toutes deux comptent chacune près de 70 étudiants de tout horizon. Haut lieu d’élaboration de la pensée politique et outil d’éducation population, l’Institut poursuit aussi ses travaux pour porter et partager une pensée critique, et définir ainsi une alternative au système dominant. La dernière conférence autour du livre de Julia Cagé et Thomas Piketty l’a parfaitement illustré.
Ce week-end, l’Institut la Boétie et ses équipes relèvent un nouveau défi intellectuel et logistique : deux jours de colloque sur le thème « Extrême droite : le dessous des cartes : comment la vaincre ? ». Deux jours pour faire le plein d’analyses et d’arguments pour vaincre les fascistes. A l’heure où les menaces physiques des hyènes d’extrême droite se multiplient (notamment contre les insoumis) pendant que les médias ressassent jour après jour leurs thématiques racistes, fortifier ses arguments est une nécessité. Dans les coulisses, les fines équipes de l’Institut y travaillent d’arrache-pied.
Auprès des journalistes de l’Insoumission.fr, le secrétaire général de la Boétie nous explique l’objectif et les dessous des cartes d’un colloque qui s’annonce déjà comme exceptionnel. Un intense moment de préparation intellectuelle et pratique à ne pas rater. Notre article.
Des munitions pour abattre l’extrême droite : l’importance de faire le plein d’arguments
Ces derniers temps l’ont montré, l’extrême droite pullule de façon inquiétante dans le pays et menace physiquement chacun d’entre nous. Dans ses réseaux, sur des boucles de messagerie, les appels aux meurtres contre les insoumis se multiplient. Jean-Luc Mélenchon et plus d’une quinzaines de députés insoumis ainsi que de nombreux militants sont menacés de mort, régulièrement.
Les signaux d’alertes sont partout, et tout le temps. Il y a un mois, René Révol, maire insoumis, a été agressé par deux fascistes à la lâcheté chevillé au corps, à coup de « Ami des arabes, tu ne perds rien pour attendre ». En juin, des militants LFI de Rennes ont été agressés par des hommes cagoulés munis de battes de baseball. En Gironde, en décembre dernier, des fascistes armés de barres de fer avaient tenté d’interrompre une conférence de Louis Boyard et Carlos Martens Bilongo, députés insoumis.
Dans la nuit du 20 au 21 juillet 2023, le domicile de Willy Malaroda, militant insoumis, a été ravagé par un incendie criminel après que des pieds de cochons aient été déposés devant chez lui quelques jours auparavant. En parallèle, Emmanuel Macron, Gérald Darmanin et leurs valets adoptent le lexique de l’extrême droite et font l’apologie de l’antisémite Barrès et Pétain, tout en incluant Marine Le Pen dans leur « arc républicain ». Le tout avec un silence complice et coupable quant aux violences, aux intimidations et aux menaces qui n’arrêtent pas.
Que faire face à ceux qui se sont retranchés de la République et le menacent jour après jour ? Se préparer méthodiquement, physiquement et intellectuellement. Faire le plein d’arguments et se préparer sur tous les modes opératoires nécessaires pour assurer la défaite des pourvoyeurs de haine, de racisme et de morts.
« Comprendre les dynamiques à l’œuvre du côté de l’extrême droite » :
Qu’attendre de ce colloque « Extrême droite : le dessous des cartes : comment la vaincre ? ». D’où vient l’idée ? Comment a t-elle germé et quels objectifs sont attendus ? Auprès des journalistes de l’Insoumission.fr, Manuel Menal, secrétaire général, nous raconte les coulisses et les perspectives attendus d’un colloque qui est « un projet important pour nous depuis le début. »
Déjà, aux AMFIS 2023 – dont la programmation exceptionnelle avait été élaboré en partenariat avec La Boétie – l’Institut avait organisé une série de conférences. L’une d’entre elle interrogeait « Les classes populaires ont-elles quitté la gauche pour l’extrême droite ? ». Une thématique qui préfigurait déjà les débats à venir autour du livre de Thomas Piketty et Julia Cagé.
Le secrétaire général nous précise : « Il est de notre rôle d’aider le monde politique à comprendre les dynamiques à l’œuvre du côté de l’extrême droite, ses forces mais aussi ses faiblesses, son rapport à la violence, mais aussi la jonction toujours plus forte entre libéralisme autoritaire, extrême droite et monde médiatique. » Car c’est bien la vocation profonde de l’Institut La Boétie : créer un lien productif et fertile entre deux univers différents : « À La Boétie, nous concevons notre rôle comme celui de passeur entre monde intellectuel et politique. » résume ainsi Manuel Menal.
Ce rôle de passeur s’illustrera une nouvelle fois demain : « Beaucoup de chercheuses et chercheurs font un travail remarquable d’enquêtes de terrain et d’analyses pour comprendre l’extrême droite. Il était essentiel pour nous que ces travaux viennent aider plus directement la lutte politique contre l’extrême droite. De leur montrer que l’extrême droite peut être vaincue, que son ascension n’est pas irrésistible, contrairement à ce qu’en dit le discours médiatique dominant. »
13 sessions : un colloque avec un programme en acier trempé
Avec près de 13 sessions et un programme en acier trempé, le colloque promet déjà d’être un intense moment de préparation intellectuelle et pratique. Universitaires, rédacteurs en chefs de médias engagés, chercheurs et chercheuses, représentants de luttes et autres invités, ils seront des dizaines à apporter leurs connaissances et argumentaires ce weekend.
Toutes les grandes thématiques liées à l’extrême droite seront abordées. La cartographie des groupuscules en blouson qui tuent. L’étude des médias qui organisent la corruption mentale de l’opinion par le pilonnage des thématiques racistes. L’analyse de la supercherie sociale, écologique et démocratique de la facette institutionnelle de l’extrême droite, dangereusement banalisé. Mais aussi l’analyse des visages internationaux des fascistes et bien d’autres sujets.
Il y a quelques jours, l’Insoumission.fr publiait un article sur la percée inquiétante du parti d’extrême droite, l’Alternative pour l’Allemagne (AdD) dans plusieurs landers. Dans le pays berceau du nazisme et des crimes d’Adolf Hitler, les pires abominations sont de retour. Une nouvelle qui a de quoi glacer le sang, comme tant d’autres signaux d’alertes qui rendent précieux et indispensable le colloque de ce weekend.
Il sera ouvert par la co-présidente de l’Institut La Boétie, Clémence Guetté et se terminera par une plénière sur « l’extrême droite face à l’écologie » dimanche après-midi.
Sylvain Noel, rédacteur en chef
