Israël-Palestine
Gaza 2014

Israël-Palestine : le Gouvernement français confirme le « droit d’Israël de se défendre », l’ONU dénonce une « catastrophe humanitaire inédite » à Gaza

Israël-Palestine. Hier, Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères et de l’Europe, a tenu une conférence de presse à Tel-Aviv. Devant un parterre de journalistes, elle a déclaré : « Il est important dans ces circonstances de commencer par le commencement et de redire qu’Israël a le droit de se défendre face à la monstruosité du Hamas et au danger qu’il représente ». Elle poursuit : « sa réponse doit être ferme, juste, forte. Elle sera forte si elle est juste. Elle sera juste si elle est conforme au droit international et préserve les populations civiles ». Voilà donc la déclaration, ni juste ni forte, de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France depuis 2022.

Alors que l’ONU alerte sur un risque de « nettoyage ethnique » et une « catastrophe humanitaire inédite », les autorités françaises s’enfoncent dans un silence complice et coupable des crimes de guerre de l’armée israélienne. Le bilan s’alourdit d’heure en heure. Comment est-il possible de défendre, malgré tout, « le droit d’Israël à se défendre » ? Les vies des 2 670 civils palestiniens, dont 724 enfants, tués sous les tapis de bombes qui pleuvent à raison d’une toutes les 30 secondes, ne comptent-elles pas aux yeux des autorités françaises ? Pourquoi ne pas appeler à la désescalade et au cessez-le-feu immédiat ? Pourquoi est-ce si difficile, pour les autorités françaises, de dénoncer les crimes de guerre du Hamas et ceux de l’armée israélienne ?

Dans les faits, la parole de la ministre s’inscrit dans la continuité de celle des autorités françaises depuis le début du conflit. Samedi, par quatre tweets inconsistants, Emmanuel Macron déclarait « À Gaza comme ailleurs, le droit humanitaire doit être respecté », sans un seul mot pour appeler au cessez-le-feu immédiat, ni pour respecter les résolutions de l’ONU, ni de soutien ou de dénonciation des crimes de guerre en cours à Gaza comme cela avait été le cas dans le conflit russo-ukrainien.

Hier, lors d’un entretien téléphonique avec le président iranien Ebrahim Raissi, Emmanuel Macron a « mis en garde » son homologue « contre toute escalade ou extension du conflit ». Comment interpréter la « mise en garde de l’Iran contre toute escalade » alors qu’un blanc-seing à la « vengeance terrible » de Benjamin Netanyahou lui a été donné ? Notre article. 

2 670 civils palestiniens tués dont 724 enfants : une « riposte juste et forte » d’après la ministre des Affaires étrangères

Depuis une semaine, le bilan morbide du conflit ne cesse de s’alourdir. D’après les derniers chiffres publiés, une semaine après l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, on dénombre 1 400 morts côté israélien, 2 670 civils palestiniens tués, dont 724 enfants, 9 600 blessés, et 1 million de civils déplacés. 

Les civils palestiniens subissent un siège complet qui les prive de tout. Hier, le secrétaire général a décrit une « abime » dans un Gaza qui « manque d’eau, d’électricité et d’autres fournitures essentielles ». Samedi, l’ONU a aussi alerté sur un danger de « nettoyage ethnique » à Gaza à l’instar d’un diplomate européen ayant exprimé les mêmes craintes au Financial Times. Les Nations Unies ont aussi annoncé que la guerre à Gaza avait eu pour conséquence environ un million de déplacés en une semaine.

Même les responsables de l’ONG Médecins Sans Frontières peinent à accéder à de l’eau potable, selon leurs dernières déclarations. Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, alerte-lui aussi : « Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours », a-t-il affirmé hier en conférence de presse, en déclarant que « Gaza se fait étrangler ».

Israël-Palestine : les autorités françaises complices et coupables des crimes de guerre de l’armée israélienne 

La parole de la ministre s’inscrit dans la continuité de celle des autorités françaises depuis le début du conflit. Samedi, par quatre tweets inconsistants, Emmanuel Macron déclarait : « À Gaza comme ailleurs, le droit humanitaire doit être respecté », sans un mot de soutien aux 2,5 millions de Palestiniens menacés dans leur existence, sommés de partir de chez eux en 24 heures sous les coups des bombardements aériens et des salves d’artilleries tirées toutes les 30 secondes.

Hier, lors d’un entretien téléphonique avec le président iranien Ebrahim Raissi, Emmanuel Macron a « mis en garde » son homologue « contre toute escalade ou extension du conflit ». Pourquoi cette mise en garde n’est-elle pas faite auprès de Benjamin Netanyahou, celui-là même qui qualifie les Palestiniens d’« animaux humains » tout en annonçant que les bombardements ne sont « qu’un début » ? L’alignement des autorités françaises sur les positions du gouvernement d’extrême droite israélien revient à donner un blanc-seing aux crimes de guerre commis par l’armée israélienne.

Pour aller plus loin Gaza oubliée : comment Emmanuel Macron et ses ministres ont viré à l’extrême droite sur le conflit Israël-Palestine

Emmanuel Macron va-t-il revenir sur ses mots, lui qui qualifiait de « riposte juste et forte » la réponse de l’armée israélienne aux crimes de guerre du Hamas ? La Présidente de l’Assemblée nationale qui évoquait le « soutien inconditionnel de la France à l’État d’Israël », et qui avait été applaudie par tous les députés, à l’exception des insoumis, va-t-elle revenir sur ses propos et condamner, enfin, les crimes de guerre de l’armée israélienne ? 

Un délire complet et entier s’est emparé d’une large partie de représentants politiques et médias français. Le temps d’antenne est davantage consacré à la construction de fausses polémiques contre LFI qu’à la situation à Gaza. La charge a été lancée par Elisabeth Borne dès vendredi dernier, accusant LFI d’être « ambiguë ». La cause ? Avoir condamné tous les crimes de guerre, et non pas ceux d’une seule des parties au conflit

La France doit porter la voix de la paix : à quand l’appel au cessez-le-feu immédiat et au respect des résolutions de l’ONU ?

La France parle au monde et le monde la regarde : à quand le cessez-le-feu immédiat ? À quand la construction d’un camp de la paix contre les va-t-en-guerre alignés sur l’extrême droite israélienne ? À quand la mise en place de corridors humanitaires ? À quand la libération immédiate des otages ? À quand la fin du blocus criminel de Gaza ? À quand le respect du cadre de l’ONU et l’application de la solution à deux États ? À quand la qualification des crimes de l’armée israélienne pour ce qu’ils sont ? Des crimes de guerre, qu’il faudra juger et poursuivre comme l’ensemble des crimes de guerre commis dans ce conflit. 

Sylvain Noël, rédacteur en chef 

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