Israël-Palestine
Gaza 2014

Gaza oubliée. Comment Emmanuel Macron et ses ministres ont viré à l’extrême droite sur le conflit Israël-Palestine

En 2014, du 8 juillet au 26 août, une guerre éclate entre Israël et le Hamas. Une nouvelle guerre de Gaza selon les mots de Wikipédia, “De même nature que la guerre de Gaza de 2008-2009”. Les similitudes sont frappantes sur le terrain (et accablantes par l’absence totale de progrès d’une paix juste et durable).

Une différence nous a frappé : la différence de traitement de cette terrible actualité en France. Notamment, comment Emmanuel Macron et ceux qui sont devenus ses ministres ont totalement changé de position. Il y a dix ans un minimum équilibré (dans le discours), accordant leur pensée à toutes les victimes civiles qu’elle que soit le camp, fidèle dans les mots à la tradition diplomatique de la France, toute cette clique arrivée entre-temps au plus haute responsabilité politique a basculé dans un alignement total avec la position du gouvernement d’extrême droite israélien. Notre article.

Guerre de Gaza 2014 : 74 morts israéliens, 2310 morts palestiniens

Juin 2014. Après une montée des tensions causée par des meurtres d’Israéliens suivis d’arrestations de membres du Hamas, l’organisation qui a pris le contrôle de la bande de Gaza lance 200 roquettes. Israël réplique par des bombardements puis une invasion terrestre lancée le 18 juillet. Jusqu’au cessez-le-feu du 26 août, 4564 roquettes sont tirées par le Hamas et ses alliés. 176 500 soldats actifs, 445 000 réservistes de l’armée israélienne sont mobilisés. Cette guerre fait 74 morts et 469 blessés côté israélien. 2 310 morts et 10 626 blessés côté palestinien (près de  50% des décès à Gaza sont des civils d’après le Ministère des Affaires étrangères d’Israël). 

Déjà Amnesty International qualifie de “crime de guerre” les bombardements de civils par le Hamas. En 2014, la réaction internationale est également qualifiée de “mitigée” notamment en raison “du caractère jugé disproportionné de la riposte israélienne et du nombre de victimes civiles parmi les Palestiniens”. Avec cette partie de l’Histoire en tête, on comprend bien les prises de position du secrétaire général de l’ONU en 2023. Dès le 7 octobre, jour de l’attaque par le Hamas, on peut lire ce communiqué sur le site des Nations Unis : 

Le Secrétaire général est profondément préoccupé et appelle à un maximum de retenue.  Les civils doivent être respectés et protégés en tout temps conformément au droit humanitaire. 

Le Secrétaire général insiste pour que tous les efforts diplomatiques évitent une conflagration encore plus grave.

Il souligne que la violence ne peut offrir de solution au conflit et que ce n’est que par des négociations menant à une solution à deux États que la paix peut être réalisée.

Les similitudes sont donc frappantes sur le terrain entre 2014 et 2023 (et accablantes par l’absence totale de progrès de la paix). Ce qui a fortement changé en revanche, c’est le climat politique en France et notamment la position de celles et ceux qui gouvernent aujourd’hui le pays.

Aurore Bergé en 2014 appelle à une minute de silence pour toutes les victimes, dans les deux camps. 

En 2023, Jean-Luc Mélenchon tient une position identique lorsqu’il publie ce tweet : 5uXvUzNopLkaMVbHyGav7qc9UsCsS3N00FUs7hpTEJ MtDVdj1T07ufvOOdvqu1OK9yrHnvnwt nU2ME1qmt XrLUMjZeLh4UXp3e4SpZKOrHlqbe24EFa8WJS Vs4 Xpu4TDrwQMH2qcoW6rylleDM

Voilà la réponse de celle qui est devenue entre-temps ministre des Solidarités et des Familles. 

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La souffrance du peuple palestinien n’existe plus pour la classe dominante. La bande de Gaza serait-elle devenue un petit paradis terrestre en 9 ans ?  

Changement de position également chez Bruno Le Maire en 2014, celui-ci déclare : “Je souhaite qu’il y ait un cessez-le-feu le plus rapidement possible à Gaza. La guerre n’est pas une solution au Proche-Orient” puis exhorte le Président Hollande a “prendre une initiative diplomatique rapidement. On est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies, jouons notre rôle et exerçons notre responsabilité” 

En 2023, ce même Bruno devenu ministre de l’économie dénonce “l’égarement de la France insoumise” quand celle-ci réclame … un cessez-le-feu et une initiative diplomatique pour la paix. M. Le Maire saurait-il se targuer d’avoir réussi à résoudre le conflit Israël / Palestine ? On ne voit même pas vraiment il s’en est montré ne serait-ce que préoccupé depuis qu’il dirige l’un des ministères les plus puissants du pays. 

Même chant du cygne de la décence chez Gérald Darmanin 2014. Avec lui, c’est toujours plus évident. Voici ce qu’il écrit sur Twitter en 2014 :

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9 ans plus tard, en 2023, c’est cette même personne qui qualifie les propos de Jean-Luc Mélenchon de “jihadisme d’atmosphère”. Carrément. Sa justification pour une telle diffamation ? Le leader du mouvement insoumis a été le premier à appeler à cessez-le-feu et à la recherche d’une solution diplomatique conformément aux résolutions de l’ONU. Il condamne tous les crimes de guerre et maintient la nécessité de maintenir une ligne gaulliste, celle du non-alignement, afin de ne pas donner un blanc-seing à la vengeance d’Israël et ainsi… “protéger les populations palestiniennes”. 

Nul besoin de remonter jusqu’à 2014 pour prendre Emmanuel Macron, la main dans le sac, pris en flagrant délit de virage à 180° dans sa ligne diplomatique et d’effacement total de la population palestinienne. Nous sommes en 2017 lorsque le nouveau Président de la République écrit :

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Non-alignement sur les États-Unis, solution à deux États. De la pure tradition diplomatique française.

6 ans plus tard, tout est parti en fumée. Il signe un communiqué de presse avec les États-Unis et l’Italie de l’extrême droite. Aucune mention de cessez-le-feu. Pas un mot sur la paix par la solution à deux États. Au contraire, un texte qui affirme un soutien total à Israël dans son droit à la défense. Le 12 octobre, dans une allocation télévisée au 20h, il persiste et signe dans son blanc-seing à la riposte du gouvernement d’extrême droite alors qu’au même moment, les bombes au phosphore, interdites par la Convention de Genève, tombent sur Gaza d’après les informations de l’ONG Human Rights Watch.


Une telle volte-face, en moins de 10 ans, affaibli considérablement la voix de la France dans le Monde, amenuise les chances pour notre pays d’être utile à la construction d’une paix durable. 

Par Ulysse

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