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Lettre de Macron : la réponse cash de Manuel Bompard

Le 2 août, Emmanuel Macron avait annoncé sur toutes les ondes une prochaine « initiative d’ampleur ». Après le « grand débat », le « changement de méthode », le « penser printemps » ou les « 100 jours d’apaisement », « l’initiative d’ampleur » était la dernière trouvaille chafouine du chef de l’État. Elle consistait en une rencontre lunaire de 12 heures entre lui-même et les différents responsables des partis politiques du pays. 12 heures de discussion dont une bonne partie au milieu de la nuit.

Après cette « conversation » brouillonne et grotesque, le monarque présidentiel a envoyé une lettre aux « conviés » leur demandant ni plus ni moins de « faire nation ». La seule question qui vaille est : les propositions insoumises rappelées par Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise (LFI) lors de cette rencontre ont-elles été prises en compte ? Non. Blocage des prix, taxation des superprofits, hausse du SMIC, abolition de la loi de 2017, dite « permis de tuer », référendum sur la réforme des retraites : tout est passé à la trappe. Une provocation de trop pour les insoumis.

Manuel Bompard n’a pas mâché ses mots dans sa réponse à Emmanuel Macron. Il lui a rappelé sans détours la détermination de LFI à combattre sans relâche sa politique. Notre article.

« Nous sommes totalement hostiles à la multiplication de ces opérations de contournement du débat démocratique »

D’entrée de jeu, Manuel Bompard n’y va pas de main morte et critique frontalement la méthode de cette soi-disant « initiative ». Il déclare : « Nous sommes totalement hostiles à la multiplication de ces opérations de contournement du débat démocratique dans ses formes institutionnelles ». Le ton est donné. La pique est bien méritée et résulte de l’expérience de dizaines et dizaines d’opérations de communication qui font l’actualité (pour rien) depuis 2017. Comment oublier le flop du grand débat ? Comment ne pas se souvenir des honteuses opérations de propagande du parti présidentiel qui parlait à cette époque d’1,1 million de contributions alors que seulement 122 000 au total avait été réellement produites.

Qui se souvient du « conseil national de la refondation » ? Comment oublier le bide complet des « 100 jours d’apaisement » ? Tous les quatre matins, les communiqués de propagande de l’Elysée parlent de « changer de méthode », de « printemps », de « changement profond », encore et encore… Malgré l’épuisement du refrain, le camp présidentiel continue de croire que ces opérations de communications ont une chance de fonctionner dans un pays ravagé par six ans de macronisme. Les insoumis ne sont pas dupes et ont une méthode claire. Les débats doivent « avoir lieu dans les Assemblées parlementaires » et non dans les salons dorés de l’Élysée.

Pour aller plus loin : retrouvez via ce lien l’ensemble du communiqué de Manuel Bompard

« C’est sur la réforme des retraites qu’il fallait d’abord consulter les Français », cingle Manuel Bompard à Macron

Manuel Bompard a pointé la « très lourde responsabilité » d’Emmanuel Macron dans « l’aggravation de la fracture entre le peuple et sa représentation politique ». De 49.3 en 49.3, toutes les institutions de la 5ème République sont à l’agonie. Le coordinateur de la France insoumise revient ici sur le passage en force d’Emmanuel Macron pour imposer sa réforme des retraites, sans aucune légitimité, ni dans l’opinion, ni dans la rue, ni à l’Assemblée nationale.

Il souligne qu’Emmanuel Macron n’a même pas inclus la proposition insoumise d’un référendum sur la réforme des retraites dans son « relevé de conclusions ». Pourquoi avoir lancé une discussion si l’objectif est de passer à la broyeuse l’intégralité des propositions formulées par les insoumis ? Le fossé se creuse entre le peuple et ses institutions précisément par l’absence de prise en compte de la souveraineté populaire.

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Emmanuel Macron gouverne contre le peuple, en imposant sa réforme de recul de l’âge de départ à 64 ans envers et contre la volonté de 93% des actifs du pays. La « confiance » dans la politique ne peut dès lors que s’effriter encore davantage. Les institutions de la 5ème République permettent ce coup de force. Pour cette raison que Manuel Bompard a rappelé au chef de l’Etat la nécessité d’une « refonte complète de nos institutions », avec une « assemblée constituante pour bâtir une 6ème République permettant d’accorder des droits nouveaux aux citoyens ». Des mots qui ne plaisent guère aux rois.

« L’urgence sociale et l’urgence climatique n’ont pu être abordées que par effraction après 10 heures de discussion »

Manuel Bompard a trouvé les mots justes pour pointer l’hypocrisie complète d’Emmanuel Macron sur les grandes urgences du pays. Alors que le député des Bouches-du-Rhône avait rappelé, lors des échanges, la demande d’une condamnation sans équivoque du communiqué séditieux du syndicat Alliance Police (décrivant des « Policiers au combat, en résistance, et le gouvernement devra en prendre en conscience », ndlr), la remise en cause de la loi de 2017 dite « permis de tuer », la refonte de l’Inspection Générale de la Police Nationale (IGPN) et des actions contre le racisme dans le pays, le chef de l’État a tout bonnement effacé ces sujets du compte rendu comme on appuie sur le bouton reset d’une box internet.

Emmanuel Macron n’a donc aucun problème avec l’idée de policiers qui tuent des jeunes gens lors d’un contrôle. Par crainte de sa propre police, il ne souhaite tout simplement pas aborder le débat comme en témoigne sa censure de toutes les propositions insoumises sur le sujet.

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Même silence radio sur l’inflation qui tue à petit feu les familles. Les sujets sociaux n’auront été abordés qu’en pleine nuit. Tout un symbole. Manuel Bompard l’a rappelé avec force : « Nous déplorons que l’urgence sociale qui frappe le pays, tout comme l’urgence climatique qui menace la survie de l’humanité, n’aient pu être abordées que par effraction après près de 10 heures de discussion. ». Le coordinateur de la France insoumise poursuit en citant tous les actes manqués du camp présidentiel : « Vous refusez toute action de l’État pour mettre à contribution les profiteurs de crise et pour intervenir sur les marchés par des mesures de blocage des prix et d’encadrement des marges. ». L’inflation sur les produits alimentaires a dépassé 20% en deux ans, et Emmanuel Macron refuse bec et ongle toute mesure qui permettrait de soulager le quotidien des Familles. Son ministre de l’Économie, « Bruno demande », se contente de « négocier », de « demander » des « efforts » aux grands groupes. Résultat : les prix ne baissent pas. Dans le même ordre, le député insoumis rappelle l’inaction totale du chef de l’État sur la question des salaires : « vous refusez toute action volontariste de l’État pour permettre une augmentation générale des salaires, par une hausse exceptionnelle du SMIC ou par le rétablissement de l’indexation des salaires et des pensions de retraite sur l’inflation ! ».

« Je vous confirme que nous combattrons fermement cette politique »

C’est la conclusion de la réponse de Manuel Bompard : un appel au combat face à un pouvoir isolé, au chef de l’État, Emmanuel Macron qui n’écoute plus rien et ne contrôle plus rien. C’est l’appel à la résistance insoumise sur tous les fronts face à un pouvoir qui poursuit dangereusement sa jonction avec l’extrême droite.

Par Sylvain Noel

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