Méga-Bassines. Aujourd’hui, à Niort, neuf militants sont trainés en justice pour leur action contre les méga-bassines dans les deux Sèvres. Neuf personnes que l’Etat veut réprimer comme s’il s’agissait de terroristes alors qu’ils ne font que défendre le vivant.
L’État veut fabriquer des exemples pour dissuader, faire peur et montrer ce qui arrive à celles et ceux qui luttent contre l’accaparement du bien commun le plus fondamental, l’eau. Sont convoqués neuf prévenus, membres de la Confédération paysanne, de la CGT, de Solidaires et du collectif Bassine Non Merci. Tous font partie des Soulèvement de la Terre. Cette lutte est un modèle de convergence et cela se voit aujourd’hui lors de ce rassemblement.
Méga-bassines : la convergence pour défendre l’eau et les agriculteurs
Pour Jean-Jacques Guillet du collectif Bassines non merci : « Le gouvernement tente de montrer le conflit autour des méga bassines comme un conflit entre des écolos qui gueulent et des agriculteurs qui travaillent pour nous nourrir mais ce n’est pas vrai, la Confédération paysanne est fer de lance de cette contestation et elle représente un contre modèle de plus en plus largement partagé par les agriculteurs ».
C’est une convergence aussi entre « fin du monde et fin du mois », selon le mot d’ordre propulsé par les Gilets Jaunes. Ainsi se trouve, côte à côte, syndicalistes de la CGT, de Solidaires et des militants des Soulèvements de la terre et autres collectifs. Ils sont réunis pour lutter contre un même modèle agricole qui détruit la nature et plonge les agriculteurs et les agricultrices dans la misère et l’agro-business. Cette agro-industrie les place sous perfusion de graine transgénique F1 que les agriculteurs doivent racheter chaque année et arroser continuellement de pesticides.
https://twitter.com/MathildePanot/status/1700163375412510867
Un agriculteur se suicide en France tous les deux jours. Et ce ne sont pas ceux qui pratiquent une agriculture raisonnée et raisonnable, porteuse de sens et lien avec les voisins, ceux qu’elle nourrie. Non ce sont les travailleurs sous l’emprise de bayer Monsanto, de Lactalis et des géants de l’agro industrie. Pour les humains d’aujourd’hui et de demain, ce modèle ultra capitaliste est mortifère. C’est ce modèle qui invente des réservoirs d’eau en surface alors que les nappes ont chaque année plus de mal à se remplir. Ce modèle doit disparaitre.
Aujourd’hui, au sein même de ceux qui pratiquent l’industrie intensive, la question des bassines divise. Puisque les nappes sont vidées pour remplir les bassines, et que l’eau s’évapore, la ressource en eau se raréfie dangereusement et pénalisent les agriculteurs. Et pourtant tout le monde paye pour ces bassines. Seulement 5% des agriculteurs profitent des méga-bassines, et tous les autres trinquent.
Le camp des défenseurs de l’eau engrange ainsi toujours plus de force face a l’absurdité défendue par le gouvernement et la FNSEA.
Et cela se voit aujourd’hui.
Des 10h30, les inculpés arrivent au cri de no bassaran. La foule se rassemble. Première prise de parole : nous sommes déjà 5000 personnes.
Jusqu’à 13 heures, des gens arrivent de partout, à vélo, en moto, en train, en tracteur. Des drapeaux de toutes les couleurs avec des dirigeants politiques, associatifs et syndicaux partout. C’est tout le camp de l’émancipation, tout le bloc populaire qui se retrouve, qui écrit ensemble des chansons, se prend en photo, se donne de la force. Les députés insoumis Mathilde Panot, Clémence Guetté et Gabriel Amard sont notamment présents avec de nombreux autres militants insoumis.
13h : le cortège s’élance vers le tribunal. On chante « Nous sommes tous des éco-terre-eau-ristes ! » et « pas de bassine a sainte Soline, la guerre de l’eau a commencé on se battra pour la gagner ».
A 13 h 30, la manifestation est stoppée par les policiers. Seuls les inculpés et 40 proches pourront assister au procès. Coup de force autoritaire, un de plus. Les procès doivent être publics. Les inculpés s’extirpent de la foule, un par un, portés par le soutien d’une foule maintenant immense qui emplit toute la rue. Ils se dirigent vers le tribunal, la tête haute et le poing levé.
Les soutiens continuent de chanter leur détermination jusqu’à ce que les portes du palais de justice se referment.
Il est temps de regagner la place de la brèche pour la suite des évènements.
Par Ulysse