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Tuez un arabe et devenez millionnaire : le terrible message derrière la cagnotte de Jean Messiha pour le policier qui a tué Nahel

La cagnotte en soutien au policier responsable du meurtre de Nahel dépasse les 1 million d’euros. Vous avez bien lu. 1. Million. D’euros. Hébergée sur le site GoFundMe, la cagnotte a été lancée par le polémiste d’extrême droite, Jean Messiha, un zemmouriste dans l’âme. En trois mots, elle est à la fois une honte, une provocation et une abjection. Silence radio du camp présidentiel. Le préfet de Police de Paris et le ministre délégué à la Ville et au Logement se refusent à tout commentaire en plateau. Rien à déclarer du côté du site hébergeant la cagnotte : celle-ci respecterait toutes les conditions d’utilisations. Retour sur l’histoire d’une cagnotte ignominieuse. Notre article.

Honte, provocation et abjection : ce qu’est la cagnotte lancée en soutien au policier qui a tué Nahel

Une cagnotte de soutien au policier qui a tué Nahel dépasse les 1 million d’euros. Lancée il y a quelques jours par le zemmouriste de plateaux Jean Messiha, elle est une honte. Elle permet à un policier, mis en examen pour homicide volontaire d’un garçon de 17 ans, de pouvoir obtenir un dédommagement ? La victime devient l’accusé, l’accusé devient la victime. La droite radicalisée, incarnée par le président des Républicains (LR), Éric Ciotti et l’extrême droite exultent.

Notre article : Meurtre de Nahel : pas de discours, des actes, justice

Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire insoumis à l’Assemblée nationale, ne cache pas sa colère sur Twitter : « En 2023, la cagnotte en soutien au policier responsable du meurtre de Nahel récolte plusieurs centaines de milliers d’euros… sans aucune réaction gouvernementale. Tuer un jeune maghrébin, en France en 2023, rapporterait gros. Cette cagnotte doit être supprimée, immédiatement. »

Ce moyen de récolter de l’argent pour le policier en question constitue une provocation. Jean Messiha sait très bien ce qu’il fait en la lançant. Le polémiste a d’ailleurs un certain plaisir à enfoncer le clou en pointant du doigt le fait la cagnotte créée en soutien à la mère de Nahel a été dépassée la sienne. L’homme semble exulter : « Tenez-vous bien : la cagnotte que j’ai lancée pour la famille du policier Florian M DÉPASSE CELLE CRÉÉE EN FAVEUR DE LA MÈRE DE NAHEL ». Comment peut-il se réjouir d’une telle situation ? Le polémiste est tellement enfermé dans sa haine qu’il est incapable de réaliser l’abjection qu’il a créée.

Car le message passé à travers cette cagnotte est une abjection : ce n’est pas grave, en tant que policier, si vous tuez quelqu’un lors d’un refus d’obtempérer, parce que vous pouvez devenir millionnaire.

Pourquoi la cagnotte ouverte par Jean Messiha n’est-elle toujours pas fermée ?

Pourquoi cette cagnotte de la honte n’est-elle toujours pas fermée ? Un précédent existe pourtant. Pendant le mouvement des Gilets Jaunes, une autre est ouverte en soutien à Christophe Dettinger, arrêté après avoir frappé des forces de l’ordre. Filmée, la scène devient virale. Le gouvernement fait pression sur le site qui l’héberge, (https://www.leetchi.com/) pour qu’elle soit rapidement fermée. En 48 heures, la cagnotte est clôturée.

Depuis l’ouverture de cette cagnotte, silence radio dans le camp présidentiel. Hier sur BFMTV, le préfet de Police de Paris, indique n’avoir « absolument pas de commentaire à faire là-dessus ». Invité sur France Info ce matin, le ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein bafouille et se refuse aussi à tout commentaire. Si le gouvernement cherche un extincteur, il doit d’abord faire fermer l’ignoble provocation qu’elle constitue.

Qu’en est-il de la légalité de la cagnotte ? En janvier 2021, le tribunal judiciaire de Paris prononce la nullité du contrat conclu avec la société Leetchi et Christophe Dettinger. Le tribunal s’appuie ainsi sur « une interprétation « pragmatique » et non littérale de l’article 40 de la loi du 29 juillet 1881 qui dispose qu’ « il est interdit d’ouvrir ou d’annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d’indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires, en matière criminelle et correctionnelle » (Libération). Ce précédent juridique permettrait-il au gouvernement de faire fermer cette cagnotte ?

Même si c’était le cas, leur silence jusqu’à maintenant traduit une volonté de laisser-faire inqualifiable. Du côté du site l’hébergeant, rien à signaler : celle-ci serait conforme aux conditions d’utilisation du site puisque les fonds sont versés « directement à la famille en question ». En écrivant ces lignes, nous remarquons que #GofundmeComplice est en tendances sur Twitter, à la 4ème place.

Par Nadim Février