Retraites. « On n’a surtout pas peur de la démocratie et du vote », a déclaré Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance (ex-LREM) ce 1er juin 2023 sur BFMTV. Il fallait oser. Hier, la députée macroniste des Yvelines était en première ligne avec ses alliés du camp présidentiel pour réaliser un coup de force démocratique : réduire la possibilité d’examen d’une proposition de loi destinée à abroger la retraite à 64 ans. Le texte de loi en question doit être débattu le 8 juin prochain, jour de la niche parlementaire du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires).
Cette humiliation du Parlement a eu lieu en commission des affaires sociales, où le texte a été étudié hier. Suppression de sous-amendements déposés par l’opposition, substitution de députés Les Républicains « macron-compatibles », suppression d’un article de la loi pourtant validé par les instances de l’Assemblée nationale : tous les moyens sont bons pour empêcher la proposition de loi d’être votée en hémicycle. Qui a vraiment peur de la démocratie ? Aurore Bergé, fidèle parmi les fidèles au chef de l’État, est venue faire le service après-vente sur BFMTV ce matin. Retour sur un exercice d’équilibriste professionnelle, à ne pas tenter chez vous. Notre brève.
Retraites – « Pas peur de la démocratie et du vote ? On se pose quand même la question ! », Apolline de Malherbe à Aurore Bergé
« On a vu hier toute cette énergie pour contrer la loi LIOT, mais vous avez peur de quoi ? », a ainsi commencé Apolline de Malherbe son interview. Aurore Bergé s’attendait sûrement à cette question : les éléments de langage du gouvernement sont prêts. La journaliste de BFMTV a appuyé là où cela fait mal : pourquoi une proposition de loi d’une niche parlementaire fait-elle aussi peur au gouvernement, a-t-il à ce point peur de perdre le vote d’une loi pouvant abroger la retraite à 64 ans ? Il semblerait. « Le texte a toutes les chances d’être voté », écrivait L’Opinion dès le 9 mai dernier, relatant l’état d’esprit des trois présidents de groupes parlementaires macronistes (Renaissance, Modem, Horizons).
« On n’a surtout pas peur de la démocratie et du vote », a répondu la présidente du groupe Renaissance (ex-LREM). Même Apolline de Malherbe ne s’est pas remisse de cette phrase. « Je suis quand même un peu saisie, Aurore Bergé, vous avez quand même dit cette phrase : ‘certainement pas de la démocratie et du vote’. On se pose quand même la question ! », s’est exclamée la journaliste. « Encore heureux, lorsque l’on est parlementaire, de ne pas avoir de peur ni du débat, ni du vote ! », a déclaré Aurore Bergé avec aplomb. « Mais il n’y a jamais eu de vote sur cette réforme des retraites ! Cela ne vous paraît être un problème ? », a demandé la journaliste. Un sain rappel : la réforme des retraites n’a pas été votée par l’Assemblée nationale. Le camp présidentiel l’a fait passer en force par 49.3.
Pour aller plus loin : Retraites : coup de force contre la démocratie, le Parlement humilié, l’opposition prépare la riposte dans la rue
Apolline de Malherbe n’a lâché pas l’affaire : « Vous dites cette phrase : vous n’avez « surtout pas peur de la démocratie et du vote », et « en même temps » vous faites tout pour empêcher ce vote dans l’hémicycle la semaine prochaine ». Les évènements qui se sont déroulés en commission des affaires sociales hier l’ont démontré. La présidente de cette commission s’est arrogée le droit de supprimer les sous-amendements déposés par l’opposition. Des députés Les Républicains moins favorables à la réforme des retraites ont été remplacés par d’autres beaucoup plus favorables au dernier moment, comme le rappelle le député LIOT Charles de Courson. Le Parlement a été humilié par le camp présidentiel.
Résultat de cette journée : l’article 1 de la proposition LIOT, touchant à l’âge légal de la retraite, a été supprimé par la commission. Réintroduit en séance le 8 juin prochain, jour de la niche parlementaire du groupe LIOT il pourrait être censuré par la présidente de l’Assemblée nationale. Qui souhaite empêcher la tenue d’un vote par peur de le perdre ? Affaire à suivre. Emmanuel Macron, plus seul que jamais, continue de vouloir imposer sa réforme des retraites, contre la volonté de 93% des actifs. L’opposition prépare la riposte dans la rue.