Victorien Pâté

Récit – Dans la Marne, Victorien Pâté (LFI) en campagne pour battre l’alliance RN & LREM

Dans la 2ème circonscription de la Marne, le scrutin de juin a été annulé par le Conseil Constitutionnel. La députée RN remet son mandat en jeu, la bataille législative reprend. Le premier tour a lieu ce dimanche 22 janvier. Victorien Pâté (LFI), candidat de la gauche et des écologistes représente le bloc populaire contre le bloc bourgeois et le bloc d’extrême droite. L’Insoumission.fr l’a suivi avec sa suppléante Tosca Fraquelli pendant une journée de campagne. Récit.

9 heures : Tractage à Fismes, village rural de 5 000 habitants où le RN a fait… 45% aux législatives

« Je bosse de 22h30 à 7h30 en logistique, à 65 ans je serai mort ». À Fismes dans la Marne, la retraite à 64 ans ne passe pas. « Les Gilets Jaunes ça va revenir. Macron c’est un petit prétentieux qui n’a jamais travaillé. Les Gilets Jaunes se battaient pour tout le monde. Ils n’ont pas été assez soutenus. Mais ils reviennent samedi ! ». André et Monique, habitants de Fismes, en ont gros ce jeudi matin. Retraite, explosion des prix, petits commerces et services publics au bord de l’implosion, tout craque.

Les 22 et 29 janvier, se tient une élection législative partielle dans cette deuxième circonscription de la Marne. En Juin, le Rassemblement National (RN) avait bénéficié du retournement du barrage républicain. Le RN avait créé la surprise. Alors que Jordan Bardella est venu soutenir Anne-Sophie Frigout, la députée sortante et candidate du RN, dans une boulangerie de Prouilly, petit village juste à côté de Fismes, Victorien Pâté et Tosca Fraquelli, le binôme insoumis candidat de la NUPES, arpente les rues de Fismes.

Et ce qui ressort est limpide : le ras-le-bol général. La colère s’est matérialisée hier : plus de 2 millions de personnes dans les rues du pays. Victorien Pâté, économiste à la CGT, vulgarise ses arguments contre la retraite à 64 ans. Les gens qu’on croise sont convaincus. Comme 80% des Français, et comme 93% des actifs, ils sont contre la retraite à 64 ans. Et beaucoup sont pour le retour des Gilets Jaunes. « Les riches nous volent » lâche Monique. Juste avant, elle pestait contre les « assistés » en merco. L’insoumission.fr lui parle de son combat contre les assistés d’en haut, elle est d’accord. La discussion est chaleureuse, les gens croisés sont contents de parler.

12 heures : à Reims, le pot de retour d’Anthony Smith

On va devant l’Hôpital de Fismes. Le Maire nous l’a dit : ici, les services publics sont abandonnés. Victorien Pâté et sa suppléante, Tosca Fraquelli, étudiante à Science Po, insistent sur l’enjeu de l’élection : battre l’alliance du Rassemblement National (RN) et de Renaissance (ex-LREM). Tosca Fraquelli souligne qu’ils votent main dans la main à l’Assemblée, contre l’intérêt des travailleurs. On reprend la voiture, direction Reims.

À midi, c’est le pot de retour d’Anthony Smith avec ses anciens collègues inspecteurs du travail à Reims. En mars 2020, cet inspecteur du travail a été sanctionné et muté pour avoir osé réclamer des masques pour protéger des aides à domicile du Covid-19. Muriel Pénicaud, ministre du Travail de l’époque, l’avait alors mis à pied. En août 2020, sa successeuse, une certaine Élisabeth Borne avait suspendu Anthony Smith de ses fonctions. Puis l’avait muté disciplinairement à 200 kilomètres de chez lui. Une mise au placard.

Après 918 jours de lutte, au cours desquels Anthony Smith a reçu de nombreux soutiens notamment de Mathilde Panot, la présidente des insoumis, mais aussi de la CGT, la FSU, la CNT, FO et SUD notamment, la sanction disciplinaire prise contre l’inspecteur du travail Anthony Smith a été annulée par la justice. Grande victoire pour le monde du travail, désaveu pour Élisabeth Borne et Muriel Pénicaud. L’ambiance est chaleureuse, le punch est de sorti. Victorien Pâté et Tosca Fraquelli discutent avec les inspectrices et inspecteurs du travail rémois. On doit filer, on a rendez-vous.

14 heures : Victorien Pâté (LFI) a rendez-vous avec le collectif Terres et Patrimoine de Nos Villages

Le déploiement des capacités d’énergies renouvelable peut-elle se faire dans n’importe quelle condition ? Quel est le moteur le plus pertinent à leur développement : la cupidité égoïste des individus agrégée par la main aveugle du marché ? Où l’intérêt général par la planification écologique ? 

Voici en résumé la question que pose le collectif Terres et Patrimoine de Nos Villages (TPNV) qui reçoit le candidat de la gauche et des écologistes en ce jeudi 5 janvier 2023. Autour d’une galette et de jus de pomme local, les membres du collectif nous accueillent et présentent leur lutte locale.

Ce collectif créé en février 2021 compte plus de 450 membres, soit plus de 40% des foyers des 4 communes concernés par le projet AKUO : Tresion, Germigny, Courcelles-Saplcourt et Rosnay.

Au départ de cette affaire, il y a Pierre Lhotte, un grand propriétaire terrien de la région. Il n’a pas seulement reçu à sa naissance de grandes parcelles de terres agricoles. Il est également reçu un capital social qui lui a permis de devenir maire de la commune de Branscourt, comme son père et son grand-père avant lui. Afin de poursuivre sa quête d’accumulation sans fin de capital, le riche héritier décide de se lancer dans l’agrivoltaïsme. Pour mener à bien ce juteux projet, il fait appelle à AKUO, une multinationale française du secteur des énergies renouvelables qui dispose d’installations dans plus d’une quinzaine de pays. 

« Sur le papier, l’agrivoltaïsme a tout pour plaire » comme l’explique la Confédération paysanne, une des associations les plus à la pointe dans ce domaine relativement nouveau et aux contours bien flous. Sur le papier seulement, car en réalité, dans l’immense majorité des cas, il semble que ce soit un des plus beaux exemples de greenwashing, ce capitalisme bien productiviste, bien égoïste, sous une grosse couche de peinture verte. 

La critique de l’agrivoltaïsme tient en deux axes majeurs : accaparement des richesses par les grands énergéticiens et danger pour la souveraineté alimentaire. 

D’une part, l’immense majorité des projets qui se réclament de cette branche sont titanesques. Ils perpétuent donc la concentration extrême des moyens de productions aussi bien sur le volet agricole que énergétique. On est bien loin d’un modèle d’autonomie, où de petites unités de production permette de subvenir aux besoins fondamentaux de la communauté locale. Or, ce développement du circuit-court semble absolument fondamental pour limiter le gaspillage et ainsi avancer vers la sobriété tout en couvrant les besoins des humains. 

D’autre part, l’évaluation des projets existants tend à prouver que l’agrivoltaïsme a un impact négatif sur la production vivrière. D’abord, parce que sous des panneaux solaires, qui coupent l’eau et le soleil, il n’y a pas grand chose qui pousse. En conséquence, la biodiversité diminue, ce qui réduit encore les possibilités de faire pousser du manger. Enfin, vue la différence de prix entre l’énergie et les produits agricoles (entre 10 et 30 fois supérieurs), alliée à la voracité des multinationales de l’énergie et aux maigres ressources de la plupart des agriculteurs, ce type de projet risque de se multiplier de façon exponentielle si rien n’est fait pour les prévenir. 

Au-delà des dangers que fait courir l’agrivoltaïsme sur la production de nourriture, il semble totalement aberrant de commencer par utiliser des terres agricoles alors que l’immense majorité des toitures de bâtiment déjà construits n’attendent que la volonté politique pour être couverts de panneaux solaires. 

Faire barrage à ce modèle économique qui prétend résoudre le problème de la dévastation de la nature avec les mêmes recettes qui constituent la racine du problème, faire barrage avant qu’il ne soit trop tard, c’est la mission que se sont donnés les membres du collectif Terres et Patrimoine de Nos Villages. Cette lutte locale est impérative à l’heure où le gouvernement Macron veut, sans surprise, accélérer dans cette voie sans aucune précaution quant aux impacts réels, pour le moment largement méconnue, mais dont les premières évaluations scientifiques démontrent déjà les dangers pour les générations futures. 

Le projet AKUO qui remplira les poches déjà bien pleines de Pierre Lhotte est en effet le plus gros projet d’agrivoltaïsme en France. Il s’étend sur une surface de 80 hectares (ha), l’équivalent de 110 terrains de football (5ha sont dors et déjà réquisitionnés pour goudronner des voies d’accès aux camions et le fonctionnement de la centrale, oui déjà, ça commence mal). 

Les 88 000 panneaux solaires prévus ne laisseront pratiquement aucune place pour de la production agricole. Pour le collectif TPNV, les propositions de Pierre Lhotte en la matière ne sont que des alibis puisque les panneaux solaires n’apporteront aucun bénéfice dans ce domaine, 100% de l’énergie produite sera vendue à EDF. 

L’ensemble des bénéfices sera capté par le riche propriétaire terrien. Le projet s’étend sur 30 ans. Après cela, rien n’est prévu. Rien n’est planifié. Bienvenue dans le monde magique des libéraux. Les énergéticiens qui s’en seront mis plein les poches pourront tout simplement abandonner les lieux. Ce sera à la collectivité de payer. 

Pour les habitants aucun bénéfice, seulement des nuisances à la chaîne : Perturbation du trafic routier et donc pollution. Dégradation notable du paysage avec de probables impacts négatifs sur le tourisme dans une région qui s’appuie une partie de son activité économique sur la renommée de ses illustres vignobles de vin de Champagne. Et bien sûr, les effets encore méconnus mais potentiellement terribles d’après les premières évaluations pour la biodiversité. 

Pour Victorien Pâté, l’impératif est de redonner le pouvoir au peuple sur la nécessaire bifurcation écologique.

Ce projet titanesque a été imposé aux habitants sans concertation. Comble du cynisme : Pierre Lhotte est maire de Branscourt où il possède également de vastes terres agricoles. Croyez-vous que ce courageux capitaliste ait choisi d’implanter son projet d’agrivoltaïsme dans le village qui lui a apporté son suffrage ? Au risque de subir les conséquences de l’opposition des citoyennes et des citoyens lors des prochaines élections ? Ah ça non ! Au contraire, il l’impose aux communes voisines ! 

L’élection de Victorien Pâté lors du scrutin législatif du 21 et 29 janvier 2023 permettra de remettre le peuple au cœur des décisions engageant l’avenir de leur territoire. La bifurcation écologique est une urgence absolue. A cet égard, il est impératif que les citoyennes et les citoyens soient impliqués, participent et décident des modalités. C’est la garantie d’une politique juste et démocratique. Or, il n’y aura jamais de politique écologique à la hauteur des enjeux si le peuple la refuse parce qu’elle lui semble injuste et arbitraire.

18 heures – Rencontre avec la CGT des transpors urbains rémois

Nous arrivons à la dernière étape de notre journée avec Victorien Pâté. Nous sommes attendus dans le local de la CGT des transports urbains rémois. Plusieurs militants de la circonscription sont présents. Nous sommes accueillis par Jérôme Briot, secrétaire général du syndicat, au franc-parler. Il nous distribue un document réalisé par l’intersyndicale CGT, UGICT-CGT et Solidaires, intitulé « Manifeste pour une gestion directe des transports publics du Grand Reims ». On y trouve tous les arguments contre les délégations de service public (DSP), c’est-à-dire des privatisations déguisées, sur la base de la situation rémoise. Ce manifeste propose une alternative face à la casse de ce service public, privatisé aux profits d’actionnaires de sociétés privées qui se gavent.

Victorien Pâté commence la discussion en expliquant pourquoi il a tenu à organiser cette rencontre avec la CGT. Il insiste sur la question fondamentale des transports, « alternative à la voiture individuelle », sur sa volonté de voir se créer un « pôle public des transports », et son souhait de parler avec eux de leur manifeste. Jérôme Briot prend la parole. À peine son exposé commencé, on sent que qu’il connaît son sujet sur le bout des doigts. Un rappel du contexte est nécessaire. 

Une DSP lie le Grand Reims et la société concessionnaire Mobilité Agglomération RémoiSe (MARS) depuis 2008. Signée pour 34 ans, elle inclut des clauses de revoyure tous les 6 ans. Cette DSP est unique en France de par sa durée. De son côté, Transdev Reims est exploitant de la concession. La société privée est sous-traitante de MARS pour l’exploitation du réseau Citura (Transports en commun du Grand Reims). Transdev Reims sous-traite aussi à Alstom la maintenance du tramway de la ville et quelques lignes de bus via… une filiale de Transdev. Jérôme Briot dénonce la « complicité des politiques qui acceptent cette délégation de service public, les actionnaires et les groupes privés qui se servent grassement dans ce cadre. C’est une privatisation », assène-t-il. 

Le Grand Reims, par la voix de sa présidente Catherie Vautrin, souhaite aujourd’hui développer davantage son réseau de transports et avoir les moyens financiers pour le faire. Selon l’intersyndicale, celle-ci n’envisage d’investir aucun euro supplémentaire pour son développement. Le budget alloué aux transports chaque année (18 millions d’euros) est déjà trop élevé, selon la présidente du Grand Reims. Comment alors assurer une offre de transports de qualité sans en augmenter le budget alloué ? Encore une fulgurance libérale.

« Chaque euro dépensé ira au transport et au service du plus grand nombre »

Une DSP, comme un Partenariat Public Privé (PPP), profite davantage à la société privée qu’à la collectivité. Dans le cas des transports du Grand Reims, la DSP implique un surcoût pour l’intérêt général. L’exploitant se rémunère, alors que la collectivité paie le service, la marge du délégataire, l’assistance technique et les dividendes versés au groupe. Mais rassurez-vous, la privatisation doit « baisser les coûts ». Autre problème de la DSP, l’instauration d’un moins-disant social. Ce type de contrat demande à son futur opérateur de garantir un haut niveau de fréquentation, trop ambitieux (40 millions de voyageurs par an). Résultat : les salariés deviennent une variable d’ajustement du système, que l’on pousse dans le dos et à qui on tord le bras en leur imposant des cadences intenables, des horaires décalés, pour de maigres salaires.

Pourquoi mettre plutôt en place une régie ou une société de service public (SPL) en gestion directe, ou un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) ? Il y a de nombreux avantages selon l’intersyndicale. La gestion directe impliquerait une meilleure gestion financière, de par l’absence d’un opérateur privé/d’un actionnaire à rémunérer et grâce à une assistance technique rémunérée à sa juste valeur. Un tel fonctionnement permettrait une transparence complète dans la gestion des transports et permettrait aussi une réactivité immédiate face aux difficultés.

Une gestion directe par une SPL serait bénéfique à la fois pour les salariés et pour les usagers. Elle permettait un apaisement social en réduisant, voire supprimant les conflits sociaux, principalement liés aux conditions de travail. Les voyageurs bénéficierait d’un réseau de transport fonctionnant mieux, et au meilleur prix, selon un principe simple : « chaque euro dépensé ira au transport et au service du plus grand nombre », plutôt que de remplir les poches des actionnaires des sociétés privées.

Si les libéraux à la tête Grand Reims ont du mal à entendre d’autres arguments non-chiffrés, l’intersyndicale a fait le calcul. Les surcoûts de l’exploitation du réseau de transport (assistance, personnels détachés…) et de l’opérateur privé (salaires, intérêts en fonction des actionnaires) dûs à la DSP correspondent à une somme conséquente. Le retour à une régie publique pour les transports de Reims rapporterait 4 millions d’euros à la collectivité. 

Voilà un combat qui bénéficierait à la fois aux salariés du réseau de transport du Grand Reims, aux finances de la collectivité et aux usagers. Ce travail réalisé par l’intersyndicale fait aujourd’hui référérence sur la question des transports publics. Les services publics n’ont pas à gaver les actionnaires en étant privatisés de façon catastrophique. Ils doivent servir au plus grand nombre. Des idées que défendra bec et ongles Victorien Pâté.

Rendez-vous dimanche 22 janvier 2023 dans les urnes.

Par le comité de rédaction.