Guyane

Mélenchon en Guyane pour alerter : la destruction des services publics met la population en danger

Jean-Luc Mélenchon est en Guyane. Il y fera son grand retour médiatique ce jeudi 12 janvier dans l’émission « L’évènement » sur France 2. Pourquoi la Guyane ? Car elle représente la France qui craque. La Guyane, un idéal type de l’abandon des services publics : 55 médecins pour 100 000 habitants (comme en Eure-et-Loire et en Seine Saint Denis), 4 maternité pour un territoire grand comme le Portugal, aucune gare (comme en Ardèche), aucune structure palliative (comme 25 autres départements), et ainsi de suite.

Un territoire abandonné par la République : 600 euros pour survivre pour… 53% des gens, ce sont 40% des Guyanais qui n’ont pas accès à l’eau potable et/ou l’électricité, 10 000 jeunes qui ne seraient pas scolarisés, et ainsi de suite. Jean-Luc Mélenchon en Guyane, Mathilde Panot en Nouvelle-Calédonie : depuis de longues années maintenant les figures insoumises alertent depuis les départements d’Outre-mer, notamment sur la crise de l’eau. Pour faire passer un message : les Outre-mer, c’est la France. La Guyane, c’est l’Ardèche. Ce qu’il se passe là-bas, arrive ici. Fermer les yeux ne fera que repousser la catastrophe, en témoignent les pénuries d’eau cet été dans l’hexagone.

À l’avant-poste du dérèglement climatique, la Guyane devrait nous interpeler. Elle a constaté, impuissante, la poursuite de la déforestation de l’Amazonie pendant le mandat de Jair Bolsonaro au Brésil. L’élection de Lula redonne de l’espoir à ce sujet. La Guyane est aussi en pointe sur le bio-mimétisme : des savoirs dont l’Hexagone ferait bien de s’inspirer. Le tribun insoumis va tenter de se servir de son capital médiatique pour alerter. Il y a urgence. Notre article.

Jean-Luc Mélenchon en Guyane, Mathilde Panot en Nouvelle-Calédonie : une rentrée insoumise en Outre-mer

Mathilde Panot en Nouvelle-Calédonie, Jean-Luc Mélenchon en Guyane. Le tribun insoumis est arrivé jeudi dernier en Guyane pour un déplacement d’une semaine. Au premier tour de l’élection présidentielle, le candidat de l’Union populaire y avait obtenu 50,6% des suffrages. Avec plus de 50% des voix également en Guadeloupe et en Martinique, Jean-Luc Mélenchon avait remporté la bataille électorale en Outre-mer. Des scores impressionnants, dus à son statut de défenseur invétéré de ces territoires abandonnés par la République, méprisés par la macronie.

Pour aller plus loin : Mélenchon, élu président au 1er tour en Outre-mer

Un mépris pour les Outre-mer entre autres illustré par le comportement de Yaël Braun-Pivet, aujourd’hui présidente de l’Assemblée nationale. Elle aura été ministre des Outre-mer… 36 jours. « Une proposition qui ne se refuse pas », disait-elle pourtant, lorsqu’elle a été désignée ministre des Outre-mer dans le premier gouvernement Borne.

De même pour l’élargissement du portefeuille ministériel de Gérald Darmanin. Ministre de l’Intérieur durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, il est aussi ministre des Outre-mer depuis début juillet 2022. Une décision révélatrice : le chef d’État a choisi de résumer les Outre-mer au seul prisme de l’ordre public.

Pour aller plus loin : Darmanin ministre de l’Intérieur + des Outre-mer : pour surveiller et punir les ultra-marins ?

Pendant cinq ans à l’Assemblée nationale, et sans discontinuer, les insoumis ont défendu bec et ongles les territoires d’Outre-mer. Ces territoires ont subi plus durement que la France métropolitaine la crise sanitaire, alors qu’ils devaient déjà composer avec une crise sociale majeure. Pendant cinq ans, face à l’indifférence du camp présidentiel vis-à-vis des souffrances des Outre-mer, les insoumis ont tenu la tranchée au Parlement. Ils les ont défendu entre autres, sur les questions d’accès à l’eau, face aux restrictions de libertés, d’éducation et de pauvreté criante.

La Guyane, c’est l’Ardèche

La Guyane, c’est l’Ardèche. Ce qu’il se passe là-bas, arrive ici. La Guyane est un désert de service public, comme tellement de départements d’hexagone. On y compte seulement 55 médecins pour 100 000 habitants, comme en Eure-et-Loire et en Seine-Saint-Denis. 4 maternités seulement sont dénombrées en Guyane, sur un territoire aussi grand que… le Portugal. La Guyane c’est le Lot, la Nièvre, le Cantal… Les départements avec le plus de femmes à 45 minutes d’une maternité. En Guyane, il n’y a aucune structure palliative, comme dans 25 départements hexagonaux.

Pas de gare en Guyane, comme en Ardèche. La Santé, les transports, mais aussi l’Éducation nationale… Les services publics craquent de partout. 10 000 enfants ne seraient pas scolarisés. Les problèmes vécus par la Guyane sont les mêmes que dans l’Hexagone, souvent dans des proportions bien plus importantes. Le taux de suicide y est 10 à 20 fois plus élevé. La Guyane est le territoire le plus touché par le VIH au niveau national. 40% de ses habitants n’ont pas accès à l’eau potable et à l’électricité, tandis que 55% des gens survivent avec… moins de 600 euros par mois. La misère fracasse la Guyane.

Crise de l’eau, protection de l’Amazonie et bio-mimétisme : la Guyane face au dérèglement climatique

Les conséquences du dérèglement climatique y sont un peu plus visibles chaque jour. « L’accès à l’eau est le problème n°1 du futur », disait déjà Jean-Luc Mélenchon en 2021. L’eau, cette ressource indispensable à la vie, vient à manquer. René Dumont, premier candidat écologiste à l’élection présidentielle, nous alertait déjà en 1974. La trajectoire n’a pas dévié d’un iota pour l’instant.

La moitié de l’eau est perdue dans des canalisations dégradées dans l’ensemble des territoires d’Outre-mer. En France hexagonale, 1,4 million de personnes n’ont pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité et plus de 870 000 personnes n’ont qu’un accès limité à des installations sanitaires. En Guyane, 1 litre d’eau sur 3 est perdu dans les canalisations, ce qui fait tripler les factures. Voilà un terrible gâchis pour une ressource si précieuse. La Guyane abrite la troisième réserve d’eau douce par habitant au monde : il faudrait investir 7 fois plus qu’actuellement pour renouveler le réseau, rattraper le retard et faire face à l’augmentation de la population du territoire.

L’Amazonie risque de se transformer en savane d’ici la fin du siècle. Parce qu’elle produit environ 20% de l’oxygène que nous respirons, elle porte le surnom de « poumon de la terre ». Quelles ont été les conséquences du mandat de Jair Bolsonaro sur l’Amazonie ? Entre 2019 et 2021, « plus de 34 000 km2 de l’Amazonie brésilienne ont été touchés par la déforestation, soit l’équivalent d’une superficie plus vaste que la Belgique », détaille Ouest-France.

L’élection de Lula à la tête du Brésil est une très bonne nouvelle pour la protection de l’Amazonie. À ce titre, la Guyane et le Brésil peuvent coopérer grâce à une instance : la commission mixe de coopération transfrontalière franco-brésilienne. Cette instance privilégiée de dialogue bilatérale ne s’est pas réunie en 4 ans. Affaire à suivre.

La dérèglement climatique invite à repenser notre production d’énergie. Le bio-mimétisme consiste à s’inspirer des propriétés essentielles d’un ou de plusieurs systèmes biologiques pour concevoir des outils ou des procédés utiles aux sociétés humaines. Pourquoi ne pas s’inspirer de la mer ? El Energy est une société de biomimétisme basée en Guyane, inspirée par des animaux pour fabriquer une hydrolienne en forme de grande membrane. Elle serait ainsi conçue pour onduler au gré du courant de la mer, en convertissant l’énergie de la houle en un mouvement de rotation. À l’avant-poste du dérèglement climatique, la Guyane a pris les devants. L’Hexagone devrait en prendre de la graine.

Jean-Luc Mélenchon fera son grand retour médiatique ce jeudi à 21h10 dans l’émission « L’évènement » sur France 2. L’occasion d’alerter, une fois de plus, avant qu’il ne soit trop tard.