42 000 enfants SDF, inégalités scolaires, santé mentale, précarité, violences, délabrement de l’aide sociale à l’enfance (ASE), explosion des tentatives de suicide : les passages aux urgences qui y sont liés ont augmenté de 52% en 2021 par rapport à 2018 et 2019 pour les 11-14 ans… L’UNICEF sort un rapport choc intitulé « Droits des enfants en France – Aperçu des avancées et des défis – 2022 ». Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France, résume ainsi le rapport : « C’est un cri d’alarme sur la situation des enfants en France. » Notre article.
Santé mentale : explosion des tentatives de suicide
Les chiffres concernant la santé mentale des enfants sont affolants. Une des principales causes de cette dégradation ? Les conséquences de la crise du Covid-19. Selon l’UNICEF, un tiers « des enfants de 6-18 ans déclarent souffrir de troubles psychologiques ». L’association estime « qu’entre 200 000 et 400 000 enfants ont besoin de soins en santé mentale ».
Malgré cette situation, « il faut attendre six mois à un an et demi pour avoir un rendez-vous dans un centre médico-psychologique », déplorait la présidente de l’UNICEF au Journal Du Dimanche la semaine dernière. À ces chiffres s’ajoutent ceux des tentatives de suicide. Les passages aux urgences qui y sont liées ont augmenté de 52% en par rapport à 2018 et 2019 pour les… 11-14 ans. De même, ils ont augmenté de 35% pour les 11-17 ans.
École : la spirale des inégalités
La France a un taux de scolarisation élevé (97% à 3 ans et 100% à 6 ans). Cependant, ce taux « cache des disparités d’accès selon les territoires et les milieux sociaux », souligne le rapport de l’UNICEF. En Guyane, 7,4% des enfants de 6 à 13 ans ne sont pas scolarisés. Les difficultés d’accès à l’éducation pour des enfants en situation de handicap sont tellement criantes que « 20% des saisines du Défenseur des droits relatives aux droits de l’enfant en 2021 » y sont liées.
Précarité, violence : de nombreux enfants dans une grande détresse
Nous vous en parlions dans nos colonnes la semaine dernière. 42 000 enfants sont sans domicile fixe dans notre pays. Parmi eux, entre 1 500 et 1600 dorment dans la rue : 368 ont moins de trois ans. « C’est énorme, d’autant plus que ce chiffre a augmenté depuis la crise sanitaire », selon Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF (Journal Du Dimanche). Toujours selon l’UNICEF, « plus d’1 enfant sur 5 vivent dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté ». En outre-mer, la situation est plus grave encore. À Mayotte, 8 enfants sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté contre 6 sur 10 en Guyane.
Pour aller plus loin : Scandale : 42 000 enfants sont SDF en France
Les chiffres des violences envers les enfants glacent le sang. Le rapport de l’UNICEF dénombre « 160 000 enfants victimes de violences sexuelles » tous les ans. Un enfant est tué tous les cinq jours par l’un de ses parents. 10% des enfants seraient victimes de négligence ou de violences psychologiques. Enfin près de la moitié des Français (45%) « suspectent au moins un cas de maltraitance dans leur environnement immédiat, familles, voisins, collègues, amis proches ».
Le délabrement de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE)
L’ASE n’arrive pas à remplir sa mission comme elle le devrait. L’UNICEF dénonce « des dépenses et des taux d’encadrement inégaux selon les départements ». « Il y a de plus en plus d’enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance [ASE], mais le coût moyen de prise en charge diminue, et avec lui la qualité de l’accueil », résume Adeline Hazan au JDD.
Une information attitre l’attention. « 36% des jeunes placés dans leur enfance déclarent un mauvais état de santé et des cas de violence institutionnelle ont été avérés », dénonce le rapport. « On n’en peut plus ! », nous avait expliqué Audrey, assistante sociale à l’ASE. Un témoignage poignant. Maltraitance institutionnelle, manque de moyens… Un discours qui fait écho au délabrement de l’ASE pointé dans le rapport de l’UNICEF.
Inégalités scolaires, précarité, violences, santé mentale et délabrement de l’ASE : le rapport de l’UNICEF est accablant. Face à cette situation, les insoumis défendent la création d’un service public de la petite enfance et davantage de moyens pour la protection de l’enfance. L’urgence sociale absolue est là, sous nos yeux. Il est temps de la prendre à bras le corps.