Libération

Le milliardaire Kretinsky s’offre le journal Libération et continue de grignoter les médias français

Après avoir fait fortune grâce à des centrales à charbon, Daniel Kretinsky se lance dans un nouvel Eldorado : les médias français. En rachetant Libération, le milliardaire touche le triple jackpot : 1- Toucher les multiples aides financières et déductions d’impôts offertes par l’Etat. 2- Assoir sa position dans les hautes sphères du capitalisme français 3- Obtenir le pouvoir de fermer le journal si celui-ci ne se transforme pas en machine à cash.

Depuis des années, Daniel Kretinsky, lorgne avec avidité sur les médias français. Cet homme d’affaire tchèque, devenu milliardaire grâce aux énergies fossiles, notamment le charbon, a déjà réussi à s’offrir Elle, Télé 7 jours, Femme actuelle, magazine détenus auparavant par Lagardère, et de l’hebdomadaire Marianne. Il a également acheté des parts du capital dans le journal Le Monde et chez TF1. Un appétit d’ogre. Nouveau signal d’alarme sur la concentration des médias en France. Notre article.

Avec le rachat de Libération, Kretinsky signe aujourd’hui sa plus belle réussite, et sa plus importante contribution à l’accaparement des médias en France par une clique de milliardaire

Pourquoi les milliardaires comme Kretinsky, Pigasse, Bolloré, Arnault, Pinault veulent-ils absolument posséder un média ? D’une part, comme tous les capitalistes néolibéraux, une large part de leur fortune provient du parasitisme. Les médias sont très largement financés par l’argent public, une source de revenus dont raffole la caste. L’argent public, c’est stable, c’est durable.

D’autre part, les capitalistes constituent une classe sociale extrêmement consciente de ses intérêts. Les néolibéraux ont fait l’analyse de la défaite du capitalisme sauvage dans les années 1960-70. A cet époque, les intellectuels, les artistes et les médias participaient d’une évolution culturelle critique à l’égard du capitalisme et des oppressions sociales que ce système économique produit.

Les ultrariches, guidés par les plus féroces adversaires du partage et de la solidarité, les monétaristes américains, ont donc décidés d’une contre-attaque mondiale dans les années 1980

Dans le domaine économique, c’est le début de la dérégulation, c’est à dire, la destruction des acquis des luttes sociales pour limiter l’oppression du capitalisme sur les humains. Dans le domaine culturel, les attaques viennent de partout. Les ultrariches lancent des fondations philanthropiques, pour passer de l’entraide collective des organisations syndicales à la générosité d’un bienfaiteur, d’un sauveur. Ils mettent la main sur les outils de production culturelle : livre, cinéma, et bien sûr arts plastiques. En France, le dernier exemple est Vincent Bolloré qui s’accapare dangereusement les maisons d’éditions du pays.

Et bien sûr, quoi de mieux que de mettre la main sur les médias, ces organes censés apporter une information objective et neutre à la population, lorsque l’on veut faire entrer dans la tête de chaque citoyen que la réussite suprême consiste à devenir milliardaire ?

Venue du capitalisme néolibéral, cette contre-révolution culturelle est en train d’échapper à leurs créateurs. Dorénavant, c’est l’extrême-droite conservatrice qui se montre la plus entreprenante. Marion-Maréchal Le Pen a fondé une école. Vincent Bolloré, contrairement à ses compères du cénacle des multi-millardaires français n’applaudit pas du tout l’élection de Emmanuel Macron. Son poulain et dirigeant politique idéal se nomme : Eric Zemmour.

Cette différence n’est cependant que cosmétique. On la voit bien lors des auditions sur les superprofits, lorsque les députés RN ne manque jamais une occasion de remercier et de saluer les plus grands profiteurs de crise ou lorsque ces mêmes députés RN s’allient à la minorité présidentielle pour s’opposer à l’augmentation du SMIC.

Cette contre-révolution culturelle et politique est une offensive menée par toute la grande bourgeoisie. Quelles que soit ses nuances d’apparences, ses petites guéguerres qui ne défraillent la chronique que des médias entre ses mains, cette classe sera toujours unie lorsqu’il s’agit de défendre ses privilèges, sa main mise sur le pouvoir et les richesses produites par le peuple. Quelle que soit leur prétendue concurrence, la caste sera toujours unie pour affronter le peuple.