Troisième audition de la mission flash sur les super-profits ce mercredi à 11 heures à l’Assemblée nationale. Après Shell et Engie, c’est au tour de TotalÉnergies et de son PDG, Patrick Pouyané, d’être sur le banc des multinationales accusées de s’être gavées pendant la crise.
18,3 milliards d’euros. Voilà à combien se chiffrent les bénéfices de la multinationale pétrolière au premier semestre 2022. Pour l’ensemble de l’année 2021, TotalEnergies affichait 16 milliards d’euros de profits. Bien sûr, ces chiffres n’ont aucun lien avec la hausse du prix du litre d’essence à la pompe observée ces derniers mois.
TotalÉnergies a payé… zéro centime d’impôt en France en 2021. Son PDG, Patrick Pouyané, demande au peuple de faire des efforts. Culotté quand on sait que son salaire a bondi de 52% l’année dernière pour atteindre 6 millions d’euros. Et que monsieur se déplace en jet privé. Total Énergies, l’idéal-type du profiteur de crise.
Aujourd’hui, l’Insoumission vous parle de Total, la multinationale pétrolière française qui se gave sur votre dos. Elle a des comptes à rendre aux élus du peuple. Notre article.
Total se gave, le peuple trinque : quelques rappels s’imposent
TotalÉnergies SE est un groupe mondial spécialisé dans la production et la fourniture d’énergies à partir de pétrole, de biocarburants, de gaz naturel et d’énergies renouvelables. Elle fait partie des six plus grandes compagnies pétrolières privées mondiales (les « supermajors »). Le groupe est présent dans plus de 130 pays et compte environ 105 000 salariés, dont 30 000 en France. La multinationale exploite 16 000 stations-services dans le monde et 3 500 en France.
Total se gave. Le groupe a réalisé 18,3 milliards d’euros de bénéfices, seulement au premier semestre 2022.
C’est trois fois plus que l’année précédente à la même époque. Pour l’ensemble de l’année 2021, TotalEnergies affichait un résultat de 16 milliards d’euros. C’est le résultat net le plus élevé jamais réalisé par une entreprise française dans l’Histoire.
Total aime aussi gâter ses actionnaires. Le groupe leur a servi 14 milliards d’euros de dividendes entre 2020 et 2021 (7 milliards en 2020, 7 milliards en 2021).
En octobre 2021, le magazine d’affaires Capital titrait un article « TotalÉnergies cartonne : bénéfice net multiplié par 23 au 3e trimestre ! », avant d’ajouter « Le groupe a profité à plein de la remontée des cours des hydrocarbures, en particulier de la flambée historique du gaz qui alimente une crise énergétique en Europe. »
La multinationale pétrolière a profité de la crise pour se gaver toujours plus. Si même Challenges le dit. Dans sa grande magnanimité, Total avait, à l’époque, consenti à une ristourne de cinq euros pour un plein de 50 litres dans les zones rurales. Soit… 0,33% de leurs 15 milliards de bénéfices de 2021. Des miettes. Fin juillet, Total s’est donné le beau rôle en proposant une ristourne de 500 millions d’euros. 36 fois moins que leur profits sur le seul premier semestre de l’année 2022.
Les bénéfices de TotalÉnergies n’ont bien sûr rien à voir avec la flambée du prix d’essence à la pompe. Plutôt que de resserrer ses marges déjà gargantuesques, la multinationale a préféré accumuler des richesses sans fin. Qu’importe que les Français aient été et soient toujours étranglés par l’inflation.
Total n’a pas payé d’impôts en France en 2021 et assume
Mi-juillet, L’Obs titrait : « Impôts : les privilèges du CAC 40 ». L’hebdomadaire est pourtant insoupçonnable de tout gauchisme économique. Même chez eux, la réalité du capital qui fuit la solidarité nationale choque. Voilà ce que nous apprenait L’Obs. En 2021, 28 sociétés du CAC 40 ont payé seulement 9,8 milliards d’euros d’impôts à la société, soit… 4,5% de leurs bénéfices mondiaux avant impôts. La France est-elle toujours un enfer fiscal, messieurs les capitalistes ?
Restons sur la multinationale pétrolière. En 2021, elle a réalisé près de 16 milliards de bénéfices dans le monde. A-t-elle payé des impôts en France en 2021, alors qu’elle emploie 30 000 salariés sur le territoire ? Que nenni. TotalÉnergies assume de ne pas payer d’impôts en France, alors l’entreprise est française. Cherchez l’erreur. Voilà une certaine idée de la solidarité nationale. L’intérêt national ne les concerne pas. Enfin jusqu’à la prochaine crise où Total viendra quémander l’argent du peuple pour renflouer leurs caisses. Plutôt protéger les profits que partager les richesses avec le plus grand nombre.
Total demande aux Français de moins consommer, son patron gagne près de 6 millions d’euros par mois
Impossible de parler de Total sans mentionner son PDG Patrick Pouyanné et son salaire. « Je gagne 3,8 millions d’euros de salaire [annuel] et je reçois des actions de performance », déclarait-il le 10 février 2019. Une coquette somme. « Ce n’est pas parce que je reçois ce salaire que je fais mon travail. Si on m’enlève 500.000 euros, ou un million, ça ne changera rien. » Si cela ne change rien, autant partager sa fortune, non ?
Catherine MacGregor, Jean-Bernard Lévy et Patrick Pouyanné, respectivement PDG d’Engie, d’EDF et TotalÉnergies avaient publié une tribune commune dans le Journal du dimanche (JDD) le 26 juin dernier. Ils appelaient alors les Français à la sobriété. Comprendre : réduire leur consommation d’énergie. Ces derniers sont trois dirigeants du CAC 40. Cette année, ils vont en moyenne gagner 7,4 millions d’euros. C’est l’équivalent de 5681 SMIC. Vous avez dit « culot » ? Concernant précisément le PDG de Total, celui-ci gagne désormais près de 6 millions d’euros par an.
En effet, le salaire de Patrick Pouyanné a augmenté de 52% en 2021. Plutôt gonflé de demander de faire un effort aux Français quand on gagne de telles sommes. Ce, alors que les Français ont subi de plein fouet la flambée des prix de l’essence, allant parfois jusqu’à plus de deux euros le litre. De nombreuses familles ont été face à des choix indignes : plutôt baisser le chauffage, moins manger, ou faire moins de trajets en voiture, tellement les prix crèvent le plafond ? Sans parler de quelques déplacements en jet privé rappelés par Marianne. Pour la sobriété énergétique, comme morale, mention insuffisante pour le PDG de la multinationale pétrolière
Pourquoi ne pas avoir payé d’impôts en France en 2021 ? De combien précisément s’est enrichie TotalÉnergies grâce à des pleins à plus de 2 euros le litre d’essence ? De quel droit la multinationale s’est-elle autant gavée ? Comment justifier une telle rémunération pour son PDG ? Voilà quelques questions qui pourront être posées aux représentants de TotalÉnergies, lors de leur audition à l’Assemblée nationale. Ils vont devoir rendre des comptes devant les élus du peuple.
Par Nadim Février.
