La macronie championne des pesticides

Le journal Le Monde a eu accès aux données confidentielles obtenues par Unearthed, la cellule investigation de la branche britannique de Greenpeace et l’association suisse Public Eye. L’Europe exporte des milliers de tonnes de pesticides « tueurs d’abeilles » pourtant interdits sur son sol, notamment au Brésil. La France est le deuxième pays exportateur. La macronie championne des pesticides. Notre article.


Les demandes d’exportation d’environ 4 000 tonnes de pesticides ont obtenu le feu vert de l’Union Européenne. Ces containers contiennent plus de 700 tonnes de substances actives d’imidaclopride, de thianthrène et de clothianidine destinés aux 4 coins du monde. L’étude évalue l’extinction de 100 millions de milliards d’abeilles selon les valeurs de toxicité de référence. Son utilisation entraine l’empoisonnement avéré de milliers de personnes dans les pays émergents, principaux importateurs.

Depuis le Grenelle de l’environnement fin 2007, qui avait fixé un objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides de synthèse en dix ans, les plans successifs ont échoué.
Macron n’a d’ailleurs pas donné davantage de précision sur l’agenda de sortie des pesticides lors de son dernier discours de Marseille.

Grâce à des données exclusives, Public Eye et Unearthed révèlent l’ampleur des exportations de pesticides interdits depuis l’Union européenne. En 2018, les pays membres de l’UE ont approuvé l’exportation de 81 615 tonnes de pesticides contenant des substances bannies sur leurs propres sols en raison de risques inacceptables pour la santé ou l’environnement.
Fatalité de l’effet boomerang, des résidus de ces pesticides se retrouvent majoritairement dans les importations des produits agricoles de l’Union Européenne.


Les principaux pays qui nourrissent l’UE en produits agricoles importés (les États-Unis, le Brésil et l’Ukraine) font partie des destinations privilégiées des exportations de pesticides interdits depuis l’UE. Ces substances indésirables se retrouvent ensuite bien souvent dans l’assiette des consommateurs européens.


En 2019, dans une déclaration commune, 36 spécialistes des Nations unies demandent à l’UE de mettre fin à cette pratique « déplorable ». Les pays les plus riches doivent combler « les lacunes » qui permettent aux “exportateurs des pesticides interdits” de commettre « de fréquentes violations des droits humains, à la vie et à la dignité ». Baskut Tuncak le rapporteur spécial sur les incidences sur les droits de l’homme nommé par le Conseil des droits de l’homme, avait qualifié “cette pratique d’odieuse, synonyme de discrimination et d’exploitation”.