Prix du gaz, de l’électricité, de l’essence, du gasoil, les factures de la plupart des ménages français explosent en cette rentrée. Cette situation est bien souvent présentée comme une fatalité et l’État semble impuissant, proposant des « mesurettes » comme cette annonce de Jean Castex ce jeudi 21 octobre 2021 d’un chèque énergie de 100€. Alors à qui la faute et surtout à qui « profite le crime » ? La situation montre une nouvelle fois les aberrations du marché et la nécessité d’une gestion publique de l’énergie. Face à l’urgence et alors que l’Hiver arrive, bloquons les prix. Notre article.
Le prix du gaz n’a cessé d’augmenter, et « en même temps » le profit des actionnaires
Rappel utile. Les augmentations du prix de l’énergie ne sont pas nouvelles. Cela fait 17 ans que le prix du gaz s’envole, depuis 2004, depuis que l’État a décidé l’ouverture du capital d’EDF-GDF, transformant les entreprises publiques en sociétés anonymes. Depuis cette date, le prix du gaz n’a cessé d’augmenter alors qu’« en même temps » les profits de GDF Suez, et aussi ceux d’EDF, n’ont cessé de progresser pour le plus grand profit des actionnaires.
Faisant prendre des vessies pour des lanternes, les gouvernements libéraux ont fait croire aux consommateurs qu’introduire la concurrence dans les tarifs du gaz et de l’électricité, allait faire baisser les prix, les usagers devant être les grands gagnants. En fait ils sont aujourd’hui les dindons de la farce ! C’est l’inverse qui s’est produit : en vingt ans d’ouverture des marchés de l’énergie, les tarifs ont explosé, le prix du gaz a doublé. Depuis cette dérégulation voulue par Bruxelles (sommet de Barcelone de l’UE en 2002), les prix de l’électricité connaissent une hausse constante et continue dans toute l’Europe. En vingt ans, en France, les tarifs de l’électricité ont augmenté de plus de 70 %.
Un chèque énergie de 100 euros correspond à peine à 11 jours de consommation hivernale pour un foyer de 4 personnes
En France au 1er octobre, le gaz a encore augmenté de 12,6 %, l’électricité augmentera début 2022.
Il suffit d’un hiver plus froid que d’habitude pour rendre la vie encore plus dure à des millions de personnes déjà touchées par la fracture énergétique.
Le chèque de 100 euros promis aux six millions de foyers modestes, par le gouvernement, est une mesurette, bien insuffisante pour faire face à ces dépenses incompressibles et de plus en plus lourdes pour une partie de nos concitoyen-n-e-s. Ce montant correspond à peine à onze jours de consommation hivernale pour un foyer de 4 personnes chauffé à l’électricité.
Même Bruno Le Maire est obligé de reconnaitre les aberrations du marché, le sujet qu’on doit imposer : la gestion de l’énergie par l’État
Changer de braquet est désormais nécessaire. À commencer par considérer que l’énergie est un bien de première nécessité. Et donc qu’il ne peut être soumis à la logique toute puissante du marché. La question se pose bien d’une gestion de l’énergie par la puissance publique : pour à la fois gérer et prévoir dans l’intérêt des usagers et garantir l’accès à l’énergie nécessaire au quotidien à tous.
Même une partie des milieux économiques favorisés sont à la peine aujourd’hui avec une facture de l’énergie qui s’emballe. A tel point que le ministre de l’économie, Bruno Le Maire est obligé de reconnaître les dysfonctionnements et les aberrations du marché de l’énergie aujourd’hui, et recommande même une réforme de ce marché.
Mais c’est un changement total qu’il faudrait opérer, sous l’autorité d’un service public, assurant la sécurité énergétique pour les habitant-e-s, articulée à une politique de sobriété et de véritable transition écologique.
Face à l’explosion du prix du carburant : un nouveau chèque et un balisto ?
Les augmentations des tarifs du carburant sont des mauvaises nouvelles supplémentaires après celles de l’énergie. Elles impactent à leur tour le budget des ménages et alourdissent de plus en plus les factures mensuelles qu’il faut régler alors que le pouvoir d’achat d’une grande partie de la population est en berne.
Là encore le gouvernement va annoncer des propositions, notamment pour aider les ménages les plus modestes. Il est question vraisemblablement d’un chèque carburant comme pour le coût de l’énergie. Si ce chèque carburant est à la hauteur du précédent pour l’énergie, il est fort à parier qu’il sera d’ores et déjà insuffisant.
Le gouvernement n’exclut pas une diminution des taxes. Mais ne privilégie pas, semble-t-il, cette piste. Or les taxes constituent en effet une bonne part du coût de l’essence. Mais celui-ci est dû également à la fluctuation du prix du baril. Nos concitoyen-n-e-s qui sont contraint-e-s aux déplacements quotidiens, n’ont aucune solution pour faire baisser la facture.
Face à l’urgence actuelle : bloquons les prix
Certains au gouvernement, considèrent qu’on ne peut toucher aux taxes, afin de ne pas inciter nos concitoyen-n-e-s à prendre la voiture. Alors que faire ?
Dans l’urgence actuelle, bloquer les prix : ceux des produits de première nécessité et y inclure l’essence, au moins temporairement. A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Cela a été fait récemment pour les masques et le gel hydroalcoolique dans le cadre de la pandémie. Cela peut s’entendre et se faire pour les produits incontournables du quotidien.
Les réponses à ces problèmes doivent impérativement intégrer deux nécessités : la justice sociale et une fois encore, une véritable transition écologique.
Ce sera tout l’enjeu des élections présidentielles à venir : répondre aux vraies préoccupations de nos compatriotes, la hausse des salaires, du SMIC et donc une vraie répartition des richesses. Répondre aussi aux enjeux écologiques, le développement des transports en commun (avec de la gratuité pour ces transports) géré par un état stratège qui planifie et anticipe pour l’avenir.
Myriam Martin