« Reculez ! » : Zemmour braque un fusil sur la presse

Une blague pas drôle. Lors du salon Milipol sur la sécurité intérieure, Éric Zemmour a braqué le canon d’un fusil sniper de la police (RAID) contre le torse d’un journaliste de LCI. Après avoir maladroitement manipulé l’arme, Eric Zemmour l’a brandie devant les journalistes en les menaçant : « ‘ça ne rigole plus là hein… Reculez !« .

Une plaisanterie de (très) mauvais goût quand on sait que le 16 octobre, l’attraction médiatique de la rentrée déclarait lors d’un meeting : « Quand on a le pouvoir, il faut l’imposer (…) Aujourd’hui, nous avons des contre-pouvoirs qui sont devenus le pouvoir, c’est-à-dire la justice, les médias, les minorités. Nous devons enlever le pouvoir à ces contre-pouvoirs ».

Le délinquant multirécidiviste condamné à trois reprises pour incitation à la haine par la justice, vise symboliquement la presse, l’arme à la main. Il aurait du savoir cependant s’il avait fait son service militaire qu’il ne faut jamais pointer son arme en direction d’une personne. Ce type de pression envers la presse n’arrangera pas l’image de la liberté de la presse en France, qui pour rappel a été classé 34e au classement mondial de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontière dans son dernier rapport.

« Si vous ne savez pas distinguer l’humour du sérieux, vous êtes imbécile » a réagi le polémiste. Quand on sait qui est Éric Zemmour, non, on a pas envie de rire.

Éric Zemmour, c’est la négation de l’Histoire. L’homme à qui on tend tous les micros en cette rentrée, est négationniste : négation de l’histoire sur la persécution des juifs français par Vichy, de l’innocence de Dreyfus, de la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la déportation des juifs.

Éric Zemmour rêve de Vichy. À voix haute. L’objectif d’Éric Zemmour est bien la réhabilitation de l’extrême-droite maurassienne vichyste et antidreyfusarde. Charles Maurras, le fondateur de l’Action française, est l’idole du polémiste. Maurras est omniprésent chez Zemmour, avec en moyenne une vingtaine de références par ouvrage.

La stratégie de fond de Zemmour est sordide, mais gagne à être explicitée et connue : sa négation de l’Histoire à propos de Vichy et de l’affaire Dreyfus a pour objectif de gommer progressivement l’étiquette antisémite accolée à l’extrême-droite vichyste qui a collaboré avec les nazis, pour la réhabiliter et désigner les forces antifascistes qui l’ont vaincu comme l’ennemi.

C’est bien l’entreprise d’Éric Zemmour : condamner les défenseurs de Dreyfus, la résistance républicaine et antifasciste, condamner les lois contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme, et la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la déportation des juifs. Quand on sait ça et qu’on voit Éric Zemmour jouer avec un fusil, non on ne rigole pas.

Par Pierre Joigneaux.