Le changement climatique a commencé. Il est le plus grand défi actuel auquel l’Humanité va devoir faire face. Chaque année, nous constatons davantage de tempêtes, toujours plus spectaculaires et destructrices, des périodes de canicule ou de gel à des moments inhabituels, de longues semaines de sécheresse avec des cours d’eau à sec régulièrement, parfois même dès le printemps, puis des épisodes de pluies diluviennes qui ravagent tout sur leur passage.
Dans ce moment d’inquiétudes légitimes, les réponses apportées ne constituent nullement de solutions sur le long terme, mais visent seulement à réparer au plus vite les dégâts causés par ces différents cataclysmes, comme des cicatrices qu’on cacherait honteusement.
Dans ce contexte général de grand bouleversement, il est une question à laquelle peu de politiques s’attaquent : l’eau. Commun vital et de plus en plus rare, elle est une problématique grandissante, encore mal connue en France métropolitaine.
Dans un article publié le 4 octobre 2021, La Nouvelle République de l’Indre faisait une projection de l’élévation probable de la température de la rivière Indre jusqu’à 2070 en se basant sur le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et titrait : « Climat : dans l’Indre, la température de l’eau potable a augmenté de 1,5 degré en 15 ans »
Ces éléments ne sont en effet que des projections, pour autant, la question des ressources en eau douce et notamment en eau potable sera centrale dans la survie de toutes les formes de vivants, dont l’espèce humaine, dans les années à venir.
S’il est de notoriété publique que dans de nombreux endroits du monde, le manque d’eau potable sévit depuis des décennies, il est en revanche moins connu que dans certains départements français, le problème de ravitaillement en eau potable devient également de plus en plus problématique. En cause : les périodes de sécheresse de plus en plus longues et fréquentes, la gestion de l’eau dans les secteurs de l’industrie et de l’agriculture, la mise aux mains des réseaux et distributions de l’eau à des entreprises privées (Suez, Véolia, Saur…) qui ne tiennent pas leurs engagements en termes de réfection des canalisations.
Lors de son meeting sur l’eau le 10 avril 2021, Jean-Luc Mélenchon alertait sur la récurrence des coupures d’eau en Guadeloupe. Dans la France hexagonale aussi aussi, nous connaissons depuis quelques années des pénuries d’eau potable. Rappelez-vous de l’été 2019, aux portes du département de l’Indre, la ville de Guéret se retrouvait en situation de tension hydrique telle que les autorités se sont vues contraintes de distribuer des bouteilles plastiques d’eau minérale aux habitants.
Cet été, le sud de nouveau touché, a été contraint de faire appel à des camions citernes d’eau potable dans l’Aude. Comme cela avait déjà été le cas en 2018 en Corrèze, département voisin de l’Indre. Les exemples de la sorte se multiplient et s’étendront sur le territoire à mesure des années.
3 jours sans boire, c’est la mort assurée. La situation des réserves en eau potable est préoccupante, et le problème du réchauffement des cours d’eau douce ne doit pas être considéré comme un problème accessoire.
Le 23 avril 2021, lors d’une interview pour le JDD, Jean-Luc Mélenchon le rappelait : «On ne sait pas s’ils se produiront, ni quand, ni quels seront leurs effets. Les changements en cours ne sont ni constants ni linéaires. Nous entrons dans un intermédiaire, situé entre l’état climatique antérieur et la prochaine stabilisation du système du climat. »
Une chose est donc certaine, des changements ont et auront lieu et ils impacteront directement nos écosystèmes et nos sociétés. Mais alors, quelles seront les conséquences prévisibles du réchauffement de nos rivières ?
Le réchauffement des rivières a des conséquences sur l’oxygénation nécessaire des écosystèmes et de l’air mais également des conséquences sur la prolifération de bactéries. Nous pouvons donc craindre la destruction totale ou partielle de la faune et de la flore aquatiques si rien n’est fait pour enrayer la montée des températures de nos rivières. Cependant, un autre problème se pose, les cours d’eau étant organisés en réseau, le réchauffement est donc obligatoirement général, d’amont en aval, d’affluent en affluent.
Voilà où nous voulons en venir, si nous considérons les périodes de fortes chaleurs, la baisse des cours d’eau due aux épisodes de sécheresse, mais également les besoins en fourniture d’énergie électrique plus importante en période très chaude (pour réfrigérer les aliments par exemple, mais également pour l’utilisation des climatiseurs, dont l’utilisation est une aberration écologique dont il faudra se saisir), il est indiscutable que le risque de surchauffe des réacteurs des centrales nucléaires est entier.
Ces dernières années, il est fréquent que, faute de possibilité de refroidir les réacteurs des centrales nucléaires, certains aient dû être mis à l’arrêt pour éviter l’accident. En 2018, c’est la centrale de Saint-Alban, en vallée du Rhône qui a dû être stoppée. En 2019, une centrale nucléaire du Tarn-et-Garonne était également confrontée à un problème de refroidissement des réacteurs, du fait d’une eau trop chaude qui ne parvenait pas à en faire baisser la température.
Les exemples de la sorte se multiplient en France mais également au niveau mondial. Or, dans une société basée uniquement sur la quête de profit, nous avons toutes les raisons d’être inquiets. Les fournisseurs d’énergie regardent-ils d’assez près la sécurité de leurs installations et du bon refroidissement des réacteurs ? Les grands groupes mènent-ils les transformations nécessaires pour éviter le gaspillage en eau ? Quelles sont les conséquences sur le réchauffement des rivières de cette eau utilisée pour refroidir les réacteurs ?
Là se situe le cercle vicieux infernal duquel il va falloir sortir avant que l’accident ne se produise. Si, en temps de fortes chaleurs, les besoins en électricité sont plus grands, si les cours d’eau sont plus bas et plus chauds, si les besoins en eau fraîche sont plus importants pour refroidir les réacteurs sur-sollicités de nos centrales nucléaires qui rejettent de l’eau encore plus chaude qu’à l’accoutumé dans des rivières à la température déjà trop élevée, combien de temps notre réseau électrique peut tenir sans se transformer en bombe à retardement ?
Lors du meeting sur l’eau du 10 avril dernier et plus récemment dans l’Obs Jean-Luc Mélenchon proposait de réorganiser les régions à partir des bassins versants des fleuves ou des sous bassins des rivières. Cette solution de réorganisation de notre société aurait pour bénéfice de repenser la préservation de nos réserves en eau, mais également de répondre à des questions sociales comme les besoins en emplois et en formations sur les nouveaux territoires ainsi redécoupés.
Une chose est certaine, nous ne pouvons plus aller contre les changements climatiques qui sont d’ores et déjà amorcés. Mais nous devons y faire face dès aujourd’hui. Pour cela, il nous faut planifier et repenser notre manière de gérer nos communs vitaux, en appliquant, en 1er lieu, la « règle bleue ». La France, fidèle à sa tradition universaliste, doit montrer l’exemple et engager ce grand mouvement de la nécessaire et vitale bifurcation écologique.
« La Terre est notre patrie commune. Nous sommes des êtres humainset nous devons défendre le seul milieu dans lequel nous pouvons vivre. Nous sommes le peuple humain et nous appartenons à la nation Terre. » Jean-Luc Mélenchon
Éloïse Gonzalez