IL VOUS FAUDRAIT UN PEU DE VOLONTÉ POLITIQUE !

Ma question sur le plan stratégique national lié à la politique agricole commune. Retrouvez ici l’intégralité des questions et réponses : https://videos.assemblee-nationale.fr/video.11049969_60e6a0c5b7f60.commission-du-developpement-durable—m-julien-denormandie-ministre-sur-le-volet-climatique-et-e-8-juillet-2021

Bonjour M. De Normandie,
Votre sérénité m’impressionne. Mais après tout, pourquoi s’inquiéter ?
L’Etat français a été condamné pour inaction climatique. Le Conseil d’Etat a donné dernièrement 6 mois à la France pour muscler ses mesures contre le dérèglement climatique. Les émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole n’ont pas baissé depuis 2010. Dans l’agriculture, le Haut Conseil pour le climat le souligne : le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre est parmi les plus faibles, comparé à d’autres secteurs.
Mais heureusement : vous avez un plan ! Le « plan stratégique national » qui nous sauvera de la crise climatique… Ou pas.
Dans votre plan, on s’étonne de plusieurs choses : les exploitations qui ont la certification « Haute valeur environnementale » (HVE) pourront bénéficier des aides « éco-régimes ». Seulement, vous vous en doutez, cette certification n’est pas assez vertueuse car le seuil est bien peu contraignant. Même l’Office national pour la biodiversité l’affirme : l’obtention de ce label impose que les achats d’intrants ne dépassent pas 30 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. Or selon le rapport de l’OFB, un tel seuil n’est « pas du tout discriminant pour les exploitations viticoles » qui consacrent en moyenne seulement 14 % de leur chiffre d’affaires aux intrants. Même constat en maraîchage avec 26% de leur chiffre d’affaires. Mais grâce à vous, ces exploitations seront repeintes en vert.
Par ailleurs, votre plan veut acter la disparition des « aides au maintien » en agriculture biologiques des exploitations qui le sont déjà, pour les concentrer sur les exploitations en conversion. Erreur, M. le Ministre ! La suppression de ces aides risque, au contraire, de ralentir le rythme des conversions car les agriculteurs auront moins de visibilité après les 5 ans réglementaires.
Quel tour de passe-passe. Ces deux exemples montrent, d’une part, que vous souhaitez attribuer un label à des pratiques qui ne seront pas vertueuses, et d’autre part, que vous retirerez des aides à ceux dont les pratiques le sont véritablement.
J’ai bien peur que ces manœuvres ne changent rien à l’affaire qui nous occupe : le dérèglement climatique. M. le Ministre, plutôt que de réprimer violemment 200 paysans qui de la Confédération paysanne qui mènent une action coup de poings pour demander une autre politique agricole créatrice d’emplois, vous ferez mieux de les écouter et de considérer certaines études qui prouvent, par exemple, qu’il est possible d’atteindre l’autosuffisance alimentaire en 2050 sans recours aux engrais azotés. Mais pour cela, il faudra certes, un peu de volonté politique.
Je vous remercie.