L’action d’ATTAC ce samedi 3 juillet 2021 devant la Samaritaine et le siège de LVMH à Paris pour dénoncer les profiteurs de crise, a fait couler beaucoup d’encre. Les réactions permettent de séparer clairement deux camps. D’un côté ceux qui, comme Anne Hidalgo, ont dénoncé un « acte de vandalisme ». De l’autre ceux qui, comme les insoumis, le NPA, certains membres d’EELV et de Générations, ont salué l’action de l’association.Notre article.
62 milliards d’euros engrangés en pleine pandémie mondiale par Bernard Arnault, le champion de l’évasion fiscale, des dividendes et… des licenciements
Islamo gouachistes ? Les militants de l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC) avaient sorti la gouache ce samedi 3 juillet aux aurores. La cible ? La Samaritaine et le siège de LVMH, groupe de luxe appartenant à l’homme le plus riche de France, Bernard Arnault. Le message ? Dénoncer les profiteurs de crise. « Argent sale » a ainsi été peint à la gouache sur le siège de la Samaritaine. Une banderole « le gang des profiteurs » a quant à elle été déployée devant le siège de LVMH.
Bernard Arnault et son groupe LVMH font effectivement figure de profiteurs de crise : de mars 2020 à 2021, pendant que la pauvreté explosait dans le pays, la fortune de l’homme le plus riche du pays a ainsi augmenté de… 62 milliards d’euros. 62 milliards d’euros engrangés en pleine pandémie mondiale. Et « en même temps » en 2020, LVMH a diminué ses effectifs mondiaux de 7,8%. Soit 13 000 emplois de moins, dont 888 en France.
En 2021, LVMH va pourtant tranquillement verser 3 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires, soit une hausse de 25% en un an. Dont 1,5 milliard d’euros pour la seule famille Arnault qui détient la moitié des actions du groupe.
Comme si s’enrichir de 62 milliards d’euros pendant que 10 millions de personnes survivent sous le seuil de pauvreté dans notre pays ne suffisait pas, Bernard Arnaud ne paye pas ses impôts. Le scandale Open Lux a ainsi révélé que la troisième fortune mondiale possède 31 sociétés au Luxembourg et 24 pour son groupe de luxe. LVMH est ainsi l’entreprise du CAC 40 avec le plus fort pourcentage (27% !) de filiales dans les paradis fiscaux.
Deux camps dans les réactions
La Maire de Paris, Anne Hidalgo, potentielle candidate « socialiste » à la présidentielle, a tout de suite… condamné un « acte de vendalisme ». Vous ne rêvez pas. Une personne ayant encore « socialiste » dans le nom de son parti, volant à la défense du principal profiteur de crise du pays, champion de l’évasion fiscale. Le grand Jaurès de se retourner dans sa tombe.
« Islamo-gouachiste ! » lui a répondu l’eurodéputé insoumis Manuel Bompard sur Twitter. Sarah Legrain, oratrice nationale LFI, de tacler : « Et Hidalgo inventa… la gauche anti-gouache ». Le coordinateur de La France insoumise, Adrien Quatennens, a également réagit sur Twitter : « À la queuleuleu avec les macronistes Aurore Bergé et Bruno Questel, Anne Hidalgo s’indigne de l’action symbolique d’ATTAC à la Samaritaine. Si un peu de peinture c’est du « vandalisme », beaucoup d’évasion fiscale c’est quoi ? Soutien à ATTAC ! ». Les députés LFI Éric Coquerel, Alexis Corbière, Ugo Bernalicis ou encore l’eurodéputée insoumise Manon Aubry, apportant également dans la foulée leur soutien.
Cette action d’ATTAC, en plus d’attirer la lumière sur les profiteurs de crise, aura donc eu le mérite de séparer deux camps à « gauche ». D’un côté les insoumis donc, mais également le NPA, à travers les réactions de Philippe Poutou et d’Oliver Besancenot, de Génération.s à travers la réaction de son porte-parole Thomas Portes, ou encore de certaines membres de la gauche d’EELV, à travers les réaction d’Éric Piolle, de Sandrine Rousseau ou de David Cormand. D’autres, comme Yannick Jadot ou Olivier Faure, ont brillé par leur silence.
Le partage des richesses, la lutte contre la délinquance financière pour récupérer le magot de l’évasion fiscale, contre les délocalisations, contre les profiteurs de crise qui se gavent pendant que 8 millions de nos concitoyens ont recours à l’aide alimentaire, qui font pleuvoir les dividendes et « en même temps » les plans de licenciements, des sujets pour 2022 ? Merci à ATTAC d’avoir essayé de ramener la question sociale à l’agenda médiatique.
Par Pierre Joigneaux