Jean Messiha (ex-RN) insulte Raquel Garrido et excuse le fascisme au Chili

Dans le journal d’extrême droite Valeurs actuelles, Jean Messiha, ancien membre du bureau national du Rassemblement National, accuse les parents de l’avocate Raquel Garrido, membres du Mouvement de la gauche révolutionnaire chilienne (MIR), d’être à l’origine du coup d’État d’Augusto Pinochet au Chili le 11 septembre 1973. Un non-sens historique : les militants du MIR, soutiens de Salvador Allende, ont été pourchassés et décapités justement pour leur lutte contre Pinochet. La famille Garrido a dû s’exiler du Chili pour cette raison. L’accusation de Jean Messiha est révélatrice du climat actuel.

Une réécriture de l’Histoire chilienne

« Raquel Garrido digne fille d’extrémistes de gauche chiliens dont la violence insurrectionnelle déclencha le sinistre coup d’Etat de Pinochet. ». Voici les mots de Jean Messiha, l’une des figures les plus médiatiques de l’extrême droite en France. Dans un article de Valeurs actuelles intitulé « Dissoudre Génération identitaire, c’est criminaliser la Résistance à l’invasion de la France », le chroniqueur s’en prend donc aux parents de Raquel Garrido les accusant d’être à l’origine du coup d’État de Pinochet. Le monde à l’envers. Un travestissement de l’Histoire pour le moins osé.

Comme l’explique très bien Naomi Klein dans son célèbre ouvrage La Stratégie du choc, le Chili a été le laboratoire du néolibéralisme. Les fameux Chicago Boys, disciples de Milton Friedman, y ont expérimenté pour la première fois le libéralisme économique prôné par l’école de Chicago, dont Margaret Thatcher et Ronald Reagan seront les porte-étendards quelques années plus tard.

Dans un pays que les États-Unis considèrent donc comme terrain d’expérimentation, la CIA arme et prépare le futur coup d’État d’Augusto Pinochet contre Salvador Allende (président de 1970 à 1973). Le Mouvement de la gauche révolutionnaire chilienne (MIR), allendiste, tente durant ces trois années de lutter contre les forces pinochistes soutenues par l’armée américaine. Suite au coup d’État d’Augusto Pinochet contre Salvador Allende, le 11 septembre 1973, les militants du MIR sont pourchassés, voir-même décapités. Certains, comme les parents Garrido, contraints à l’exil forcé.

Une insulte révélatrice d’une extrême droite en roue libre

Accuser les parents de l’avocate proche de la France insoumise d’avoir déclenché un coup d’État qu’ils ont combattu est donc répugnant. D’une bassesse sans nom. Mais cette attaque est sans nul doute révélatrice du climat actuel de zemmourisation médiatique. Le même Jean Messiha en a rajouté une couche ce 27 janvier en interpelant Raquel Garrido sur Twitter : « Au fait Raquel t’as pas un mot pour le souvenir de la libération du camp d’#Auschwitz ? Ou bien t’as peur que ton électorat islamo-gauchiste te le reproche ? ». Un individu qui fait donc de la finesse sa marque de fabrique. Les cons ça ose décidément tout.

Jean-Luc Mélenchon a répondu au chroniqueur à l’occasion d’une conférence de presse de présentation des cahiers de l’Avenir en commun : « Que Monsieur Messiha ait le culot de dire à Raquel Garrido que ses parents, faisant parti de la gauche révolutionnaire, seraient à l’origine du pustch de Pinochet, c’est à peu près la même chose que si on disait que les résistants en France ont provoqué le régime de Pétain. Comment en-est on rendu en France à dire des choses pareilles. Même quand on était de droite dans le passé en France, on ne crachait pas sur les morts qui ont affronté Pinochet. C’est quelque chose de gravissime. »

Le 21 janvier, la porte parole de Génération Identitaire tenait des propos ouvertement raciste en direct à la télévision deux jours après une nouvelle provocation du groupuscule d’extrême droite à la frontière franco-espagnole. Le 29 octobre dernier, un militant arborant un tee-shirt Génération Identitaire a été abattu par la police à Avignon après avoir menacé un commerçant d’origine maghrébine avec une arme à feu. Le même jour, des militants d’Action Française déployaient une banderole : « Décapitons la République » sur la Place de la Concorde, en plein Paris. L’insoumission vous révélait il y a quelques jours, que des militants d’extrême droite s’arment pour reconstituer les milices d’Hitler. L’extrême droite menace la République. Face à leur réécriture historique, il est temps de se faire entendre. Résistance.

Par Pierre Joigneaux.